Elle est conne, ma mère. Elle pense que plus tu cries, plus on t'entend.
Alors que c'est quand tu chuchotes qu'on t'entend le mieux.
[p.126-127]
Ce moment-là, avec ma mère, c'était un moment d'égarement. Quand toute ta vie tu te fais un chemin que tu veux suivre, tu te fais un devoir de rester sur une ligne, c'est ça qui te définit, c'est ça qui fait qui tu es... Pis là, il t'arrive plein de trucs qui font que tu viens... épuisée, genre. Mais vraiment épuisée, je parle. Épuisée comme quand t'as plus du tout de vie en dedans. T'es vidée de ton sang, de ton eau, de tout ce qui fait que tu es toi. T'es tellement vide que t'as juste des organes qui restent en dedans. Ton coeur qui continue de battre rien que pour te narguer, on dirait.
Tu voudrais crever, ce serait reposant, mais non. Il continue de battre, ce salaud, pis chaque battement, ça t'épuise encore plus, c'est de la torture. Tu voudrais supplier, mais t'as personne à supplier. Tu pourrais demander à Dieu d'arrêter de te faire chier, mais ça se saurait s'il répondait aux requêtes, mettons qu'il existe, genre.
[p.118-119]
Tsé quand quelque chose te fait capoter, mais vraiment capoter, que t'étouffes pis que tu finis par vraiment en être malade... comme tantôt un peu... et que quelqu'un à côté essaie de te convaincre que c'est pas grave... Mais pas genre « voyons, pauvre tarte, tu capotes donc ben sur des niaiseries», mais juste par son énergie qui transpire et qui te fait savoir que tout va bien aller. Même si ça chie tout autour, même si tu te fais attaquer de partout, que le monde menace de finir là, là, ou que ton intolérance au lactose pourrait te tuer.
C'est le genre de gars qu'il est. Comme une île déserte où tu t'échoues après une crisse de grosse tempête. Mais avec de la bouffe et de l'eau et tout dessus. [...]
[p.96]
Si c'est pas ça, le bonheur, je sais pas ce que c'est. Si c'est pas ça, le bonheur, j'en veux pas. [p.16]