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EAN : 9791037505903
192 pages
Les Arènes (24/03/2022)
4.05/5   71 notes
Résumé :
Une mise au point historique consacrée au spectacle du parc d'attractions du Puy du Fou présentant une histoire de France romancée, réinventée et erronée. Les auteurs passent au crible les erreurs historiques et les biais politiques présents dans ce divertissement. Le tout au service d'une propagande diffuse qu'il s'agit de repérer si on veut la combattre.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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22/03/2022 - StreetPress - Par Lucas Chedeville
Si un élève reprend ça en cours, il aura une mauvaise note
« le Puy du Fou a un discours anti-moderne, anti-Lumières et contre-révolutionnaire »
Quatre historiens, Florian Besson, Mathilde Larrère, Guillaume Lancereau et Pauline Ducret, ont étudié le Puy du Fou, le parc de Philippe de Villiers. Bilan : on s'amuse bien, mais d'un point de vue historique, c'est du grand n'importe quoi.
Les auteurs le reconnaissent volontiers, pour ce travail, ils ont eu « des étoiles pleins les yeux et le cerveau qui bugge ». Trois jours durant, Florian Besson, Mathilde Larrère, Guillaume Lancereau et Pauline Ducret, historiens et historiennes travaillant chacun sur une période historique distincte, ont arpenté les allées du Puy du Fou et assistés aux spectacles grandioses imaginés par l'homme politique réactionnaire Philippe de Villiers et ses équipes.
De ce travail ressort un livre, le Puy du Faux, enquête sur un parc qui déforme l'histoire, à paraître ce jeudi 24 mars aux éditions Les Arènes. Dans lequel les auteurs dénoncent les erreurs historiques, les contre-vérités et une vision de l'histoire réactionnaire, identitaire, ultra-catholique, anti-universaliste et anti-républicaine du parc. On a donc discuté avec Mathilde Larrère, spécialiste du 19e siècle, et Guillaume Lancereau, spécialiste de la Révolution française.
D'où est venue l'idée de travailler sur le Puy du Fou ?
Mathilde Larrère (ML) : L'idée de Florian Besson était de faire un livre qui traitait de l'usage public du passé. Ce qui a beaucoup été écrit sur le Puy du Fou, c'est ce qui concerne son traitement de la Révolution française, plus spécifiquement de la contre-révolution. En revanche, rien n'a été analysé sur le traitement des autres périodes, or le Puy du Fou couvre un arc chronologique très vaste, des romains jusqu'à la guerre de 14-18, voire dans le spectacle final quelques bouts sur la Libération.
Guillaume Lancereau (GL) : J'ai fait ma thèse sur l'historiographie de la Révolution française, la manière dont on utilise l'histoire à des fins politiques, quels sont les enjeux politiques de cette mobilisation de l'histoire. Et donc il y avait un intérêt assez évident à travailler sur un avatar contemporain de cette manière de faire. D'autant plus que l'histoire de la Révolution est une période qui est particulièrement utilisée au Puy du Fou. L'idée était de réfléchir à travers ce livre à la dimension potentiellement périlleuse pour l'histoire et pour la politique des manières non contrôlées ou trop intéressées de faire vivre l'histoire.
Vous écrivez que la vision de l'Histoire présentée au Puy du Fou participe à une bataille culturelle menée par l'extrême droite. Pouvez-vous détailler ?
ML : Il y a, au Puy du Fou, l'idée d'une France éternelle qui n'aurait jamais bougé, une France catholique. Une idée qu'on peut retrouver chez De Villiers et Zemmour. Il y a dans les spectacles ou dans les décors des instrumentalisations, des erreurs et des travestissements historiques. C'est un discours qui valorise la royauté, l'aristocratie française, le catholicisme. Et qui, par ailleurs, est peu républicain, excluant des étrangers, et laisse peu de place aux femmes.
GL : La vision de l'histoire qui est proposée est très favorable au catholicisme, très conservatrice, traditionaliste sur les rapports de genre. Une lecture qui idéalise la nation française, le peuple français qui aurait toujours été identitaire à travers les âges. On retrouve les ingrédients d'un discours antimoderne, anti-Lumières, contre-révolutionnaire, anti-intellectualiste. Ce sont des discours qu'on trouvait déjà dans la droite conservatrice contre-révolutionnaire catholique de la fin XIXe siècle et dans le discours anti-intellectualiste des anti-dreyfusard.
