Natacha, effrayée, ne savait quoi répondre. Elle se faisait un film en imaginant de pauvres gens étendus dans des mares de sang sur le quai, victimes de l'aboutissement ultime de la bêtise humaine qu'est le terrorisme. Elle se remémora l'attentat du Bataclan et le nombre épouvantable de martyrs qu'il y avait eu. Tout cela au nom d'un courant de pensée néfaste qui se sert de la religion pour d'obscures raisons incompréhensibles. Elle aperçut Bernard qui était maintenant sous son bureau. Il tirait également la chaise vers lui pour parfaire son camouflage de fortune. Il était sympa, mais niveau héroïsme, il venait de perdre des points, songea-t-elle.
Une forme à l'intérieur de l'habitacle se précipita violemment sur la fenêtre lui faisant faire un bond en arrière. Un liquide marron et rouge vint éclabousser cette dernière pendant que l'ombre gigotait dans tous les sens. Sous le choc, Louis pensa à un chien tout d'abord, avant de commencer à analyser la silhouette qui se débattait dans tous les sens derrière le vitrage maintenant à moitié opaque. Méfiant, il fit le tour de la voiture côté pare-brise pour découvrir avec stupeur que ce n'était pas un animal. C'était un homme ou un truc qui y ressemblait. Il était couvert de sang et gesticulait dans tous les sens en vomissant d'horribles substances. Ses yeux étaient jaunâtres et injectés de sang. Le plus étrange, c'est qu'il n'avait même pas défait sa ceinture de sécurité et qu'il se comportait comme un gamin faisant un caprice coincé dans son siège-auto…
En plus moche.
« La dernière chose qu'il avait eu la chance de voir était ce beau visage qui implorait un pardon alors que le projectile lui traversait le crâne en faisant passer la majorité de ses dents par son lobe occipital. »
« Il était couvert de sang et gesticulait comme un diable en vomissant d'horribles substances. Ses yeux étaient jaunâtres et injectés de sang.
Le plus étrange, c'est qu'il n'avait même pas défait sa ceinture de sécurité et qu'il se comportait comme un gamin faisant un caprice dans son siège-auto... En plus moche. »
- Patate douce à Nounouille ! Vous me recevez ? Patate douce à Nounouille ! Vous me recevez ? Mes raisins de Corinthe sont secs et le bidet est bouché ! baragouina plusieurs fois [...] devant l'air interloqué de [...].
- Très étrange votre code, dit froidement [...] .
- En fait, on n'a pas de code. Mais je trouve que ça fait quand même plus classe. Vous ne trouvez pas ?
Il baissa son regard vers ses mains. Sa main droite était couverte de sang et il n'arrivait pas à trouver sa main gauche.
Peu importe… Tout ce sang ?
Cela devait être à cause de sa jambe.
Pourquoi n'avait-il plus mal ? Pourquoi ne ressentait-il plus rien ?
Il passa devant une vitrine et y vit son reflet. Il aurait dû être horrifié, mais non. Il avait une balafre qui zigzaguait de son oreille gauche à sa joue droite. Un morceau de cuir chevelu pendait lamentablement sur son œil gauche. Un couteau était planté dans son plexus et son bras gauche était amputé jusqu'au coude. Voila pourquoi il ne retrouvait pas cette maudite main. Aucune réaction. Tout ceci était secondaire. Il avait faim. C'était son unique préoccupation.
L'homme avait les yeux révulsés et du sang lui sortait par tous les orifices. Théo laissa échapper un cri aigu de surprise qui eut un effet des plus surprenants. Tous les individus se tournèrent enfin vers lui à l'unisson, dévoilant la même physionomie. Ils étaient tous barbouillés de sang, roulaient des yeux et, de plus, se mettaient maintenant à grogner et gémir comme des bêtes. Ils entamèrent un changement de direction et se dirigèrent désormais vers lui. Madame Noël, arrivée en haut de ses quelques marches, lui claironna à nouveau de fuir et de s'enfermer. Elle claqua sa porte pour se mettre à l'abri. Théo, sous l'effet de la surprise demeurait immobile. Il était paralysé et ces choses fonçaient vers lui.