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Critique de cafelecture974


Poète de notre temps, Yves Bonnefoy, compagnon éphémère des surréalistes, il en a pris le goût des images mais il s'éloigne de ce courant car sa poésie se tourne vers le réel et la force des éléments. Sa poésie a des accents lyriques, elle s'attache à décrire la nature, les souvenirs d'enfance, la barque des morts...
Le titre de ce recueil "Les planches courbes" est construit en un oxymore qui nous laisse perplexe. Cependant nous sommes éclairés sur ce sujet par un poème qui figure à la section 5 intitulé "maison natale" :
"Je suis couché au plus creux d'une barque,
Le front, les yeux contre ces planches courbes
Où j'écoute cogner le bas du fleuve."
Toute la beauté et la singularité de la poésie d'Yves Bonnefoy consiste à nouer les éléments naturels, la pierre, le feu, l'eau à un questionnement ontologique.
Yves Bonnefoy pose aussi la question du langage. Beaucoup de ces poèmes s'interrogent sur l'en-deçà des mots. le poète tente de rendre compte de ce qui précède le langage, qui est voix, son...
Autre aspect des "Planches courbes", le travail de la mémoire et donc la restitution sur un mode poétique de l'enfance, des parents, mère et père. Yves Bonnefoy parle de la mort, de la manière dont elle est vécue par la nature et par l'homme. Ainsi par exemple, le motif de la barque funèbre et du passeur traversent tout le recueil. On peut imaginer que l'enfant représente le poète qui vit une aventure initiatique : comment vivre au plus près du réel, comment retrouver le goût des réalités élémentaires : la pierre, l'eau, l'herbe ? L'on songe aux méditations de Bachelard sur les quatre forces fondatrices. En une langue personnelle où la syntaxe et les images nous restitue un regard neuf sur ces forces naturelles. le poète observe l'imminence de la mort. Mais le caractère funèbre de certains passages est battu en brèche par la beauté, la joie et l'espérance qui se profilent dans les vers suivants :
"... Ô terre,
Signes désaccordés, chemins épars,
Mais beauté, absolue beauté,
Beauté de fleuve."
Lire Bonnefoy, c'est prendre le pari pour une aventure existentielle, et pour une initiation à une théologie négative.

KP
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