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Critique de nilebeh


Deuxième livre de cet auteur chilien et vénézuélien, rédigé en français. Après le Voyage d'Octavio qui m'avait séduite, je me suis laissée à nouveau cueillir par cette écriture belle et poétique qui sait enchanter la nature, par ce regard aigu et engagé porté sur la société chilienne de 1970, de l'élection de Salvador Allende au coup d'État de la junte militaire et à la confiscation du pouvoir par Pinochet.

Miguel Bonnefoy fait partie de ces auteurs qui allient brillamment poésie, incursion du fantastique et narration soutenue à la dénonciation d'horreurs perpétrées par un pouvoir autoritaire et inhumain.

Les personnages ici évoqués sont originaux, pour ne pas dire hors-norme. Il s'agit d'une famille de viticulteurs du Jura, émigrés en 1873 vers le Chili en raison de l'épidémie de phylloxera qui frappa la vigne à cette époque. Ayant pour tout viatique un cep de vigne et une poignée de terre de France, le père de Lazare embarque pour la Californie. Las ! Une fièvre typhoïde l'ayant frappé, il débarque à Santiago où il crée sa famille et son entreprise. de ses trois fils partis enthousiastes défendre la France ne reviendra que Lazare, avec un seul poumon, errant sur les terres mapuche.

Des personnages extraordinaires se croisent : Thérèse la dresseuse de rapaces crée une volière extraordinaire pleine de multiples espèces d'oiseaux colorés et criailleurs ; El Maestro venu d'Europe avec des instruments de musique crée un orchestre avec des habitants du village, une gitane, un sorcier, un fantôme de soldat allemand plein d'ardeur amoureuse ; Margot, l'aviatrice qui construit son propre avion et finit par prendre son envol devenant l'une des premières femmes aviatrices pour la RAF.

Dans le Voyage d'Octavio, on pouvait remarquer l'omniprésence de l'eau et du bois, vivant, en forêt, ou travaillé dans l 'atelier du menuisier. Ici, c'est l'air qui est évoqué partout : vols d'oiseaux, avions rudimentaires ou avions de guerre, exercices de lévitation, tout est prétexte à quitter le sol. Comme si l'auteur voulait redonner leur place aux cinq éléments des philosophies anciennes.

Dans ce roman atypique, l'onirisme se mêle à la romance, l'essai politique au roman d'aventures, l'évocation poétique d'un paysage à celle de l'Histoire d'un pays.

C'est une réussite, un plaisir de lecture, une source de réflexion et d'enrichissement.
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