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Citations sur Les Dames de Gascogne (51)

— Tu te rends compte que la mère se prostitue pour que son mari puisse fumer la pipe et boire du pinard! Quant au père, il traite ses deux filles comme de la marchandise, s’indigna Arnaud, ulcéré par de telles pratiques dépassant l’imaginable en ignominies
. Le jugement d’Antoine était plus mitigé. Bien sûr, il ne pouvait adouber ce dont il avait été le témoin, mais il pensait que la faute en revenait à la société, laquelle obligeait les pauvres, pour survivre, à abandonner toute dignité humaine. Pouvait-on encore parler de vices si les conditions de vie empêchaient tout libre arbitre?
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Bien sûr, il ne pouvait adouber ce dont il avait été le témoin, mais il pensait que la faute en revenait à la société, laquelle obligeait les pauvres, pour survivre, à abandonner toute dignité humaine.
Pouvait-on encore parler de vices si les conditions de vie empêchaient tout libre arbitre ?
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Faites que vos amis, pleinement satisfaits,
En sortant de chez vous ; ne se plaignent jamais.
De leurs goûts différents, apercevez la trace :
L’un préfère la cuisse, un autre la carcasse.
Offrez en général les ailes du poulet,
Le ventre de la carpe et le dos du brochet.
Observez dans vos dons une exacte justice.
Ne favorisez point par orgueil ou caprice,
Tel homme plus puissant ou plus considéré.
Qui voudrait jouir seul d’un morceau préféré.
Ah ! si l’égalité doit régner dans le monde,
C’est autour d’une table abondante et féconde ;
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Dans sa nudité impudiquement recouverte de sang, elle se dirigea chancelante vers la chartreuse. Son esprit était enfiévré. Qui verrait-elle en premier ? Que lui dirait-elle ? À son passage, un chien de ferme se mit à aboyer mollement. Elle poursuivit son chemin, s’efforçant de ne pas se faire remarquer, mais tomba nez à nez sur le vieil Armand, venu prendre à cette heure avancée de la nuit une bouffée d’air frais, et vider avec application sa vessie avant de se mettre au lit, car il souffrait de la prostate.
— Doux Jésus ! Dans quel état es-tu, petite ! s’écria-t-il en reconnaissant Marie-Thérèse. Entre chez nous te réchauffer ! Tu meurs de froid. Ma femme va te mettre quelque chose de chaud sur le dos.
Paulette, sa femme, dormait déjà. Il la réveilla en la secouant énergiquement.
— Doux Jésus ! reprit Paulette l’expression de son époux, à la vue de la jeune fille.
— Bouge-toi ! La petite ne peut rester ainsi. Va chercher quelque chose pour l’habiller.
La pauvre Paulette se mit à trottiner aussi vite que ses vieux os le lui permettaient encore, et prit dans une armoire une chemise de nuit démodée depuis des lustres.
— Reste auprès d’elle et donne-lui quelque chose de chaud à boire ! La petite est toute maculée de sang, je vais voir dans la forêt avec le chien s’il y a un blessé. En attendant mon retour, commence à la nettoyer ! Prends bien soin d’elle, la pauvrette est traumatisée.
Avec l’aide de son chien dressé à trouver des truffes, Armand ne tarda pas à retrouver le corps de Marc. En mettant la main sur la veine jugulaire de celui-ci, il se rendit compte que le jeune paysan n’était pas mort. Armand laisserait volontiers sa place à quelqu’un d’autre. Mais la sale besogne lui incombait, il n’y avait pas moyen d’y échapper désormais ! « Au diable cette prostate qui m’a mis dans ce pétrin ! » maugréa-t-il en actionnant la cloche à l’entrée de la chartreuse.
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Ninette multipliait donc au quotidien, gestes et attitudes indiquant sans conteste possible à sa belle-sœur, qu’elle et son mari deviendraient un jour les maîtres exclusifs du domaine. Ainsi, quand elle distribuait le pain de campagne, elle prenait soin de donner le pain frais et croustillant à son mari et à ses enfants, tandis que les tranches rances étaient destinées à Marie-Thérèse et à Guillaume. Si ce dernier engloutissait sans broncher tout ce que l’on voulait bien lui donner à manger, il n’en allait pas de même de sa sœur qui lorgnait jalousement le bon pain de ses cousins. Ninette faisait de même avec les fruits : elle donnait généreusement à ses neveux les prunes blettes dans lesquelles se tortillaient avec délectation les asticots. Cela n’avait pas échappé à Marie-Antoinette qui s’insurgeait du sans-gêne de sa belle-sœur. Mais c’était à son mari d’intervenir ! Qu’attendait-il pour le faire ? Claude n’était pas dupe non plus, mais il laissait faire, voulant surtout ne pas risquer de conflit ouvert. Ninette se permettait en réalité bien pire, mais Claude et Marie-Antoinette n’en savaient rien. Quand elle n’était pas sûre à cent pour cent du caractère comestible d’un champignon, elle préparait pour Guillaume et sa sœur une omelette dans laquelle elle plaçait insidieusement le champignon douteux. Marie-Antoinette s’était toujours étonnée des coliques très fréquentes dont ses enfants étaient l’objet quand ils étaient en vacances dans le domaine. Pour autant, Ninette ne manquerait certainement pas de s’offusquer avec véhémence, si quelqu’un venait à lui reprocher de tels agissements, les qualifiant de criminels. Il fallait bien qu’elle procédât ainsi, si elle voulait élargir ses connaissances en mycologie ! Il n’y avait là aucune méchanceté de sa part. La preuve en était que si elle se rendait compte que le champignon avait des effets indésirables, elle ne le donnait jamais deux fois de suite à manger à ses neveux, se justifiait-elle en bonne conscience.
