Tu fonces, Théodore, et tu réfléchis après. Alors écoute-moi bien. Je suis un homme d'action moi aussi mais j'ai compris depuis belle lurette qu'on avance la tête la première que pour éprouver ses convictions, conforter ses intuitions, se rassurer en un sens. C'est déjà quelque chose, me diras-tu. Sauf que si on fonce trop, on perd pied et il n'y a plus d'intuition qui vaille. Les vérités se dérobent une à une et on reste Gros-Jean comme devant. L'idéal ne précède jamais rien. L'idéal louvoie. Il reste en retrait, à l'affût derrière le courage. Les vraies certitudes arrivent plus tard, Théo. On les guette, on les traque sa vie durant.