La construction du roman national au Puy du Fou va jusqu'aux animaux présentés dans le parc…
GL : Il y a cette idée de conservatoire des races anciennes, le parc serait une sorte de refuge pour ces races (vaches, volailles, ânes) qui sont en fait totalement fantasmées, elles ont été inventées assez tardivement en réalité. Il y a un phénomène qu'on appelle l'invention de la tradition chez les historiens, je crois que le concept est assez parlant. On invente une tradition en disant qu'il y a des choses qui ont existé de tout temps alors qu'en réalité ce sont des re-créations relativement récentes et qui permettent de créer une fausse continuité entre des phénomènes historiques.
En plus des erreurs historiques, des périodes de l'histoire sont absentes du parc.
ML : Sur la période du XIXème siècle notamment, tout le mouvement ouvrier est complètement absent. En même temps, les autorités républicaines sont moquées, parce qu'elles sont soit complètement saoules, soit inefficaces. Il y a une critique très nette de la République, et en même temps une absence totale de réflexion sur cette modernité de la fin du siècle qui est juste présente sous la forme d'un vélo qui rouille dans un coin du village 1900. Mais la modernité sociale, le féminisme, le mouvement ouvrier, la politisation des classes populaires, tout ça est absolument absent.
Le parc se défend régulièrement de ces erreurs, contre-vérités et absences en disant que le but n'est pas d'instruire mais de présenter un divertissement. Qu'en dites-vous ?
ML : C'est souvent comme ça qu'ils répondent aux critiques qui peuvent être faites, par des visiteurs sur TripAdvisor ou dans les médias. Mais dans beaucoup d'interviews, De Villiers, lui, assume le fait que c'est de l'histoire. le slogan du parc sur les affiches dans le métro c'est : « L'histoire vous attend ». Par ailleurs dans le parc, à aucun endroit il est indiqué : « Attention ce que vous allez voir est de la fiction ». Et, pire, dans les boutiques sont proposés des supports pédagogiques à destination des enfants qui reprennent les mêmes erreurs. On cite dans le livre le support sur les Romains, qui indique par exemple que César était empereur au moment d'envahir la Gaule, alors que c'est faux ! Si un élève reprend ça en cours il aura une mauvaise note.
Vous vous interrogez sur ce que les spectateurs retiennent de ces spectacles.
GL : Si on connaît un peu l'histoire de France quand on est Français, on peut à peu près se repérer. Mais qu'est-ce que les visiteurs étrangers retirent de spectacles qui sont aussi peu pédagogiques. Vous êtes plongés dans des schémas narratifs simples, qui marchent je pense, qui captent l'attention du public : il y a le blanc, le noir, les gentils, les méchants. On parle d'une histoire rassurante, il y a une volonté de surtout ne pas bousculer des représentations déjà structurées, notamment par l'école. le discours n'est pas là pour instruire, pour surprendre, pour faire voir les choses sous un nouvel angle, il est là pour confirmer des idées reçues en permanence, et avec des récits qui suivent la trame narrative classique qu'on connaît.
À la fin du livre, vous vous amusez à imaginer des spectacles qui colleraient davantage à l'histoire. Peut-on envisager un contre-Puy du Fou ?
ML : Effectivement, il y a la possibilité – pas forcément de faire un contre-Puy du Fou – mais de faire un parc avec des spectacles et des décors, parce que c'est très réussi et très jouissif. Mais un parc qui transmette des connaissances scientifiquement établies et qui permettent de comprendre les sociétés du passé et les régimes du passé, qui ne soit pas au service d'une lecture à la fois erronée et politiquement orientée de ce passé.
GL : Il y avait la volonté de ne pas critiquer sans rien proposer. On trouvait ça assez divertissant de se dire ce qu'on ferait si on avait les moyens du Puy du Fou. Moi ça m'intéressait surtout de sortir du carcan nationaliste, en proposant un spectacle qui contiendrait les circulations transculturelles et géographiques au tout début de la modernité. C'était sur le premier russe converti à l'islam qui est parti en Perse, en Inde. C'est une manière aussi de montrer que les identités culturelles et religieuses pouvaient être beaucoup moins fixes que l'on se l'imagine et que la version proposée par le Puy du Fou.


