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Citations sur La révolution antispéciste (15)

Dans le monde où nous vivons, tout ce qui n'a pas de pouvoir n'a pas d'existence. Les animaux non humains n'ont plus de pouvoir. Ils ne peuvent pas se révolter. Donc, dans le monde tel qu'il est organisé, leurs intérêts n'existent pas. Les faire exister est le combat des antispécistes.
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Il n'était guère besoin d'attendre Darwin pour savoir que les intérêts les plus fondamentaux des chimpanzés, des chiens, des baleines ou des lapins ne sont pas très différents des nôtres ; on n'a pas eu besoin des découvertes des éthologues du XXe siècle pour comprendre que les veaux et les poules n'aiment pas plus que nous qu'on les fasse prisonniers et qu'on les égorge.
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De la même façon que les hommes avec la virilité, les humains ont à prouver qu'ils sont à la hauteur de leur humanité et doivent lui conserver son auréole de respectabilité, de majesté, de dignité, de sacralité. En tant qu'individus souverains, il ne faut par exemple pas se laisser « dominer », et surtout pas par son corps ou par ses émotions : le passage à l'âge adulte, à l'âge social de propriété de soi-même, se fait lorsqu'on est censé savoir réprimer ses décharges émotionnelles, contrôler ses mouvements corporels et ses sentiments, maîtriser les règles de la vie sociale, etc. (...)

À devoir se tenir en laisse ainsi en permanence, se gendarmer, devenir un être maîtrisé, policé, civilisé, humanisé, on en vient aussi à évaluer les autres en fonction de leur soumission aux mêmes impératifs. Au fil des derniers siècles, tous les humains progressivement définis par rapport à une norme d'humanité comme déments, bestiaux, bêtes, irresponsables ou immatures, se sont vus classés dans des lieux définis où leur « différence » devait être traitée de façon appropriée. Progressivement, l'humain normal (qui a intégré les normes d'humanité) s'est trouvé de plus en plus gêné face à l'idiot du village, au quidam délirant et à ses gestes impulsifs, face à celle qui parle « trop » fort, qui ne respecte pas les usages de table, qui dit « tu » au lieu de vouvoyer, qui n'a aucune pudeur, et ainsi de suite. Ces (mal)façons trahissent une imperfection de l'humanité et apparaissent inquiétantes et dégoûtantes. (...)

