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Critique de madamelafee


« La maison, c'est la maison de famille c'est pour y mettre les enfants et les hommes, pour les retenir dans un endroit fait pour eux, pour y contenir leur égarement, les distraire de cette humeur d'aventure, de fuite qui est la leur depuis les commencements des âges » Marguerite Duras.

Philippe Besson est l'écrivain des sentiments. Avec ce livre il retrace l'histoire intime et secrète d'une mère de famille qui voit son dernier enfant s'en aller pour aller étudier dans une grande ville. La mère semble bouleversée par ce départ et par l'émancipation de son dernier enfant autant que par une disparition définitive. le roman se déroule sur une journée. L'aller, le studio dans lequel les cartons de Théo sont déchargés. le restaurant où la mère contemple sa famille réunie pour la dernière fois. le retour avec la mélancolie qui surgit et la fin des jours heureux, comment va-t-elle sortir de cette épreuve surtout lorsqu'on n'a pas l'habitude de dire les choses. de son point de vue personne n'est capable de la comprendre. Philippe Besson sait magistralement nous restituer les émotions d'une femme qui est devenue mère et qui le restera pour toujours. C'est surtout un formidable coup de force de la part de l'auteur d'avoir réussi à analyser les émotions d'une mère avec toutes ses contradictions car c'est être à la fois une éducatrice bienveillante, aimante bien sûr, protectrice, attentive avant tout et puis lorsque le dernier enfant vole de ses propres ailes la mère devient invisible. Il y a séparation par conséquent elle doit faire sa vie sans lui alors que jusqu'à présent elle avait fait sa vie autour de lui. Son fils a mobilisé son temps, a souvent mis à rude épreuve sa patience mais elle avait un but dans la vie et à partir de maintenant comment va-t-elle la remplir cette vie. Jeu étonnant de l'effacement après avoir été indispensable et nourricière. Si comme le dit Simone de Beauvoir on ne naît pas femme on le devient, je dirais qu'on ne naît pas mère on le devient. Et puis comment gérer ses émotions lors du départ de son dernier enfant dans une famille où l'on n'exprime pas ses sentiments, où l'on ne dit pas qu'on s'aime, ou l'on n'évoque pas ses souvenirs qu'ils soient bons ou moins bons. le tragique dans cette histoire demeure dans cette impossibilité de dire. La mère mutique, la bouche ouverte veut crier mais aucun son ne sort. Et puis que va devenir son fils sans elle, cette crainte ancestrale et bien présente, la séparation, la fin de la famille, la fin des jours heureux. Les années passent et ne reviennent pas et voilà qu'elle a 50 ans. Comme le dit si bien l'auteur « chaque petite chose du quotidien se transforme en vertige face à l'horizon inconnu qui s'ouvre devant elle ». Un véritable coup de coeur.
Lien : https://leschroniquesdecoco2..
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