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Critique de reveline


Cela faisait bien longtemps, en vérité, qu'ouvrant un livre pour en lire les vingt premiers chapitres, je n'avais senti d'emblée se profiler le coup de coeur.
Difficile pour moi de retranscrire par des mots, l'enthousiasme qui fut le mien à la lecture de cet excellent roman de SF.
Peu adepte de ce genre au départ, (ma référence restait 1984 d'Orwell), ce roman dystopique m'a bluffée ! Tant par l'originalité de l'univers, la profondeur des concepts proposés, que par la maitrise indéniable de l'auteure qui tient son histoire d'une main de fer tout en écrivant avec un style quasi-parfait : rythmé, ciselé, drôle et percutant.
Jusqu'à présent, je n'avais lu de L. Beukes que le roman Les Lumineuses. Soyons honnête, si j'avais apprécie ce thriller-spatio-temporel pour son synopsis, le style ne m'avait pas plus impressionnée que le roman ne m'avait transcendé.
D'où mon agréable surprise en entamant ce bijou au style jouissif et irrésistible.
Le premier chapitre (le plus long de tous) pose immédiatement les bases de l'univers en nous plongeant sitôt aux côtés de Zinzi, une animalée, possédant le don de retrouver les objets perdus en suivant les liens lumineux qui relient l'objet à son propriétaire, et de Paresseux, son animal-conscience-culpabilité.
Celles et ceux qui ont lu l'intégrale de l'excellente saga jeunesse À la croisée des mondes (His Dark Materials) (que j'avais adoré il y a quelques années), seront sans doute surpris de rencontrer dans Zoo City, une idée assez similaire au concept d'animal/ âme liée à son propriétaire, utilisée jadis par Philip Pullman. La ressemblance ne s'arrête point là, car les deux auteurs mettent tous deux cette idée de génie au service d'un univers fascinant et l''utilisent comme un outil d'exploration de l'âme humaine, et de ses travers, afin d'interroger les notions de péché, de culpabilité, et de repentir. Mais si l'idée d'un animal-lié à un être humain en tant qu'âme chez Pullmann et en tant qu'incarnation de la culpabilité d'un individu ayant commis un acte répréhensible chez Beukes est identique, Lauren Beukes pousse le concept vers la noirceur la plus absolue, en l'habillant de son propos désenchanté, dans une Afrique du Sud aussi crépusculaire qu'inattendue, où l'auteure laisse libre cours à son imagination débridée pour nous donner à voir l'évolution terrifiante de nos sociétés contemporaines.

Ce qui m'a le plus séduit chez Zinzi, c'est son côté marginale, voire amorale, de bad girl au passé trouble, et à la vanne facile. Cynique en diable, et pourvue d'un sacré punch, Zinzi (qui m'a souvent fait songer à Charley Davidson), porte le roman sur ses épaules. L'intérêt que nous éprouvons pour le personnage ne faiblit jamais, grâce au dévoilement progressif de son passé au fur et à mesure que les pièces du puzzle s'assemblent. Bien que sans foi ni loi, et volontiers cassante, Zee n'en demeure pas moins une héroïne des plus attachantes (attachiante ?), qui m'a ravi plus d'une fois par son caractère affirmé et son sens de la formule qui tue.
Du point de vue des personnages, Zinzi et Paresseux forme un tandem détonnant mais les personnages secondaires qui gravitent autour d'eux apportent chacun leur lot de saveur au roman. Chacun d'entre eux étant des plus atypiques, perturbé, et extravagant.

Cette chronique vous semble par trop élégiaque ? Vous trouvez cela suspect venant de ma part ? Qu'à cela ne tienne ! En chipotant un peu, je peux tout de même vous dénicher quelques points négatifs ici ou là.

1) le roman est très complexe à comprendre et exige une lecture attentive (Mais est-ce vraiment un défaut, toutefois ?).
Je ne le pense pas, bien au contraire. J'avoue que certains passages m'ont semblés un peu nébuleux, mais rien qui handicape la lecture ou entache le plaisir que l'on y prend, rassurez-vous.
2) le roman comporte quelques petites longueurs et souffre de baisses de rythme occasionnelles (Essentiellement dans les inter-chapitres qui alternent avec l'intrigue principale) : extraits de mail, de livres, d'articles de journaux, et de documents d'archives officiels …
3) L'enquête policière n'est pas d'un suspense insoutenable, ne vous attendez pas à du Agatha Christie 2.0 ou vous seriez déçus. Dans Zoo City, l'accent est surtout mis sur l'univers déjanté et les personnages qui ne le sont pas moins, d'ailleurs. Dès lors, la conduite de l'enquête devient prétexte à explorer un monde étrange, ses systèmes de valeurs et ses codes sociaux, comme d'interroger des concepts divers et variés autant philosophiques, sociologiques que culturels.
4) le dénouement de Zoo City est assez surprenant, mais un peu invraisemblable. En outre, une légère lassitude s'installe dans les derniers chapitres. Lesquels s'étirent un peu en longueur, mais la lecture reste agréable. de plus, je n'avais pas du tout deviné comment les différents arcs narratifs allaient s'assembler au final.
Au regard de « ces petites réserves », Zoo City est donc un petit coup de coeur, mais un coup de coeur tout de même.
À découvrir et à faire découvrir.
Je remercie beaucoup Babelio.
Lien : http://ladelyrante.wordpress..
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