Nos sociétés humanistes restent ainsi foncièrement élitistes (capacitistes, validistes, normatives), même si elles ne l'assument plus ; si nous déclarons aujourd'hui très haut que tous les humains sont égaux, nous pensons tout de même très fort que l'intelligence, la raison, la responsabilité morale, la maîtrise de nos corps sont essentielles, puisque ce sont elles qui nous distinguent des autres animaux ; et qu'il y a une échelle des êtres qui place l'humanité tout en haut, mais qui du coup place tout de même certains humains un peu plus bas que d'autres...
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Pour chaque être sensible, ce qu'il ressent a de fait, d'emblée, une valeur. Ses sensations, ses émotions, ses désirs ne lui sont pas indifférents, mais au contraire lui importent. Les états subjectifs sont indissociablement réels et importants. Indissociablement des faits et des valeurs (positives ou négatives) : ils peuvent être agréables et désirés (les ressentis de plaisir, de satisfaction, de bien-être, etc.) ou au contraire désagréables et aversifs (les sensations de souffrance, les émotions de détresse, etc.). Est réelle l'importance qu'ils revêtent pour celui qui les ressent, indépendamment de celle qu'ils revêtent pour un observateur étranger. Refuser de les prendre en compte comme faits et comme importance constitue un déni de réalité, revient à se refuser à considérer la réalité qui existe au-delà des murs de sa maison, simplement parce que sa porte est fermée et ses fenêtres closes.
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Il n'y a nulle nécessité, en réalité, de parler en termes d'égalité. Ce que nous avons à dire est simplement ceci. Quelle que soit la manière dont nous voulons formuler notre éthique - en termes utilitaristes (égalité de considération des intérêts), de droits, ou autrement -, la classe de naissance, la couleur de la peau, le sexe ou l'espèce des individus ne sont pas en elles-mêmes des critères pertinents. Cela n'implique pas en soi une égalité positive ; cela n'implique pas que nous traitions les êtres de la même manière, que nous leurs donnions les mêmes droits ou autre chose, selon la théorie éthique que nous préférons ; cela implique que si nous les traitons différemment, ou leurs donnons des droits différents ou autre chose, cela doit être pour des raisons, et que parmi ces raisons on ne doit pas trouver la classe de naissance, la race, le sexe ou l'espèce.
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Ceux qui utilisent cette ingénieuse défense de leur désir de manger du porc ou du bœuf vont rarement au bout de ses conséquences. Si faire exister un être est une bonne chose, on peut alors supposer, toutes choses égales par ailleurs, que nous devrions aussi faire exister le plus grand nombre possible d'êtres humains ; et si l'on ajoute à cela l'idée que les vies humaines sont plus importantes que les vies animales - idée que le mangeur de viande paraît certain d'accepter -, on peut alors inverser l'argument, mettant en mauvaise posture celui qui l'a présenté au départ. Comme on peut nourrir davantage d'êtres humains si nous ne donnons pas nos grains aux animaux d'élevage, la conclusion du raisonnement est en fin de compte que nous devons devenir végétariens ! [Peter Singer, La Libération animale]
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Les documentaires animaliers insistent beaucoup sur la prédation et la fornication animales, « fonctions vitales » par excellence, aisément reliées à un impératif de survie de l'individu ou de l'espèce. S'ils peuvent difficilement faire l'impasse sur le fait que les tout jeunes mammifères sont extrêmement joueurs, ces programmes affirment de façon insistante que cette propension à s'amuser leur permet d'apprivoiser le monde et de se former à la dure lutte pour la vie. Que jouer soit aussi utile aux animaux est utilisé comme une sorte de négation de leur plaisir propre, personnel : leur comportement devient utilitaire, « programmé », « requis par la survie », « nécessaire »... et la motivation personnelle de la jouissance en est comme annulée.
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En assignant aux êtres une nature, on affirme tantôt un droit, tantôt une finalité ou un devoir-être. Avec l'arbitraire le plus total. Ainsi, le fait que les femmes puissent enfanter a souvent conduit à l'idée qu'elles devaient enfanter ou que leur véritable nature ne s'accomplissait que dans la maternité. Le fait que les organes sexuels mâles et femelles permettent la procréation a pu être interprété comme un commandement de la nature (ou de Dieu) exigeant qu'ils ne servent qu'à cela. En revanche, le fait que la bouche soit un point d'entrée pour l'ingestion des aliments a rarement conduit les moralistes à désapprouver ceux qui s'en servent pour souffler dans une clarinette. La nature, c'est la norme.
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De toute évidence, l'idée nous fascine que les plantes sont conscientes, sensibles, au point de nous inciter à mettre en veilleuse une partie de nos connaissances et de notre sens critique. On se pose par contre trop peu la question de savoir si les invertébrés (insectes, mollusques...) sont sentients. Si l'on s'interroge bien plus à propos des plantes, c'est précisément sans doute parce qu'elles nous apparaissent d'emblée infiniment plus étrangères encore, et que c'est cette étrangeté qui nous préoccupe, qui nous dérange.

Car je crois que derrière cette volonté si répandue de croire que les plantes ressentent, se cache le désir d'un monde où tout est inter-relié par la sensibilité, où tout a une conscience, où tout tient potentiellement un discours, a une signification, témoigne d'une volonté : un monde d'où le silence est banni. (...)

Nombreux sont ceux, par exemple, qui imaginent que les pierres ou les objets aussi sont sensibles à la souffrance des autres ou à leurs émotions : selon des schémas très humains, évidemment ! Volonté d'un monde où nos états d'âmes, nos émotions et nos actions prennent une importance d'avoir des répercussions sur la totalité de la réalité extérieure, d'être enregistrés par la réalité. (...)