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Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce livre fait parler de lui. Depuis quelques semaines, mes fils d'actualité font apparaître des articles - souvent très critiques, pas toujours très approfondis - sur la sortie de ce livre co-rédigés par 4 historiens/historiennes. Il n'y a qu'à consulter la page de la Fnac pour constater que la guerre fait rage autour de cet ouvrage : autant de critiques très négatives que de critiques élogieuses, autant d'avis favorables et défavorables sur chacune des critiques... L'objet de toutes ces polémiques : le parc du Puy du Fou. Célèbre parc situé en Vendée, accueillant quelques 2 millions de visiteurs chaque année, cela fait déjà plusieurs années qu'il est régulièrement la cible de critiques de la part des historiens qui dénoncent une vision biaisée de l'Histoire, vision très largement impulsée par le créateur du parc, Philippe de Villiers.

Avant toute chose, je tiens à préciser que j'apprécie énormément ce parc. Ce qui a donné lieu à quelques joutes verbales avec mon conjoint qui, historien d'études, a également un regard critique sur le parc. Comme beaucoup de personnes, je ne comprenais pas ce qu'on venait reprocher au Puy du Fou : à mon sens, il s'agit principalement d'un parc de divertissement, pas un parc de reconstitution historique. Mes souvenirs des spectacles se résumaient purement à un aspect "divertissement" et à aucun moment je n'ai pensé que ce que je voyais était historiquement avérée. Et je le pense toujours.

Malgré cela, j'étais très intéressée par la lecture de ce livre. D'une part parce que j'estime que pour en faire une critique, il faut en avoir pris connaissance, et d'autre part car je me demandais : mais que diable ont-ils contre le parc ? (et puis, un peu de prise de recul et de remise en question ne fait de mal à personne).

Le livre est bien construit : chaque chapitre aborde une thématique étudiée par les auteurs : la place des femmes, de la religion, du roi...Les auteurs ont réalisé un travail assez minutieux et documenté : chaque fin de chapitre indique les sources sur lesquelles ils ont appuyé leurs travaux (un vrai travail de scientifique universitaire). le but n'est pas de montrer chacune des incohérences et des anachronismes du parc (et il y en a...), mais surtout de montrer que, de manière plus au moins subliminal, le parc fait transparaître une vision très biaisée (comprendre phallocrate/royaliste/catholique) de l'Histoire de France. Les auteurs dénoncent ainsi que sous couvert de divertissement, le parc participe à diffuser un message politique clairement orienté : les révolutionnaires républicains passant pour des brutes sanguinaires, le roi Louis XVI qui passe pour un martyr, les chrétiens romains jetés aux lions, la conversion des méchants vikings à la foi catholique..

Au terme de ma lecture, je dois donc bien admettre qu'en effet, quand on met bout à bout autant d'éléments, on ne peut que reconnaître la vision biaisée qui est donnée dans le parc. Mais je m'interroge malgré tout sur un point qui, à mon sens, manque au livre : quelle perception en ont vraiment les spectateurs une fois qu'ils sortent du parc ? ont-ils vraiment eu conscience de cette vision orientée ? ou sont-ils plutôt repartis avec comme souvenirs de superbes courses de chars, de palpitants combats, de la féerie d'une multitude d'oiseaux en plein vol... ? (ce qui était clairement mon cas). J'aurais aimé que le livre aille plus loin là-dessus et ne se contente pas de donner une "vision d'historien".

Au final, j'en retiens que les auteurs ne cherchent pas à empêcher les gens d'aller au parc mais plutôt de donner les clés aux lecteurs pour ne pas tout prendre pour argent comptant et de prendre la distance nécessaire avec ce qui nous est raconté. Dans l'épilogue, les 4 historiens se sont même prêtes au jeu d'imaginer des spectacles mêlant véracité historique et divertissement. de quoi donner des idées pour les prochains spectacles ? (on peut toujours rêver...).
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J'ai un avis mitigé quant à la pertinence de ce bouquin.
