Des Américaines à Paris : 1850 - 1920

Ce Paris de la Belle Epoque, telle une nouvelle Gomorrhe, se voit donc sacré patrie du saphisme international, tandis qu'un formidable appel d'air pousse les disciples américaines de Sappho vers la capitale : leur singularité y sera mieux acceptée que chez elles, où les mentalités sont toujours marquées par l'asphyxiante tradition puritaine. Fortunées, bénéficiant d'une culture cosmopolite, parlant couramment le français qui est souvent pour elles comme une seconde langue maternelle, elle vont trouver à Paris un espace de liberté. Il n'est ainsi pas anodin que Renée Vivien choisisse d'écrire ses lettres d'amour à Natalie Barney en français, choix délibéré qui vient signifier la rupture avec une certaine mentalité anglo-saxonne.

(à propos d'Anna Gould mariée à Boni de Castellane)

...ses hommes d'affaires, ceux qui représentent en France les intérêts des Gould, s'inquiètent et la mettent en garde.
Anna est riche. Mais elle est laide, très laide. Courte sur pattes, noiraude, "simiesque" disent certains. Et Boni ne rate aucune occasion de faire des mots à son propos, des mots qui, bien sûr lui reviennent aux oreilles : "Elle est belle vue de dot." A propos de la chambre conjugale qu'il fait volontiers visiter à ses amis : "Voici la chapelle expiatoire", "Le revers de la médaille".