Mickaël Boulgakov, auteur de romans, de nouvelles, de livrets d'opéra et de pièces de théâtre, persécuté par Staline et censuré, ayant connu les affres de la création et la difficile relation avec le pouvoir, ne pouvait qu'être le seul à rendre un si vibrant hommage à
Molière. Certes un temps le protégé du roi Louis XIV,
Molière connut aussi la censure et les rebuffades que son impétuosité et sa liberté de penser provoquaient.
Boulgakov nous montre ici un
Molière que les délicates relations avec la cour et ses sbires, les amours malheureuses, le travail acharné, les nuits blanches, la dépression puis la maladie ont fini par faire sombrer. le dernier acte de la vie de
Molière est écrit par
Boulgakov d'une façon extrêmement belle et tragique, très cinématographique ; ainsi, nous le voyons le regard perdu, sa femme infidèle enfin touchée, les valets courant en tout sens pour essayer en vain de trouver un médecin, la mort qui s'approche inexorablement et enfin le cortège funèbre, improvisé par ses quelques amis fidèles admirateurs (dont
La Fontaine, le peintre Mignard ou encore
Boileau) pour l'emmener en terre , cheminer le soir tombé, flambeaux à la main, sous le regard désabusé de quelques badauds qui ne savent pas alors quel génie disparait.
Ne vous attendez pas, en ouvrant ce livre, à une biographie linéaire , il est surtout là question de la création et de ses doutes. Cela donne envie de relire
Molière et , pour ma part, de découvrir
Boulgakov.