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Citations sur La décadence et autres délices (3)

Il se demanda si c’était cela vieillir. La loi du temps lui était révélée, avec ses changements de vitesse sans préparation.; il découvrait que dix ou quinze ans peuvent passer sans vous effleurer et qu’en l’espace d’une minute, ses reptations jusque là invisibles se resserrent et vous étranglent.
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Avant ses scientifiques ou ses hommes politiques, une société a besoin de rêveurs. Et pas n'importe lesquels ! Il nous faut des poètes, des rhapsodes, ceux qui recousent le monde. La science ne parle qu'après.
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Ce jeudi-là, Vladimir Fradel se réveilla d'un sommeil agité. Il grognait, se retournait, sans trouver de position confortable ; il finit par se redresser sur un coude et s'asseoir, les pieds hors du lit. Il porta machinalement les mains à son visage ; tout semblait à sa place. Dans le rêve qu'il venait de quitter, son corps, entendez : toute sa personne, celle d'un beau gaillard de 28 ans, avait été remplacée par une trompe. Une belle trompe, notez bien, ni grincheuse ni enrouée, fringante au contraire, alerte, butineuse, décidée à faire son office de trompe : fureter et avertir.
Il s'ébroua, tentant de se débarrasser de ces images, comme on secoue une chevelure pleine d'eau. Les gouttelettes trompeuses éclaboussèrent la chambre.
Le jour se levait dans une lumière rose qui perçait la grisaille de la nuit. Il se prépara un café, accompagné de la radio, en bruit de fond. Il vivait dans un petit immeuble ouvrier du sud de la ville appartenant à ses grands-parents qui l'avaient élevé. Il travaillait aux halles du nord, chargeait et déchargeait les camions ; ses épaules et ses biceps de lutteur lui facilitaient la tâche. Aux heures d'affluence, il donnait un coup de main à un volailler. Il avait maintenant sa clientèle de petites mères qui ne juraient que par lui et qui insistaient, c'était devenu un rite ou une provocation : «Allez, Vladimir, tâtez-y un peu !», elles le regardaient, rigolardes, enfoncer son pouce dans la cuisse souple des poulets et repartaient, ravies, avec leur volaille chatouillée par le beau gosse.
Pieds nus, les cheveux en bataille, il chercha un bout de chocolat dans le placard. Le jingle des infos de 7 h le sortit de sa torpeur, il augmenta le volume. Un fou furieux avait posé une bombe dans un hôpital de Washington, bilan trente morts et une centaine de blessés. Un convoyeur de fonds s'était évaporé avec onze millions d'euros. Sans menacer personne, il avait fait ça en danseuse, sur la pointe des pieds. Pour sa peine - ou son mérite -, il ne risquait que trois ans de prison. Voilà qui était plutôt réjouissant.
Le message publicitaire pour la vaccination nationale clôtura le journal. La dernière grippe porcine monopolisait une fois de plus l'information. Il coupa la radio et laissa les volutes de Cohen nettoyer la pièce. «...this waltz, this waltz, this waltz, this waltz / with its very own breath of brandy and death...»
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