Cette intelligence ou vie subjective des plantes ou des pierres (ou des montagnes ou de la Terre...) n'est en fait conçue que dans un rapport utilitaire : les êtres et les choses sont nos mémoires éternelles, nos témoins, qui en nous regardant vivre nous renvoient à notre vie et à son sens. Leur attribuer une conscience permet d'éloigner de nous l'idée d'une Nature qui nous serait totalement étrangère, l'idée de vies par exemple qui ne porteraient pas d'intérêt à quoi que ce soit, qui vivraient sans but. On leur accorde une conscience pour briser le silence, pour y substituer un murmure imaginable, amical. Pour l'immense majorité de nos contemporains, une telle « croyance » ne change strictement rien à ses habitudes : plantes ou pierres seront arrachées ou concassées sans plus de scrupules, et on continuera même à parler de plus belle d'une nature harmonieuse et bonne. C'est que plantes ou pierres, comme « la Nature » elle-même, ne sont alors appréhendées que comme des récepteurs, conçues à notre seul usage, comme pôle relatif entièrement subordonné au seul pôle que les humains veulent voir finalement comme réellement existant ou important : l'Humanité, et à travers elle, soi-même.
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Ces sensations et émotions sont un atout dans la mesure où l'être concerné est mobile, où il peut se déplacer, se soustraire à un danger, se soigner. Elles cessent d'être globalement profitables lorsque ce n'est pas le cas : un animal blessé qui se met en sécurité continue néanmoins à éprouver la douleur due à sa blessure, parfois totalement en vain. Et, comme le montre l'existence d'individus qui ont un système nerveux déficient et ne perçoivent pas la douleur ou qui sont dans le coma ou décérébrés, les os se ressoudent, les plaies cicatrisent, le sang coagule, le système immunitaire agit en toute indépendance de la perception de la douleur : celle-ci n'offre aucun avantage à ce niveau, au contraire même, puisque chez les animaux, la sensation de douleur crée un stress qui, s'il ne peut se résoudre par une réaction consciente, se retourne contre l'organisme lui-même. Or, les plantes n'ont pas cette mobilité qu'ont la plupart des animaux ou bien, lorsque cette mobilité existe, elle reste insuffisante pour contrer une agression. Pourquoi alors auraient-elles acquis une conscience au cours des âges ? Et si malgré tout elles en avaient acquis une, pourquoi l'auraient-elle gardée ?

Nous savons clairement que certains animaux n'éprouvent aucune sensation, comme c'est par exemple le cas des éponges, constituées de deux couches différentes de cellules seulement, qui soit filtrent et digèrent les particules organiques en solution dans l'eau, soit forment un épiderme protecteur, et qui ne disposent pas de tissu nerveux. De même, de nombreux autres animaux marins non mobiles sont non sentients, comme c'est vraisemblablement le cas des huîtres ou des moules. Leur système nerveux très succinct suffit fort bien à rendre compte des mouvements réguliers des aspirations/expirations d'eau et des mouvements réflexes de refermer la coquille à la moindre pression exercée, sans qu'il y ait besoin de faire intervenir une forme de sentience. Certains animaux marins, en se fixant au cours de l'évolution sur des rochers, ont d'ailleurs perdu l'essentiel du système nerveux de leurs ancêtres mobiles. C'est que ressentir des sensations est un atout de privilégié dans la monde du vivant, un gain qui du point de vue de la sélection naturelle se paye cher et dont les avantages doivent compenser les inconvénients : le système nerveux des animaux constitue l'une de leurs principales dépenses énergétiques.

Ainsi, parce que les plantes ne possèdent rien qui ressemble un tant soit peu à un système nerveux, parce qu'on ne leur connaît rien qui ressemble non plus à un influx nerveux (qui transporte l'information à grande vitesse), parce qu'une sensibilité à la douleur et au plaisir vraisemblablement ne leur servirait à rien, et, peut-on même imaginer, nuirait à leur survie, je pense qu'elles sont « insensibles » et « muettes », vivantes mais néanmoins « inanimées ». Dit autrement : nous n'avons aucune raison sérieuse de penser qu'elles sont sentientes.

« Mais, me répondra-t-on, il est naïvement anthropomorphique de rechercher chez les plantes un système nerveux similaire au nôtre ou une conscience organisée comme la nôtre, et il n'est pas étonnant de ne rien trouver de tel ; mais cela n'implique pas l'inexistence d'une conscience "organisée autrement". » Ce que pourrait alors être une telle « conscience » devient hélas totalement indéfini, et rien ne nous dit donc en quoi cela resterait une conscience. Et si l'on ne sait strictement rien d'une telle conscience, alors on n'en sait effectivement rien, on n'en peut donc rien dire et autant ne point en parler.
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