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Maître Michel Delmare, huissier de justice, incarnait le bon vivant avec son visage poupin, son embonpoint et son rire gras. Il portait une grosse moustache rousse style guidon, avec les fines extrémités bien relevées. Son visage était toute bonhomie, et semblait donc de prime abord mal correspondre à sa profession, mais dans l’exercice de ses fonctions, il savait se montrer impitoyable s’agissant du recouvrement des créances. L’huissier avait fière allure avec son chapeau haut de forme, sa large redingote, son gilet à boutons dorés accompagné d’une montre à gousset, sa cravate blanche, ses guêtres et ses lorgnons sur le nez.
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Ce fut Gâchette en personne qui vint les accueillir, arborant un sourire qui se voulait affable. Sa poignée de main était ferme, limite douloureuse.
Ainsi l’avait surnommé l’avoué, le garde champêtre ayant la réputation d’être très bon tireur. Le personnage était un grand escogriffe au visage émacié, disgracieux et mangé par des tics nerveux. Il n’avait pas plus de quarante-cinq ans, mais ses joues creuses étaient déjà fortement ridées. Rustique, ses cheveux étaient constamment en bataille, sa barbe indisciplinée et ses vêtements peu soignés. Sa chemise était toujours largement entrouverte. Il ne faisait en effet jamais usage du dernier bouton, tant il était fier de l’abondante toison ornant son poitrail. Allez savoir pourquoi, mais ce diable d’homme était très apprécié des fermières alentour qui le trouvaient viril! Elles lui faisaient le plus beau compliment possible, en disant de lui : « C’est tout d’même autre chose que les Parigots! ». Dans le mot Parigot, elles mettaient toute la hargne dont elles étaient capables.
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Dès cinq heures du matin dans les métairies, c’était le branle-bas général pour les hommes, les femmes et les enfants à partir de six ans. Tous participaient à la récolte de la moisson. Mais il fallait tout d’abord procéder à la traite des vaches, dont les pis déjà gonflés de lait étaient douloureux, ce qui les rendait nerveuses. Les cochons dans la porcherie, toujours affamés, attendaient également impatiemment leur pitance quotidienne, en laissant échapper des grognements retentissants. Avant d’aller aux champs, les paysans prenaient des forces avec un bol de soupe, en faisant chabrot. Dès six heures, un cortège – la faux ou la fourche sur l’épaule pour les hommes, et la fau- cille à la main pour les femmes – s’ébranla en direction des champs à moissonner. Ils avaient tous le visage buriné et hâlé par le soleil. Coiffés d’un béret qui les protégeait du soleil, les hommes étaient en bleu de travail. Les femmes portaient de larges pèlerines grises en toile de lin, des fichus sur la tête, et seule coquetterie permise, une collerette.
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L’épagneul vint vers l’enfant, saisissant qu’il s’était passé quelque chose, mais n’en mesurant toutefois pas encore la gravité. Il pensait que son petit maître s’était rendormi, et aboyait à ses côtés pour manifester sa désapprobation. Après cinq minutes, le chien entreprit de lui mordiller les doigts. Faute de réaction de sa part, il se mit à lui lécher le visage avec frénésie, sans résultat. Quic réalisa que son maître courait un réel danger. Le chien hésita : devait-il rester auprès de l’enfant pour le veiller, ce qui semblait avoir sa préférence, ou bien courir alerter ses parents? Ce fut bien à contrecœur qu’il se résolut finalement à l’abandonner pour chercher du secours, en courant ventre à terre et en aboyant comme il ne l’avait encore jamais fait auparavant.
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— Ne perdons pas de temps ! Je vous conduis à la morgue.
— Ce ne peut être notre fils, Monsieur le Commissaire. Il est à Fontainebleau avec une bande d’amis.
— Nous allons pouvoir clarifier ce point toute de suite.
Persuadés qu’il ne pouvait en aucun cas s’agir de leur fils, Claude et Marie-Antoinette se sentaient malgré tout oppressés dans cet endroit macabre où la mort était omniprésente. Que diable faisaient-ils ici? Ils avaient hâte d’en finir avec cette démarche ridicule. Dans une pièce impersonnelle aux murs blancs, sous la lumière crue des néons, un homme en blouse de médecin et aux mains gantées, se tenait près d’un grand chariot. Un corps recouvert d’un drap y gisait. Toute cette blancheur aseptisée était insupportable. Qu’on en finisse enfin ! Il releva le linceul, découvrant un mort affreusement mutilé et non identifiable. Avant même que monsieur et madame Francourtois aient pu prononcer le moindre mot, le commissaire leur tendit des affaires.
—Ces affaires ont été retrouvées sur le corps, les reconnaissez-vous ?

Marie-Antoinette poussa un cri, avant de perdre connais- sance. Elle avait parfaitement reconnu le sac à dos et la chemise à carreaux que Bertrand aimait porter. À l’intérieur du sac, il y avait un carnet de notes. Aucun doute possible, c’était bien son écriture. Claude ne disait rien. Son corps semblait soudain s’être vidé de son sang et ses jambes flageolaient. Il fallait se rendre à l’évidence, leur fils leur avait menti! Il n’avait jamais eu l’intention de se rendre à Fontainebleau. Il savait que s’il avait avoué la vérité à ses parents, ceux-ci ne lui auraient jamais donné la permission de faire cette ascension.
(...)
Sorti le premier de son hébétude, Claude se mit à lire le carnet de notes. Sur celui-ci, Bertrand avait écrit : « Non rasé, la pipe au bec, je me prends pour un prince pirate des cimes, un vieux loup de montagne. Si la joie se mesure à l’effort fourni, je peux dire que je suis totalement heureux ! »
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