Tout ce que nous peuvent montrer les pays de l'extrême Nord en architecture, en peinture décorative, en orfèvrerie, en émaillerie, trahit l'importation directe et absolue de la technique française. Nos plus anciens artistes ont créé des formules simplifiées, des thèmes synthétistes, que nous voyons scrupuleusement conservés chez nos voisins à des dates toujours postérieures.
On reproche volontiers le mot de Primitifs, lequel, à vrai dire, n'a pas grand sens en soi. Primitifs, expriment les gens doctes, s'appliquerait plus heureusement aux peintres préhistoriques des cavernes, ou encore aux plus anciens dessinateurs de l'Hellas. En ce moment l'acception paraît se spécialiser un peu ; faute de mieux, les écrivains et les amateurs ont donné le nom de Primitifs aux artistes rencontrés à l'origine de chaque école d'art en Europe : nous avons ainsi les primitifs flamands, les primitifs italiens, les primitifs allemands même ; personne n'avait osé prononcer les Primitifs français.
Nous appelons France aujourd'hui un pays que la centralisation politique a fait homogène ; mais ce n'était pas le cas au moyen âge.
Comme l'Italie, la France fut partagée en plusieurs provinces dépendant de souverains vassaux des rois de France, mais qui parfois étaient les pires ennemis du pouvoir central.
Si l'on parle cependant de l'art italien de ces temps, on adopte un terme général, basé sur l'unité de langage : Écoles d'Italie. Or l'Italie d'alors était politiquement plus divisée encore.
Nous avons tout aussi bien le droit de dire Écoles de France, et d'y ranger, à l'origine, les Brugeois, les Gantois, les Tournaisiens, les Lillois, etc., parlant le français.
L'unité de langage assure l'unité de travail, aide à la formation des centres artistiques et sociaux.