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Critique de umezzu


umezzu
04 décembre 2017
Agrippé à la coque d'un petit bateau de pêche en Méditerranée, attendant un improbable salut, le narrateur se remémore sa dernière discussion avec son père, qui lui a sorti comme une pique : « toi, tu n'es pas un vrai pied-noir ». Ces longues minutes ballotté par les flots sont alors l'occasion de se remémorer l'histoire de sa famille, à commencer par le père, Manuel Cortes, fils d'aubergiste espagnol installé à Sidi Bel- Abbés.

Porté par une belle écriture, qui m'a un peu fait peur au début, car très dense, ce récit est l'occasion de revoir succinctement l'arrivée des colons en Algérie. La présence européenne en Algérie n'était pas uniforme, mais liée à autant de contextes d'arrivée distincts. La hiérarchie sociale était figée, entre colons français, officiers de la légion, pauvres espagnols, juifs présents depuis quelque temps et tribus locales classés en un tout unique : l'indigène.

Manuel va commencer ses études dans l'entre deux guerres, en ne comprenant que de façon très lointaine les oppositions politique. Lui se veut communiste, au grand dam de sa famille. Cela ne l'empêchera pas en 1942 de s'engager médecin auxiliaire dans l'Armée française d'Afrique et de combattre en Italie, puis dans les Vosges avec les tabors marocains. La progression des tabors, leur mode de fonctionnement, la gestion de ces troupes, sont remarquablement décrits par Blas de Roblès.

A son retour en Algérie, après guerre, Manuel reprend ses études et devient chirurgien. Malgré son dévouement à toutes les populations, même lui perçoit la montée des tensions, et pressent la fin de la période coloniale.
L'arrivée en métropole en catastrophe est synonyme de déchéance sociale et d'incompréhension pour celui qui avait combattu pour la libération de ce même peuple français.

Au prétexte d'une saga familiale, Blas de Roblès signe un témoignage d'une partie de l'histoire du vingtième siècle. Une période charnière, celle de la décolonisation, qui reste chargée d'amertume dans les deux camps, comme il le rappelle dans son épilogue.

Ce roman a de la densité et une belle habilité à introduire les personnages et leur psychologie. Il présente d'une façon assez équilibrée les enjeux de chacune des parties à ce conflit, en partant des conséquences pour cette famille d'origine espagnole, dont les membres ont percé grâce à la promotion républicaine.
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