Le diable est dans les détails, dit-on.
Chez
Boulgakov, le diable est dans la bureaucratie soviétique, embusqué derrière les cloisons des administrations, à l'affût , dans les claviers agiles des secrétaires, sous les casquettes cirées des fonctionnaires.
Le pauvre Korotkov en fait l'expérience à ses dépends..
Il a maille à partir avec son chef de bureau, un certain Caleçoner.. Dès lors tout dérape: on ne lui paye plus son salaire qu'en nature, avec la production elle-même - des allumettes diaboliques qui vous explosent dans les doigts, vous font de terribles coquards et laissent un sillage inquiétant de soufre derrière elles. Il perd ses papiers: il n'est plus personne, même son patronyme est écorné..
Son tortionnaire lui-même se dérobe à toute explication: Caleçoner se dédouble, tantôt chauve et violent, tantôt fourbe et fuyant, doté d'une barbe assyrienne: impossible pour le pauvre rond-de-cuir de trouver un sens à ce dérèglement irrationnel qui se termine dans une apocalypse grotesque digne de Jérôme Bosch...
On comprend bien la vindicte de
Boulgakov à l'égard de la bureaucratie stalinienne qui lui fit mille et une misères , mais j'ai largement préféré
Coeur de chien, pour la satire et
le Maître et marguerite pour les diableries d'un pouvoir machiavélique..
Le récit est haut en couleurs mais le fantastique, un peu vain, ne m'a pas frappée de stupéfaction comme dans le Maître ni fait rire jaune comme dans
Coeur de chien..C'est très bien écrit, très bien traduit aussi et illustré mais cela m'a laissée un peu froide..
Diable, diable,il me faut des émotions plus fortes pour m'émouvoir que ces petites diableries de bureau...