En effet personne n'est assez naïf pour penser que la rigueur historique soit la priorité de Ph. De Villiers au Puy-du-Fou. Il est certain que l'image d'Épinal, la France poussiéreuse, manichéenne et figée que De Villiers montre là-bas n'existe que dans la tête de quelques traditionalistes de droite. Il est évident que ce parc d'attraction n'est qu'une entreprise à faire du fric comme le sont Mickey-Land et compagnie (p. 142 : L'esprit nationaliste s'arrête souvent où commencent les intérêts commerciaux). Il est clair que nous sommes ici, comme chez S. Bern, L. Deutsch ou C. Bravo dans la société du spectacle ; Or l'Histoire est une science, une science humaine certes, et donc sujette à nuances et à interprétations, mais une science avec ses techniques, sa rigueur et ses autorités. Alors pourquoi sept chapitres pour nous dire ces lieux-communs, quand cela peut tenir en quatre phrases ? le positif dans ces chapitres c'est, néanmoins, à la fin de chacun d'eux, le paragraphe intitulé « Pour en savoir plus » qui liste quelques ouvrages de références.
Là où les deux autrices et les deux auteurs deviennent réellement pertinent.e.s, c'est à la conclusion et plus encore dans l'épilogue, lorsqu'elles et ils proposent plusieurs scénarios possibles, respectant les sources historiques et la pédagogie tout en gardant un aspect spectaculaire. À mon sens, cette partie du livre aurait dû être plus développée au détriment des premiers chapitres, tissés de poncifs et donc d'un moindre intérêt.
Mais bon, ce n'est pas nous qui referons l'Histoire. Allez, salut.
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Je vais me faire l'avocat du diable, mais je trouve cette étude un tantinet réductrice pour le simple spectateur qui sait ce qu'il est venu voir, c'est-à-dire un simple spectacle. Dès lors que le spectateur entre dans un parc d'attraction, il sait qu'il est dans un monde imaginaire dans lequel chacun joue un rôle. Car c'est ce qu'il recherche en entrant dans un parc. Comme il le fait lorsqu'il regarde un film ou lorsqu'il lit un roman.
La couverture peut nous donner un aperçu de l'objectivité de l'étude. Sur fond bleu roi (couleur de la monarchie, tant décriée par ces historiens) on y voit un chevalier agressif (stéréotypé) sur le point d'attaquer. Dès lors, la thèse est lancée (tel un coup d'épée que le chevalier est sur le point d'infliger… à son lecteur ?) il faudra contredire la vision romancée du concepteur du parc. Tous les coups sont-ils permis ? À n'en pas douté car tout y passe.
Je ne reviens pas sur les différents points développés dans l'ouvrage. Ce que je pourrais reprocher aux historiens est de surfer sur l'énorme succès du parc. Comme ils le rappellent très justement, ce parc accueille plusieurs milliers de visiteurs par an. Si donc ce livre fait parler de lui, alors, les bénéfices engendrés peuvent dépasser largement tous les ouvrages d'histoire que pourraient écrire (avec bien plus d'efforts) chacun de ces historiens. Je n'ai d'ailleurs pas trouver à combien s'élève le nombre de ventes de ce livre dans lequel le spectateur est infantilisé et incapable de faire la part entre le réel et l'imaginaire. J'ose espérer qu'il est moins naïf que ce que cet ouvrage tente de le supposer.
Ce parc peut faire penser à ce que fait, depuis 40 ans aussi, la compagnie Ironman pour les sportifs qui souhaiteraient s'immerger dans la peau d'un grand champion. Tout y fait pour rendre cette expérience la plus crédible possible. Drapeau sur le dossard, médaille, public, podium, photographes, tout y est. Et on y croit ! Or nous savons tous que tout n'est que mise en scène et que nous ne sommes des champions que pour nos proches et que l'exploit que nous avons accompli n'en est pas vraiment un, que nous n'aurons nulle part notre nom sur un quelconque journal.
Il en est de même pour le parc du Puy du fou. le spectateur, quelque soit son niveau d'étude ou sa crédulité en histoire, endosse, en entrant, un habit et évolue dans un univers imaginaire. Cet univers est fait des stéréotypes de notre histoire nationale. Et tant pis cet univers est imparfait car l'objectif n'est pas de donner une leçon d'histoire mais de provoquer l'émerveillement.
En dernière lecture, les auteurs de l'ouvrage proposent eux aussi un parc qui correspondrait à leurs attentes. Puisque leur principale obsession est de relever les moindres erreurs historiques (en effet, Clovis n'a pas connu la caroline) alors rappelons que Suger n'a jamais pu écrire en français (p.166) car ce dernier s'est imposé que bien plus tard. Mais nous ne leur en tiendrons pas rigueur.
