Quelle plume pourrait décrire les sentiments qui luttèrent alors dans mon cœur ? Je passais presque au même instant de la plus folle exaltation à un abattement extrême.
Ceci est mon testament. Dans quelques jours, je ne serai plus. J'aurais mis un terme à ma triste destinée. Mais je rédige ces lignes dans la plénitude de mes facultés et j'affirme sur l'honneur que les étranges événements dont j'ai été le témoin se sont déroulés exactement comme je m’apprête à le rapporter.
Je ne dirai point l’émotion que je ressentis quand je foulai le sol de ma patrie, mais mon visage parlait pour moi, du moins je le suppose, car je fus l’objet, pendant les premiers jours de mon voyage, de mille délicates attentions de la part des hôteliers et des maîtres de poste aussi bien que de ces gens, artisans, étudiants, ou bourgeoises endimanchées qu’on coudoie, d’ordinaire, dans les diligences.