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Citations sur C'est encore moi qui vous écris (4)

une lettre 1974

De Svetlana - ancienne amie de classe Sans date

Ca m'a fait plaisir de te voir l'autre jour, je m'amuse à voir ce que la vie fait de nous et en quel genre de femme se transforme une jeune lycéenne qu'on a connue quinze ans plus tôt. Je t'ai regardée allumer ta cigarette au briquet "d'une façon nette et cils baissés", comme tu dis dans ton livre, et c'est précisément ce geste-là qui m'a fait sourire de tendresse, en me rappelant ton apparence à l'époque (...) tu avais déjà ton grand sourire chaud et éblouissant, qui te sert de bouclier.

J'étais bien fixée sur le métier que je voulais faire, et toi aussi, je crois bien...Je suppose que cela t'apporte la même chose qu'à moi : une profonde sérénité intérieure, une sorte de Joie, au sens religieux du terme.

C'est vrai qu'on ne peut pas toujours être très "commode" (comme tu disais l'autre jour), quand on a besoin d'exprimer ce que l'on ressent si nettement à l'intérieur de soi. On rencontre malheureusement trop de gens qui attribuent un sale caractère à quelqu'un qui a, tout simplement, besoin d'art et de perfection. Il vaut mieux se foutre du qu'en dira-t-on, si on veut mener les choses à bien. J'ai connu tellement de personnes qui ont raté leur vie, pour être conformes aux idées de leurs milieux ambiants.

Pour ma part les événements m'ont bien construite, et bien préparée : je suis très touchée quand on m'aime, mais ça m'est complètement égal qu'on ne m'aime pas.
J'aime suffisamment ma vie pour aimer la vie. Donc les autres (...)

Tout ça pour te dire que ce n'est pas si facile de ne pas être "commode" (au lycée déjà tu ne l'étais pas), c'est une forme de courage, de conviction intérieure et d'indépendance morale.

(...) A bientôt peut être ou...aux hasards de la vie, du temps qu'elle nous donnera.

Svetlana
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une lettre

De Laszlo S - Lecteur 10 Janvier 1974
(Allemagne Fédérale)

Raphael, j'ai réussi moi aussi de loger quelqu'un sous mon abat-jour (1) - car nous les deux : "la jeune fille" en silence et moi-même nous passons des vacances; des pleines lunes aux mimosas, aux arbres lourdes d'oranges, et surtout une noce toujour fervant avec le soleil.
Pour moi tu n'est pas seulement la jeune fille aux yeux ardant, qui s'ouvre sur ce monde, mais bien plus. Tu es la preuve indiscutable que j'ai raté ma vie. Car jai pas encore habiter dans une grande maison de campagne "vitre" avec quelquuun qui m'evit avec l'amourour jusqu'a ne plus pouvoir qu'ouvrire en même temps des portes et s'élancer dans les bras les uns des autres.
Pourtant la grande maison que jai construit, sur la côte en Allemagne -et récemment en Hongrie. C'est ma maison en Hajduszoboszlo qui ressemble le plus a ta description : vitre en petites et doubles careaux - envahi par les roses et du resin, a deja une vie, une ame, une corps.
Mais qui seront les autres dans cette maison. Trouverai j'enfin la ba ma femme ? Car sensible comme tu l'es (je suis intransigant...) peut-être serais j' condamner de roder comme le solitaire dans les forets, de bivouaquer par si par la - en cherchant l'eau pur. Dans ta livre, Raphael, j'ai trouver de qua soullager ma soif - et de compensation pour ce que jai croyer inexistent : perdu...
Ecris-moi en Allemagne si tu le desir. Car Helas le vagabondage ne connaîs pas des fins; des buts, ca continu : c'est tout.

Laslo

(1) titre du chapitre 1 de "jeune fille en silence"
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Lettre Jean Marc Robert 28 Décembre 2008

Ma Belle,

Je continuerai toute ma vie à t'appeler ainsi.

Bien sûr (et heureusement), je n'ai pas encore tout lu.
Je ne résiste pourtant pas à t'envoyer ces quelques lignes.

