L’air qui nous relie est fouetté, retourné, bouleversé, et c’est ce que nous souhaitons tous, sur la scène, dans la salle, cet ouragan électronique, ces bourrasques de trois minutes : des chansons.
J’écoute, elle a des formules puissantes et drôles, « Y’a deux types d’avocats, celui qui connaît bien la loi et celui qui connaît bien le juge », « Les déchets d’uranium, c’est comme si la filière nucléaire avait bâti un appartement sans penser aux toilettes », etc.
La vaste salle à manger que je découvre a quelque chose d’un accident de voiture : la rencontre violente d’un déjeuner chez mes grands-parents et d’un concert des Clash.
Il y a dans ses yeux autre chose que la crainte de la mort, quelque chose que je ne reconnais pas.
Autour de moi la ZAD continue à parler d'elle-même par la bouche de ses occupants. C'est souvent intéressant, un peu agaçant, mais je ne suis pas sûr de m'agacer pour les bonnes raisons, alors, je me tais. Quoi qu'il en soit, dans ce flot de paroles, la ZAD est aussi en train de faire autre chose. Elle tanne des mains à sa façon.
Dans le Quashqai, j’épluche les trop nombreuses notifications qui ont fait tinter mon iPhone quand j’ai retrouvé du réseau en arrivant au village. Plus de mille likes sur Facebook pour l’annonce du concert à Toulouse, Carole Boinet a appelé trois fois pour proposer une participation au numéro de fin d’année des Inrocks, Malika a essayé de me joindre, en visio sur Whatsapp et sur ma ligne, dix fois au total, la vie continue, la mort est un vautour qui hésite à se poser, et qu’est-ce que je dois en faire, moi, de tout ce bordel ?