Pesticides. Un colonialisme chimique

[Pratiquement] 90 % des agrotoxiques en circulation au Brésil sont appliqués à seulement cinq cultures : le soja, le maïs, le coton, les pâturages et la canne à sucre. (32)

Par conséquent, l'agriculture est toujours restée un obstacle à l'avancée du capitalisme, en raison de trois facteurs en particulier : l'existence même de la paysannerie, l'existence de la propriété privée de la terre, et la nature spécifique de la production agricole, qui est par essence reliée à la nature.

Souvent, le travail des paysan-nes leur permet tout juste de survivre. Iels vendent à la société le fruit de leur travail à un tarif minimum et permettent ainsi à la classe ouvrière de se reproduire à un moindre coût, ce qui permet, in fine, d'augmenter les profits (puisque les salaires ne sont pas soumis à des pressions pour être aug-mentés)

Nous sommes donc confrontées à une forme d'épuration - ou, pour reprendre l'expression de Marx, de nettoyage - chimique des cam-pagnes. Aux processus déjà connus de violence sociale et environnementale qui se traduisent physiquement (déforestation, incendies, expulsions, meurtres) et biologiquement (extermination des peuples autochtones infectés par les maladies apportées par les colonisateurs, phénomène qui se poursuit encore aujourd'hui), s'ajoute désormais, par le biais du développement technologique appliqué à l'agro-industrie, une violence chimique - rendue possible par la révolution verte, dont nous avons déjà parlé.