Implacable constat que celui fait par
Larissa Mies Bombardi dans ce petit essai.
En moins de 100 pages limpides, la chercheuse brésilienne , exilée en Belgique, démontre que les entreprises de l'agrochimie, avec la complicité des états du Nord et de l'agrobusiness mettent en place un nouveau type de colonialisme: le colonialisme chimique.
Exportant dans les pays du Sud (et notamment au Brésil, pays d'origine de l'autrice) des pesticides et autres « agrotoxiques »(c'est ainsi que l'on désigne depuis les années 1980 les pesticides au Brésil, mettant en avant leur caractère dévastateur pour l'environnement) interdits en Europe, les pays du Nord mettent en place un cercle infernal: le cercle d'empoisonnement.
En effet ces produits arrivent au Brésil ou dans d'autres pays où ils sont utilisés dans les cultures de soja, maïs et autres cotons qui seront par la suite renvoyés en Europe, où ils seront consommés soit directement pr les humains, soit par les animaux, revenant ainsi par effet boomerang à l'expéditeur.. Au cours de ce cycle ils auront semé la mort et la maladie, en particulier auprès des plus faibles: les populations autochtones, noires, auprès des paysans, des femmes et des enfants. Ils auront également permis d'asseoir la domination des gros exploitants et des propriétaires terriens sur les paysans et paysannes, expulsant au passage tous ceux qui les gêneraient.
Dans un style direct, extrêmement bien documenté , n'évacuant pas une lecture marxiste du capitalisme et de ses liens avec le monde paysan, et mettant en avant l'importance d'une lecture genrée, notamment en montrant l'impact spécifique de ce colonialisme chimique sur les femmes et l'importance d'une agro-écologie mettant en avant le feminisme, ce petit essai ouvre les yeux (ou plutôt empêche de les fermer).
Un dernier petit mot aussi pour saluer le très beau travail de Paula Anacaona, à la tête des Editions Anacaona qui, depuis quelques années, permettent aux lecteur.icess francophones d'avoir accès à de très beaux écrits brésiliens, essais ou romans.