Citations sur L'homme qui marche (18)
La joie c'est différent. La joie échappe aux souvenirs, elle est furtive. Elle arrive comme par enchantement. Un regard, une caresse sur un bout de tissu...elle surgit à l'improviste et s'impose comme ça lui chante. Elle enfle d'un coup puis explose et désagrège. Après cela, plus rien. Une frustration, un dépit mais plus vraiment de trace. On ne garde pas de souvenirs de la joie. C'est trop volatil et imprécis. Un vrai truc de myope.
La joie, c'est différent Coublevie. la joie échappe aux souvenirs, elle est furtive. Elle est flou. Elle arrive comme par enchantement. Un regard, une caresse sur un bout de tissu, un parfum... Elle surgit à l'improviste et s'impose comme ça lui chante. Elle enfle d'un coup et puis explose et se désagrège. Après ça, plus rien. Une frustration, un dépit mais plus vraiment de trace. On ne garde pas souvenir de la joie. C'est trop volatil et imprécis. Un vrai truc de myope.
« - La mémoire, c'est un piège. Elle rassemble nos échecs et nos déceptions, elle classe toutes ces misères, elle les accumule dans le foutoir intime, là où ça pourrit sans ordre et sans façon.(...) - La joie, c'est différent, Coublevie. La joie échappe aux souvenirs, elle est furtive. Elle est floue. Elle arrive comme par enchantement. Un regard, une caresse sur un bout de tissu, un parfum... Elle surgit à l'improviste et s'impose comme ça lui chante. Elle enfle d'un coup puis explose et se désagrège. Après ça, plus rien. Une frustration, un dépit mais plus vraiment de trace. On ne garde pas souvenir de la joie. C'est trop volatil et imprécis. »
La mémoire, c'est un piège. Elle rassemble nos échecs et nos déceptions. Elle classe toutes ces misères, elle les accumule dans le foutoir intime, là où ça pourrit sans ordre et sans façon. Crois moi, elle nous fait vraiment souffrir, la mémoire genre élancements dentaux, vieilles caries qui se réveillent....
J'aurai tant aimé le croiser, [...] l'embrasser une dernière fois, lui déballer les trucs qu'on se dit jamais quand on se voit tout le temps et qu'on croit que ça va durer la vie entière. p.160
« Un jour prochain, les limites des anciennes nations ensorcelleront le monde. Les chemins frontaliers, rameuteront ceux qui ne croient plus en rien ; les poètes, les philosophes, les amoureux, les rêveurs des temps nouveaux comme des temps révolus et les gros cons comme moi qui aiment marcher sans mesure leur vie durant. Je ne me lasse pas d'arpenter mon bout de frontière qui file d'un col à l'autre, qui serpente à l'infini entre l'Italie et la France, deux nations maintenant inutiles et désemparées. Les montagnes sont désertes, majestueuses, et comme écartées du monde. Moi je suis bronzé et passé de mode. Je vis entre ciel et terre. Je tente d'oublier les humains. »
Elle glisse le long du mur. Je voudrais dire quelque chose de gentil mais, non, ça sert à rien de réagir. Bilan des corps et des dépouilles, ma Camille, bilan des vies gâchées. Cette fois-ci, vois-tu, on implore tous ta clémence, on voudrait vraiment que tu oublies. Je suis un homme comme les autres et je rêverais que tu pardonnes aux hommes. Pardonne ma Camille… Elle ne répond pas. Je lui dis qu’on s’excuse tous de lui demander pardon… Ca la fait sourire. (…) Elle chuchote encore un truc, qui me vrille, moi, Coublevie, simple chemineau des frontières qui ne comprend rien à la marche du monde.
Le dépôt de Camille s’étale là, devant mes yeux, tout en longueur, parfaitement conforme à sa description. (…)
T’as raison, Camille, ça pue l’esbroufe par ici, la dope et les petits trafics. Il fout la trouille, ton purgatoire ! J’arrache une nouvelle poignée d’orties et laisse brûler. Ça m’enflamme la paume immédiatement. Là, d’un coup, je te crois… Je te crois sur parole. Je sais que tu es venue ici paumée, abusée, seule au monde. Tu voulais finir le boulot en quelque sorte, te punir jusqu’au bout…. Tu avançais là-dedans comme dans un mauvais rêve, ma Camille. Tu poussais la porte en fer et t’enfilais dans l’allée en dégrafant ta jupe. T’espérais boucler la boucle, c’est ca ? Tu voulais épuiser tous les châtiments.
« Les névés fondent peu à peu au soleil de printemps. Il y a des anémones par milliers, des narcisses et des gentianes, des petites fleurs sans tige d'un bleu incroyable, sans parfum, qui dessinent des coulées lumineuses entre les langues de neige. C'est vif, dense, provisoire, d'une fraîcheur et d'une beauté stupéfiantes. (…) Il fait doux sur la Ligne. Au-dessus de moi le ciel est bleu sombre, presque noir, avec quelques nuages dorés annonciateurs de beau temps. En face, dans le névé pentu, un jeune bouquetin fait des cabrioles. J' aperçois deux marmottes guettant sur leur rocher en plein soleil. Elles reniflent sans fin l'air des montagnes. (…) Il y a aussi des ruisselets qui débordent, les tapis de rhoddodendrons en fleur et des papillons grenat qui volettent trente centimètres au-dessus. Ils volettent sans raison sans ordre... Juste pour crâner. Ils volettent mais ils ne vivent pas plus d'un jour, ceux-là, le temps de traverser le monde et de nous épater. Ils sont heureux mais presque déjà morts. Ils s'en fichent. Moi pareil... Je me retire. »
« - T'aimes pas les gens, t'es en parfaite santé et tu penses beaucoup à ta carrière. Moi, c'est l'inverse, je suis passé de mode, j'aime l'amour, je suis malade et je me fiche complètement de l'avenir. »