J'ai commencé hier soir à découvrir "l'extrême objet" : 1968, 69, 70, 71 jusqu'à la publication de "jeune fille en silence". Me suis couché dans un étant d'excitation terrible, cherchant en vain une sensation comparable dans ma vieille histoire avec les manuscrits (35ans!). Pas trouvé. Ni la sensation ni le sommeil. Alors, je me suis (re)levé. Direction la table de la cuisine. Dans mon cartable, ton manuscrit ne dormait pas non plus. Re passé deux avec lui, peut-être un peu plus. Suis allé jusqu'à l'Interallié, 76 donc.

"C'est encore moi qui vous écris", ma belle Marie, est, sera, un livre inimaginable. Le plus romanesque, le plus singulier de ton oeuvre. Sa force, son éclat, sa lumière, son étrange modestie, son ardeur et son innocence en font un texte plus unique encore que ce que tu étais en droit d'éspérer. Un texte universel. Jamais ton lecteur ne s'est senti indiscret, jamais largué non plus.(...)

Comme la journée va me paraître longue avant de reprendre ce soir le cours du récit. J'ai ainsi bloqué la matinée de demain, trop impatient d'atteindre les 20 premières années.

Un auteur m'a-t-il jamais fait un aussi beau cadeau ? Et une telle confiance. Je t'embrasse de tout mon coeur.
Ton frère ravie et comblé

Jean Marc

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Une lettre de Paul Guibert date : dans le temps

...Vous êtes survenue à un instant de vacance complète où, sans travail ni application, toutes les présomptions m'étaient offertes. Jamais un tel flux d'analyse ne m'avait envahi. J'ai donc parlé à n'en plus finir, (...) Il vous est arrivé de vous étonner de mes confidences, puis d'imaginer qu'elles avaient d'autres destinataires. Je vous répondrais que non, j'avais raison. Sans doute l'anecdote, l'évènement étaient-ils connus ailleurs, avaient-ils été rapportés avant que vous n'existiez (...) L'ensemble, la valeur, la signification que j'y mettais, je vous le redis, sont, exclusivement, le pur fruit de notre rencontre. S'il y a mille raisons, ou plutôt mille motifs de s'accorder, l'accordance se fait selon une composition particulière, originale. Et c'est tel filon de la mine, plus que tel autre, qui se trouve en chantier, d'un coup. Regardez vous vous-même et vous comprendrez.

Retrouvant ou croyant retrouver ma totalité, j'envisageais donc -excusez ce langage diplomatique - de traiter avec vous comme je n'avais jamais fait. C'est à dire de simplifier ma vie, ...

Vous m'aviez pris par la main au printemps précédent pour m'apprendre moi-même à votre enseigne, et m'émerveiller de ce que je pouvais être et qui -étais ce bien, était ce mal - restait enterré.

Appelons névrose ce qui s'ensuit, et dont il faudra bien que je sorte un jour, un autre. Que s'écroule, je vous ai dit, ce "haut pignon" dans les arbres. Faute de quoi, je vous dis, toute couleur est pervertie.

Et pour commencer le calendrier. J'avais pour points de repères, les fêtes et les saisons. Toujours refusées depuis des temps que je ne compte plus(...) je m'ingéniais à nier la verdeur qui revenait aux arbres la poussée des légumineux, l'accomplissement de Pâques. Dans ce cadre, à chacun de ces accidents, je réussissais, certes, une figuration admirable. Qui trompa tout le monde (...) qui me regardent comme une bête compétente en matière d'agriculture et de religion.

Et il vrai que j'aime les arbres et les chants d'église aux jours de fêtes. Que je les aime d'avoir remis à plus tard de les aimer et de m'être entendu dire que je les aimais. (...) Que j'étais prêt à retrouver ces merveilles, à me délivrer des obstacles que j'y ai mis, à ressavoir, à raimer, ou à apprendre tout simplement, mais très vite alors (...) Est-ce pas clair ?

Alors je découvre comment c'est vous qui m'apprenez ... (...) et que je m'épouvante une seconde fois de voir disparaître, faute de prendre, faute d'oser.
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