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Critique de kielosa


L'unique recueil de nouvelles de Cathy Borie, qui a déjà une belle collection d'oeuvres à son actif, m'est parvenu le jour de mon anniversaire. Si cela n'est pas bon signe ? Venant, en plus, d'une écrivaine, qui est active sur notre site sous le pseudo de "ticaribo''. Et bien que frappé d'une grippe carabinée, j'en ai aussitôt commencé la lecture. J'avoue que j'étais très curieux. Récemment sur Babelio, il a été souvent question de son roman à succès "Dans la chair des anges", notamment à l'occasion de la liste "La confusion des sentiments" introduite par Marceline Bodier.

"Femmes, fêlures et folies" regroupe 9 nouvelles de longueur différente, allant de la très brève nouvelle "Régression" à "Faits divers", la toute première, qui compte 43 pages. Les sujets abordés sont également très variés, allant de "Fête de famille", en passant par "La poupée de chiffon " à "Journal de bord d'une rupture".

Grâce aux "short stories" du grand maître du genre, William Somerset Maugham, cela fait un bon bout de temps que j'affectionne cette forme de littérature. J'estime que c'est, en effet, un art d'évoquer en très peu d'espace une situation, des personnages et l'interaction entre ces personnages. Un art, malheureusement, un peu sous-estimé et méconnu ! À ce propos, j'aimerais attirer l'attention sur le large choix que notre amie sur Babelio, "Alice_" offre avec ses listes "Hommes et nouvelles" , 26 livres, et "Femmes et nouvelles" , 28 recueils.
Le seul inconvénient avec des nouvelles se situe au niveau de la critique évidemment. Il faut faire très attention que le peu que l'on dise, ne soit déjà pas beaucoup de trop.

"Faits divers" : une femme au bout de 16 ans de vie commune et 4 enfants, tue son mari, après qu'il a installé sa jeune maîtresse au domicile conjugal. Si les motifs du meurtre sont assez évidents, le mérite de la nouvelle réside dans les réactions et témoignages de la "meurtrière", son amie et sa fille qui jettent une lumière raffinée sur cette tragédie. Chez Cathy Borie il n'y a pas de la place à des fausses notes psychologiques ou autres. Tout se tient rigoureusement. le style est sobre, harmonieux et tout à fait convaincant.

"Carla", se pose la question ce qu'elle va dire à son mari, depuis 15 ans et père de ses 3 enfants, après avoir appris qu'il a une maîtresse.
"La poupée de chiffon" décrit avec beaucoup de délicatesse les sentiments d'une femme dont le 'foetus' avait cessé de vivre. "Fêtes de famille" nous relate un incident pénible entre 2 soeurs au moment des fêtes de fin d'année. "Transfert" nous emmène dans un cabinet psychiatrique entre une doctoresse et sa patiente. Rien que le titre de la 6e nouvelle "Surprise" m'interdit d'en dire plus, sauf qu'il s'agit d'une histoire très émouvante. "Régression" montre des similitudes avec une oeuvre de Jacoba van Velde "La grande salle" que j'ai chroniqué ici fin juillet. Dans l'avant-dernière nouvelle "Vers de terre" il est question de 2 petites mômes et une plat de haricots verts. La dernière "Journal de bord d'une rupture" ne nécessite point de précision.

Dans la plupart de ces nouvelles se pose le problème des relations humaines : l'incompréhension, l'absence de loyauté, la fatalité...et l'auteure a réussi à éviter la grandiloquence et le ton affecté. Au contraire, c'est avec une économie de vocabulaire, mais un judicieux choix des mots que nous sont dépeints ses moments-clés de l'existence. Il est clair que Cathy Borie maîtrise cet art particulier de la nouvelle et je suis étonné qu'elle n'a publié qu'un seul recueil, car ce n'est certainement pas l'ambition qui lui manque, puisque, outre ses 6 ou 7 romans, elle espère écrire une pièce de théâtre, si ce n'est pas déjà chose faite.

Un recueil qui nous fera probablement réfléchir un brin, nous autres hommes, à la nonchalance, la désinvolture et le manque d'attention que nous montrons sûrement trop souvent dans notre relation avec notre compagne. Une phrase d'un écrivain-diplomate, Marnix Gijsen, m'est spontanément revenue à l'esprit, dans laquelle il dit à peu près : "Ce que j'admire chez certaines épouses, c'est qu'elles réussissent à montrer le même bienveillant enthousiasme que la première fois, lorsque leur mari raconte pour la 100e fois la même anecdote." Apparemment, la patience et la bienveillance sont des qualités bien féminines.
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