O orgueilleux miroir, refléter notre monde ne te satisfait pas.
Tu l’épies aussi, plein d’envie.
Oh ! Méfiez-vous de vos reflets, car ils sont vos maîtres.
Ils veulent désespérément nous faire ressembler à ce qu’ils aimeraient être.
Dans l’espoir de prendre un jour notre place, ils nous poussent à prendre soin de nos corps, à manger de manière équilibrée, faire du sport et entretenir l’élasticité de nos dermes… car nos reflets ne veulent pas vieillir.
Et comme ils veulent s’extirper du néant où ils végètent, dans l’expectative, ils nous poussent à trouver mille prétextes pour que nous nous mirions dans n’importe quelle surface réfléchissante. Peu leur importe : miroir, vitre, eau… tout leur est bon !
Ils n’existent que lorsque nous les regardons… enfin c’est ce que nous croyons et ce que je croyais moi aussi.
Folle que j’étais !
Fous que vous êtes !
Pas le temps de bavarder ou simplement de s’excuser quand un jeune, ou un vieux sot vous bousculaient ! Les gens étaient bien trop pressés… comme s’ils croyaient La Mort sur leurs talons : les imbéciles, persuadés de La fuir, se précipitent… précisément là où les attend Sa faux !
Certains aiment parler « d’énergie » ou de « vibrations » pour expliquer cette impression vague que l’on peut ressentir à certains endroits qui semblent nous raconter une histoire dans de vagues chuchotements que l’esprit conscient a bien du mal à comprendre.
À croire que l’œuvre poursuivait toute seule la quête de perfection insufflée en elle par son créateur. Aussi incroyable que cela puisse paraître, on pouvait passer toute une vie à contempler un tel chef-d’œuvre sans jamais y trouver l’ombre d’un défaut.
Comme en vous contemplant
dans le miroir :
La forme et le reflet se regardent.
Vous n'êtes pas le reflet
mais le reflet est vous.
Hokyo Zan Mai