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Florian Besson et alii ont parfaitement raison quand ils reprochent à Monsieur de Villiers les nombreuses erreurs qui émaillent les différents spectacles composant la scénographie du Puy du Fou, qui ne présente pas la moindre valeur historique, pas plus que des films comme Gladiator. Il ne s'agit que d'un spectacle qui recherche le sensationnel.
Je suis plus partagé quand ils lui reprochent les orientations politiques qui transparaissent dans ledit spectacle. Villiers est catholique traditionaliste de sensibilité monarchiste. C'est son droit, ainsi que de soutenir une thèse historique conforme à ses orientations à travers son parc. Des historiens reconnus en ont fait autant, tel Claude Quetel dans son "Crois ou meurs". Mais, comme dit plus haut, on peut et doit lui reprocher de la soutenir avec des contre-vérités manifestes qu'il faut dénoncer, même si cela ne servira sans doute pas à grand chose. Les critiques érudites n'ont découragé personne d'aller voir Gladiator ou de lire les inepties de Dan Brown avec le fameux argument (dépourvu de sens) que "ce n'est que du spectacle.
Mais les auteurs du livre sont les premiers (et je le répète, c'est leur droits le plus strict) à soutenir une thèse historique précise, proche de la culture woke: théorie du genre, réévaluations excessives (et parfois contre-factuelle) du rôle des minorités ethniques, religieuses non chrétiennes dans l'histoire de France, influences du néo -feminisme, négation du rôle fondateur de la religion chrétienne..Dans ce dernier domaine, j'ai d'ailleurs relevé une erreur qui m'a surpris au sujet d'usages sexués de la faucille et de la faux : contrairement à ce que disent les auteurs, la faucille était employée aussi bien par les hommes que par les femmes (voir l'iconographie d'époque et, par exemple,les écrits de Braudel, bien qu'il ait été un mâle blanc cisgenre.. :) ) et la différence entre ces deux outils résidait dans leur usage, la faucille étant plutôt employée pour la moisson pour des raisons techniques et la faux pour la fenaison.
Comme un certain nombre d'historiens contemporains (pas tous) les auteurs se posent en de constructeurs du roman national, par eux défini comme idéologique; ils n'ont pas tort mais leur contre -recit l'est tout autant.
On connaît la formule de Clemenceau sur l'histoire de France : ,"je prends tout, du Baptême de Clovis au Comité de Salut Public"
Elle est bonne à méditer
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critiques presse (1)
Telerama
18 avril 2022
Éblouis par des spectacles grandioses, ils n’en relèvent pas moins quantité d’erreurs, d’anachronismes, d’approximations, de contre-vérités. Mais le véritable problème réside dans l’idéologie sous-jacente qui irrigue tous les siècles traversés.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
(...) aucune autre religion n'est jamais mentionnée dans le parc. Pourtant, à toutes les époques, il y a eu sur le territoire français des juifs et des musulmans, qui ont participé aux conflits et aux constructions, qui ont commercé ou écrit, qui ont pratiqué leurs religions, nous laissant des sources - textes et images, objets et lieux de culte. Cette réalité-là, de plus en plus étudiée par les historiens, les historiennes et les archéologues, n'apparaît jamais au Puy du Fou. Pas un mot non plus du protestantisme. C'est d'autant plus problématique que la Vendée en général, et la région du Puy du Fou en particulier, fut aussi une terre protestante. Aux XVIe et XVIIe siècles, la réforme s'étend dans le Bas-Poitou, qui englobe l'actuel département de la Vendée, touchant à la fois la paysannerie et la noblesse. La présence protestante dans la région subit de plein fouet les effets de la révocation de l'Edit de Nantes en 1685 et, après de très sévères dragonnades, le nombre de protestants s'effondre. Il reste quelques foyers de protestantisme, mais les protestants du Poitou sont doublement victimes des guerres de Vendée, suspects car vendéens pour les républicains, suspects car protestants pour les Vendéens.
(p. 139)
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Le roman national se compose d'images, de lieux, de personnages. Il s'est forgé peu à peu, en particulier au XIXe siècle, notamment par l'école de la IIIe République : le célèbre manuel d'Histoire de Lavisse, publié pour la première fois en 1884 et à plusieurs reprises réédité, est souvent considéré comme la 'Bible' du roman national. En utilisant les grandes figures historiques (essentiellement masculines, presque toujours guerrières, systématiquement blanches), en racontant les grandes victoires, en insistant sur la continuité d'une 'nation française' existant depuis les Gaulois, il s'agissait alors explicitement de 'faire aimer la France' aux écoliers.
