AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de GeraldineB


" La mort n'existe pas. Il n'y a que la vie qui cesse. le mal que font tous les autres discours. "

Wen est morte le 9 novembre 2012. Depuis 48 ans, c'est elle qui partageait et agrandissait la vie de Jean-François Billeter. En mourant, Wen a emporté la complicité, l'écoute, la compréhension, la douce banalité du quotidien.
"21 septembre: Puis-je être heureux sans Wen? Il manque le rire".

Mais la mort peut-elle réellement mettre fin à 48 ans d'une histoire qui s'est écrite à deux? Serait-ce si radical? "Une autre Aurélia" ( titre en hommage à Gérard de Nerval ) est un journal de deuil simple et poignant. D'abord tenu au jour le jour, il se distend pour se terminer 4 ans plus tard, une fois la paix du coeur revenue. Lent cheminement d'un homme face à l'absence physique de celle qui l'aimait et qui le complétait si bien, il ouvre le lecteur à ses propres émotions et à une riche réflexion sur la vie à deux. Car, bien sûr, il y eut beaucoup de moments heureux au long de toutes ces années, mais il y eut aussi des manquements et des regrets, des voyages qu'ils s'étaient promis et qu'ils ne firent jamais. C'est aussi cela la mort de l'autre, un infini de possibles qui soudain se referme et disparaît. Cette absence définitive, pas d'autre choix que de l'accepter, voir de la sublimer au risque de faire le lit du désespoir ou de la folie.
"5 mars: Deuil? Non. Il s'agit du passage d'un bonheur à un autre - de celui de vivre avec Wen à celui d'avoir vécu avec elle. Passage agité, il est vrai. Une tourmente éprouvante."

Mais parce que l'autre qui nous accompagne ne vit pas seulement à côté de nous mais aussi à l'intérieur de nous, il est possible de lui garder une place. Accueillir en douceur les souvenirs, les émotions et les larmes.
"15 novembre: Pleuré un moment; Pourvu que cela dure à l'avenir."

Le temps travaille à estomper le plus intime, ce que les photographies ne nous rendront jamais, le parfum de la peau, le son de la voix.
" 24 décembre: A certains moments, je souffre doublement: de son absence et de l'absence du souvenir. "
Ces effacements sont du chagrin qui s'ajoute au chagrin. Alors, parfois, s'accorder un instant de présent pur.
" Il me faudrait de temps à autre un jour sans mémoire ".
Commenter  J’apprécie          7010



Ont apprécié cette critique (68)voir plus




{* *}