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Critique de MarcelineBodier


Chambre 128 est un roman qui ravira les amateurs de feel-good qui s'ignorent. Oui, feel-good : parce que c'est une sorte de conte de fées, où il y a certes des échecs, mais qui ne semblent être là que pour offrir la possibilité d'une rédemption et l'éclosion de sentiments positifs. Qui s'ignorent : parce que le livre ne se présente pas comme un feel-good classique, mais comme une enquête à suspense sur un manuscrit.

J'ai un ressenti mitigé ; mais il me paraît lié à mes propres goûts, qui ne me portent pas vers le feel-good, plutôt que lié aux qualités intrinsèques du livre.

Car des qualités, ce livre en a de nombreuses. Il est très bien écrit et agréable à lire. Et j'ai surtout aimé son idée directrice : un livre (en l'occurrence, le manuscrit qui fait l'objet de l'enquête) peut nous changer, changer notre vie, changer notre rapport aux autres. Comment ne pas adhérer à cette idée ? Elle correspond sans doute à l'expérience de nous tous qui sommes sur Babelio. Cette expérience où nous lisons, et tout à coup, les mots de l'auteur semblent écrits pour nous, pour épouser notre ressenti intime ; ils le disent mieux que nous n'aurions su le formuler, ils le disent alors que nous ne savions même pas encore que ce que nous ressentions pouvait être exprimé de cette manière. Ils disent ce que nous n'osons pas penser, ce que nous n'osons pas voir. Nous en sortons différents, plus sûrs de notre rapport au monde.

Ce qui est très fort dans Chambre 128, c'est cela : il y est question d'un manuscrit qui a toutes ces qualités. Ce manuscrit, on ne le lit jamais ; on sait qu'il parle d'amour, mais pas grand chose de plus. Je ne crois pas gâcher votre lecture en disant cela : au contraire, il faut que ce livre reste Godot, il faut que chaque lecteur puisse l'imaginer, le fantasmer, il ne faut surtout pas que l'auteure le montre. On redoute qu'elle ne gâche le plaisir en le faisant, alors je vous rassure : non, elle ne le fait pas. L'auteure est subtile.

En revanche, j'ai moins aimé que l'histoire insiste lourdement sur le pouvoir de ce manuscrit, prenant le temps de dire systématiquement et explicitement qu'il a changé la vie de toutes celles et ceux qui l'ont lu, et leur a fait du bien. Un manuscrit merveilleux, un manuscrit baguette magique. C'est le choix de l'auteure, mais pour moi, l'idée s'arrête au milieu du gué, là où commencent les sentiments troubles... Pour moi, si un livre peut changer la vie, alors il faut aussi accepter qu'il peut la déranger, lui donner un coup de pied, la bouleverser en faisant voir ce qu'on ne voulait pas voir, et pas juste la miraculer.

Alors voilà pourquoi j'ai un ressenti mitigé sur Chambre 128... je suis fascinée par son idée de départ, la réalisation est très bien faite, mais j'ai besoin de confrontation au négatif, à l'absurde, à l'angoisse, à ce qui rate, et pas uniquement à un conte de fées. J'ai besoin que la fée ne se révèle que derrière la sorcière, sans quoi j'ai une impression de mensonge. J'avais beaucoup aimé le parfum de l'hellébore, qui abordait le thème de la folie et de la différence ; avec Chambre 128, Cathy Bonidan montre une facette plus tranquille de son talent. C'est en tout état de cause une auteure à suivre : j'attends son troisième livre avec curiosité !
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