(...)
Depuis les années 2000, on assiste à une véritable résurgence du roman national, portée par des 'historiens de garde' qui n'ont d'historiens que le nom et qui, le plus souvent, se servent de ces vieux clichés historiques pour diffuser des messages politiques très marqués à droite.
(...)
Pour les historiens et les historiennes, le plus problématique, dans le roman national, ce n'est pas qu'il soit national : c'est qu'il s'agisse d'un roman, autrement dit d'une fiction. Pour le dire autrement, ces images sans cesse mises en avant sont certes familières, et donc dotées d'une force de séduction considérable, mais elles n'en sont pas moins fausses. Or (...) la Puy du Fou entretient un rapport pour le moins ambigu, et finalement très dérangeant, avec le vrai et le faux.
(p. 34-36)
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Pour produire cet effet de proximité propice à l'identification, les concepteurs des spectacles n'hésitent pas à mobiliser les clichés historiques les plus éculés, forçant certains traits (déjà discutables) jusqu'à la caricature. (...)
Autre élément caractéristique du Puy du Fou : les méchants sont vraiment très, très méchants, sans aucun doute possible. (...) Les vikings, semblables à des créatures démoniaques, sont barbus, hirsutes, habillés de peaux de bêtes et arborent bien sûr leurs fameux (et totalement imaginaires) casques à cornes, tandis que les bons Francs sont glabres et bien proprets.
(p. 70)
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De Clovis aux tranchées de 1914, en passant par le roi Arthur et les jeux du cirque romain, le Puy du Fou ne cesse de faire l'apologie du christianisme. La religion est omniprésente, et elle est presque systématiquement reliée à des visions nationalistes : ce qui est mis en scène, c'est une France chrétienne éternelle - et tant pis s'il faut, pour cela, tricher avec l'histoire.
(p. 129)
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p.147.
D'ailleurs, la fleur de Lys est, aujourd'hui encore, le symbole de la ville de Florence. La petite description botanique permet ainsi d'établir une continuité, ne serait-ce qu'à travers une fleur, entre les premiers rois du pays (" les fils de Clovis ") et la reine de la fin du XVIe siècle. En psychologie, c'est ce que l'on appellerait profiter du biais de répétition : l'esprit humain ayant tendance à confondre familiarité (fréquence) et vérité, on martèle la même idée, sous des formes variées, afin qu'elle finisse par sembler évidente et passe donc pour un fait avéré.
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Videos de Florian Besson (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Florian Besson
Présentation croisée avec Florian Besson pour Les Seigneurs de la Terre sainte. Pratiques du pouvoir en Orient latin (1097-1230), Classiques Garnier et Daniel Baloup pour La Reconquête. Un projet politique entre chrétienté et Islam, Armand Colin.


La librairie Ombres Blanches et le laboratoire FRAMESPA vous invitent à un regard croisé sur 2 frontières de la chrétienté médiévale: l'Orient latin et la Péninsule ibérique. Pour le sens commun, ces 2 espaces renvoient immanquablement à la croisade et à la Reconquête, 2 mots qui raisonnent aujourd'hui dans l'actualité mais qui sont trop souvent essentialisés à des fins idéologiques. Loin de se réduire à une confrontation incessante entre 2 blocs qui ne furent, en réalité, jamais homogènes, ces espaces ont également produit des sociétés métissées et ont suscité des expériences politiques et culturelles hybrides. À l'heure d'une actualité brûlante, il est plus urgent que jamais de réfléchir, dans l'épaisseur du temps, aux modes de coexistence entre sociétés sans pour autant les idéaliser.


Florian Besson est docteur en histoire médiévale. Spécialiste des croisades et des États latins d'Orient. Il travaille également sur les médiévalismes contemporains, notamment dans la fantasy, et sur les réutilisations politiques de l'histoire médiévale.


Daniel Baloup est professeur d'histoire du Moyen Âge à l'université de Toulouse. Ses recherches portent sur les idéologies de la guerre et les pratiques militaires dans la péninsule Ibérique, du 12e au 15esiècle.
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15/01/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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