Écoute
Nous marchons
L'air est chargé
De mots d'oiseaux
Moi
Je parle de plénitude
Toi
Tu peuples le vide
En silence.
Entre le soleil et l'ombre
Chaque corps creuse la lumière
Et se débat
Dans les copeaux du ciel
Vivre nous inquiète
Aimer nous rassure
S'il le fallait
Notre ombre témoignerait pour nous.
La mouette se gargarise
De l'infini voyage
De son cri.
J'aime venir ici
Aux heures de broussailles
Et de friche
Il se trouve toujours
Un sentier à découvrir
Une trace à quémander
Aux ronces
Sur les feuilles
On entend marcher
Le coeur
Et
Le vent
À part égales
Et l'on trouve toujours
Un muret
Un tronc familier du lierre
Où accueillir sans bruit
Les mots du jour.
Débris de barques
Arbres et branches
à bout de sève
Devenus bois de mer
Construisent un embarcadère
Pour nos regards en mal de rêves
Et de voyages.
Feuilles surprise
à l'instant du bourgeon
d'une heure à l'autre
elle déplie sa vie fragile
de vert patient et obstiné
et elle vibre la sève
inquiète et douce
elle voudrait calmer le temps
le temps
lui
ne s'arrête pas.
Le chemin nous assaille de cris
Il nous rapporte la musique des saisons
plaintes brisées de feuilles mortes
roulant dans le moulin des pierres
Les galets se préparent en silence
à la poussière de demain
au vent qui guide la lumière
Alors
nous connaîtrons
dans quelle pierre se cache
le chant.
Rien n'est à nous
Ni le vent
ni la mer
ni l'écume
Ni les odeurs
ni l'ombre qui nous accompagne
Notre envie de marcher justifie le chemin
Notre envie et rien d'autre
Et quand nous avançons
à chaque mouvement du corps
nous réinventons la lumière.
Trouver la pierre du reflet
La pierre intense et vive
comme l'ardeur inquiète d'un sourire
sur le visage ouvert des sentiers
Trouver la pierre
feuillage d'ombre
La poser sur le sable
La fixer aux amarres du ciel
et ancrer fermement son double
à l'envie des paupières.