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Critique de Bernardbre


La nuit polaire et la banquise s'accommodent idéalement du noir et blanc. C'est ce traitement, en lavis et encres de Chine, qu'a choisi Hervé Tanquerelle, travaillant au blockhaus DY10 à Nantes, pour illustrer l'adaptation très fidèle et intelligente des sept premières nouvelles du recueil de Jørn Riel La Vierge folle par Gwen de Bonneval, scénariste ici, mais également dessinateur et éditeur.
Ces nouvelles arctiques dont on connaît une dizaine de volumes traduits par Suzanne Juul et Bernard Saint Bonnet aux Éditions Gaïa, l'écrivain danois les appelle, trop modestement, des racontars quand il s'agit de véritables contes moraux ou philosophiques — «On doit toujours être prudent quand on fréquente des gens qui ont des idées».
Dans le nord-est du Groenland — où Riel vécut seize ans —, les trappeurs chassent le phoque, l'ours blanc et le renard argenté ; ils posent des pièges, tirent au fusil et vivent isolés dans le silence forcé de leurs cabanes de bois, ou réduits aux seules compagnies masculines, saisis par l'ennui de l'oisiveté et la frustration : «Que diable peut-on faire quand la première fille publique est à des milliers de kilomètres?» Alors, ils sifflent du schnaps et du rhum, « histoire de faire circuler le sang un peu plus vite », s'en vont visiter leurs lointains voisins, se racontent et s'inventent des histoires, restent sur leur lit des journées entières — «quand je me couche, c'est pour dormir, pas pour penser».
Avec la même humanité que Riel, lequel, retenant la leçon de Tennesse Williams, montre à l'évidence combien il aime ses personnages, Tanquerelle court sur un fil de funambule, ne versant ni dans le réalisme ni dans la caricature pour croquer ces hommes toujours touchants, à la fois mélancoliques et drôles, sages et fous, eux qui savent, par exemple, que la guerre ne peut exister que «là-bas en bas».
Une parfaite réussite, saluée par Jørn Riel et servie par une impression remarquable.
D'autres racontars à venir par les mêmes auteurs ? On ne peut que le souhaiter tant il serait dommage de s'arrêter en si bon chemin.

Critique parue dans "Encres de Loire" n° 50 page 38, hiver 2009-2010
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