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Critique de lalahat


Pierre Bordage est surtout connu des fans de SF. Plusieurs de ses oeuvres ont été récompensées par des prix comme le Tour Eiffel de science-fiction en 1998 ou le Cosmos 2000. Il est aussi président des Utopiales, festival de SF de Nantes.
Tout sur le zéro est toutefois un roman d'un tout autre genre. Ses personnages assez pathétiques, fragiles, et sans illusion sont tous en proie au démon du jeu : Paul, le peintre veuf, Blaise, veuf aussi, Eloïse et Charlène, femmes mariées, Grégoire, SDF qui vit dans sa voiture, Christophe et sa femme, et d'autres encore. Ils forment une petite communauté unie dans sa marginalité, parfois solidaire, tous décomplexés de savoir qu'ils ne sont pas seuls dans leur dépendance. Chacun par son histoire personnelle a été conduit au jeu pour compenser des failles, pour combler le vide de son existence, et est tombé dans le piège de l'addiction. Ils évoluent dans cet univers parallèle du jeu. Ils y trouvent une sorte de refuge qui leur permet d'échapper à une réalité frustrante, où le temps prend une dimension autre, une soupape qui leur évite peut être le pire. Des liens se tissent, des affinités se créent.
L'écriture est très personnelle. Sa principale caractéristique réside dans la brièveté de chapitres composés de phrases interminables qui s'enchaînent dans un flux sans ponctuation. On pourrait presque rapprocher ce procédé du flux de conscience de Virginia Woolf. On passe d'un personnage à l'autre sans variation dans le texte, comme s'ils étaient happés de la même façon par l'enfer du jeu. Ils gardent cependant tous une grande lucidité.
Il est question de rapport humain, entre hommes et femmes, d'amour, d'enfants, de travail, de fracture sociale, de ce qui constitue ou pas le sel de la vie, de la tournure fatale des évènements.
Pierre Bordage lance ses personnages comme les billes de la roulette. Ils sont éjectés du cours "normal" de la vie, et se retrouvent hors circuit.
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