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Citations sur Rêves de trappeur (13)

En fait, le silence est précieux, car, loin de nous couper l'un de l'autre, il nous permet d'être réceptifs ensemble à ce qui nous entoure. Rock et moi nous sommes en permanence sollicités par les messages que nous envoie la nature, à travers le chant des animaux, leurs traces laissées dans la neige, le bruit de la glace, la lumière dans les arbres ou sur la montagne... Nos sens sont aiguisés d'une manière différente, plus ouverte sur les phénomènes du vivant. Cela ne nous empêche pas de rester attentifs l'un à l'autre. Au contraire, nous avons développé une sorte de communication invisible et instinctive par le silence : comme nous expérimentons les mêmes choses, les mots en réalité deviennent superflus, car nos gestes et nos comportements parlent à notre place. Il n'y a pas de vide à remplir, nous sommes présents l'un pour l'autre.
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Avant de me coucher, je sors devant la cabane pour humer l'air de la nuit. Le vent est tombé. Quel silence... ça fait presque peur. Quelques étoiles scintillent. Tout au fond, dans l'obscurité, les yeux brillants des loups vont-ils apparaître ? Je suis gelé, je retourne dans la cabane.
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Ce premier hiver, je fais la connaissance de mes voisins qui habitent les cabanes le long de la route. Je découvre une communauté étrange, toutes sortes de gens aux destins compliqués. Certains sont en fuite pour échapper à une citation à comparaître, au paiement d'une pension alimentaire ou d'un redressement fiscal. Un autre est poursuivi par la police après une attaque à main armée. La plupart ont quitté les villes pour vivre ici, dans le Yukon, de façon traditionnelle : trappeurs en hiver, pêcheurs en été et ouvriers dans le bâtiment ou dans les mines entre deux saisons.
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Ce que j'apprends sur les pièges à collet me chagrine. Ils retiennent l'animal par la patte. Alors les proies mettent parfois plusieurs jours avant de mourir si le trappeur est empêché par la neige de relever les pièges. Bon Dieu, à quoi ça sert de les faire souffrir ? Je dis à Gary que je refuse d'utiliser ces instruments de torture. Il m'explique qu'il existe des dispositifs à assommoir ou à ressort, plus modernes, qui tuent les animaux sur le coup. Ça, d'accord, je veux bien chasser de cette façon. Ce n'est pas plus méchant que les crocs d'un loup qui tranchent la gorge d'un bébé caribou. Heureusement, les pièges à collet, à la fin des années quatre-vingt, seront interdits au Canada. Seuls les pièges modernes sont autorisés aujourd'hui. La police ne plaisante pas avec ça...
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Me voici seul, avec le vent et les loups pour seuls compagnons. Je reste immobile, comme un piquet perdu au milieu de la banquise. Plus rien n'a d'importance. Seul compte cet instant, de douce excitation et de contemplation. Et c'est là où je commence à comprendre un des pièges qui m'attendent dans le bush... Trop de beauté pourrait me faire oublier l'essentiel : rester longtemps dans la même position sans me protéger du froid par exemple, ou mal juger la résistance de la glace sous mes pieds à force d'être absorbé par le paysage alentour. Et vlan, c'est l'accident ! Allez, mon gars, tu as intérêt à te secouer les puces, les bêtes doivent te renifler pas loin.
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Je suis un petit point minuscule perdu dans cet immense paysage blanc. Le son ouaté de mes skis contre la glace m'apaise. Je savoure la caresse du vent sur mon visage, j'admire les sommets qui découpent le bleu du ciel entre les arbres. J'avance comme un automate, sans prêter attention à mes gestes. Ces moments d'évasion me font plonger dans mes souvenirs, je pense à ma famille, à mon père. Je lui adresse une prière dans le silence de mes pensées.
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Dans l'après-midi, nous passons devant une carcasse d'élan, les résidus de sa boîte crânienne, son squelette à peu près entier, sa fourrure en lambeaux. Je reste plantée devant ce spectacle morbide, comme hypnotisée. Tout autour je remarque dans la neige de nombreuses traces animales et des crottes pleines de poils. L'attaque d'une meute de loups, je suppose. Avant de mourir, l'élan a dû vendre cher sa peau dans la bagarre. Leur gueuleton terminé, les loups ont poursuivi leur chemin, cédant leur place aux martres, aux corbeaux et aux mésangeais. Cette image de mort évoque cruellement notre propre condition au milieu de ce paysage radical. Nous ne valons pas plus que cette carcasse. Nos cadavres découverts par l'une de ces bêtes seraient aussitôt dévorées. La nature se moque de nos états d'âme, à nous les humains, de notre rapport aux temps, de nos calculs, de nos projections. Nous faisons désormais partie intégrante du monde sauvage. Et cela me rend humble, m'oblige à relativiser la dureté de notre existence, à prendre de la distance.
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Je te jure, c'est important de savoir d'où on vient pour comprendre où on peut aller, non?
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Nos seuls voisins, ce sont les loups, les caribous, les élans, les petits lapins et les oiseaux. L’eau, la neige, le vent, les arbres. Les hivers longs glacés, les étés courts et chauds. A chacune des saisons, on adapte son activité : en hiver la chasse dans la forêt, en été les petits boulots en ville pour gagner de quoi vivre. Ici c’est la nature, la vraie patronne. Elle donne, elle tue, elle surprend, elle préviens parfois, mais souvent elle reste imprévisible. Il faut savoir la comprendre, l’aimer.
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Ici, c'est la nature, la vraie patronne. Elle donne, elle tue, elle surprend, elle prévient parfois, mais souvent elle reste imprévisible.
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