Je vous écris
avec des mots de terre humide
des mots de vagues et de vent tiède
dans le silence de mes yeux
Je vous parle
comme la terre qui fume
après la pluie d’été
Je vous écris et je vous parle
pour fixer un peu
les orages
– instantanés de la lumière
filigranes du souvenir –
ignorant la trace du feu
quand nous avons clos les paupières.
La nuit
plus rien n’existe
L’obscurité gomme les formes
étouffe les bruits
La mer demeure
vivante d’une rumeur qui ne cesse pas
On l’entend compter les jours
sur les grèves sombres
en mouillant le sable du temps
Et parfois
quand les nuages se défont
les étoiles mènent à la lumière
un étang de cristal.
Je me souviens des heures bleues
où la nuit dérime de soleil à ciel
Des heures fragiles
brodées aux limites effrangées du jour
C’est alors que nait
un désir de flamme pour les yeux
et de feu pour les mains
Le silence marche sur un fil
et nous entrons dans la grande nuit végétale
Le regard devient inutile
et le monde est à écouter.
Sous le poids du soir
les couleurs épuisées
rejoignent les racines
Si nous fermons les yeux
nous retrouvons quelque chose du monde
des éclats de lumière
et l’histoire des bruits étouffés
de la nuit
Alors
les étoiles nous bercent
dans les balancelles
de silence.
La vague imprime au sable
un mouvement de flamme
Caresse de lumière
venue du plus loin que le ciel
Front de mer
aux rides baignées de vent
à la lisière du silence
Ici
les algues
qui sont au bout du voyage
tapissent nos mémoires.