AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 283 notes
5
18 avis
4
17 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis

Boulgakov aimait le théâtre, il a écrit des pièces et adapté pour la scène plusieurs romans, notamment de Tolstoï, Gogol, Dickens et Maupassant. Mais victime la plupart du temps de la censure, il a dû occuper des emplois obscurs d'assistant au Théâtre d'art et au Bolchoï en attendant de voir ses oeuvres jouées.

C'est cette passion théâtrale qui l'a conduit naturellement à écrire ce roman sur la vie sur Molière, un homme qu'il admirait. Un portrait où, de sa naissance à son éveil au théâtre initié par son grand-père, de ses difficultés de jeune comédien à sa consécration avec la protection de Philippe d'Orléans puis de Louis XIV, Boulgakov, avec son ironie coutumière, imagine ce qu'il ne peut pas savoir.

Une oeuvre vivante et pleine de fantaisie où l'on retrouve toute l'affection et le respect de Boulgakov pour le comédien et dramaturge français, un homme qui comme lui avait la passion et le génie du théâtre.
Commenter  J’apprécie          580
Une très belle biographie que ce «Roman de Monsieur de Molière» qui est un véritable roman historique. Une vie passionnante et bouleversante: le refus d'être tapissier comme son père, la découverte puis la passion du théâtre, la troupe itinérante en carriole, la misère et la pauvreté, les échecs puis le succès et la gloire… Dans la lumière du Roi Soleil qui aimait à se déguiser voire même à danser dans les fameuses comédies-ballets de cette époque, Molière n'en fût pas moins interdit de représentation à maintes reprises: Les Précieuses Ridicules, le Tartuffe,…
Molière n'est pas mort sur scène -il s'en fallut de peu-mais à son domicile de la rue de Richelieu à Paris, juste après la quatrième représentation du Malade Imaginaire. Il venait d'avoir 51 ans.
Sa femme Armande devra supplier le roi Louis XIV pour que Molière soit enterré dignement et non jeté à la fosse commune comme l'étaient tous les comédiens de cette époque.
Signe de la place emblématique qu'occupe cet auteur et acteur de génie dans notre culture, le français est aujourd'hui encore couramment désigné par la périphrase « la langue de Molière ».

Un livre profond et riche, tendre et humain, un regard pointu et vif sur la société du XVIIè , sous la plume magistrale de Mikhaïl Boulgakov.
(écrit en 1933 et publié neuf ans après la mort de Staline, en 1962)

J'ai trouvé ce livre dans la superbe boutique de la Comédie Française, place Colette à Paris, jouxtant les jardins du Palais Royal…
[ En effet l'écrivaine Sidonie-Gabrielle Colette native de Bourgogne vécu à Paris pendant de longues années, et les fenêtres de son appartement parisien -où elle mourut le 3 août 1954- donnaient sur ces mêmes jardins. ]
Commenter  J’apprécie          558
Moscou. 1933. Dans un appartement quelconque, un dramaturge empêché vient d'accoucher d'une pièce de théâtre. Les dizaines de feuilles, noircies de mots, jonchent le sol. C'est qu'il y a eu complication. Il a fallu trouver le juste milieu entre l'imaginaire débridé de l'auteur et l'âpre réalité de l'union soviétique. Mais il est trop tard pour revenir en arrière dès que la conscience s'en est mêlée. Les personnages sont nés sur des morceaux de papier et ne demandent plus qu'une chose: s'incarner dans la peau de comédiens.

L'auteur a conscience que cette pièce, comme les précédentes, sera frappée par la censure. Tout au plus lui laissera-t-on le droit de faire une ou deux représentations pour la forme. Histoire de créer une illusion culturelle au coeur de l'URSS stalinienne. Mais le dramaturge russe n'en a cure, il aura beau être muselé, cela ne l'empêchera pas d'écrire et de créer des oeuvres en lien avec les planches. J'en veux pour preuve son livre sobrement intitulé le roman de monsieur de Molière et vous propose une petite analyse de ce livre écrit par un certain … Mikhaïl Boulgakov.

Dès l'entame du récit, nous sommes mis devant un fait accompli. Il s'agit d'une biographie romancée sur la vie du célèbre dramaturge français. Cette manière de procéder permet à Boulgakov de prendre les habits du conteur et de faire naître, devant nos yeux de lecteur, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière. le ton utilisé et les mots choisis nous immergent avec légèreté dans l'histoire de cet homme sans nous demander de connaissances spécifiques. Cette manoeuvre a le mérite de nous apprendre des faits sur Molière en évitant l'écueil des détails trop techniques qui nuiraient à la lecture:

“ Sur la scène se jouait une farce d'une insolence débridée, qui n'avait rien d'innocent: c'était la farce des moeurs et des coutumes de Paris d'alors, et ceux qui vivaient ces moeurs et créaient ces coutumes se trouvaient là, dans les loges et sur la scène. le parterre riait aux éclats et pouvait les désigner du doigt. Il avait reconnu les grands seigneurs des salons, que l'ancien tapissier couvrait ainsi publiquement de ridicule. “

Boulgakov passe en revue la vie de Molière à travers le prisme de ses pièces de théâtre. Nous apprenons dans quelles conditions étaient écrites chacune de ses comédies mais aussi comment se passèrent les représentations. le dramaturge français a commencé à Paris avec sa troupe de l'Illustre Théâtre et s'est royalement cassé la gueule au point de devoir quitter la capitale. Suite à cette déconvenue, il parcourra les régions de France pendant plus d'une décennie. Il n'aura de cesse de monter sur les planches avec sa bande de comédiens afin d'y jouer les classiques de l'époque, sans le succès escompté. C'est aussi durant cette période qu'il écrira ses premières pièces teintées de comédie. A ce titre Boulgakov, semble-t-il, est arrivé à cerner ce qui fit défaut chez le jeune Molière qui s'entêtait à jouer des tragédies alors que son génie résidait dans la comédie et la farce. Dès qu'il en prendra conscience, son nom sera sur toutes les lèvres et arrivera jusqu'aux oreilles du Tout-Paris.

Molière reviendra alors dans la capitale française et ses pièces feront rire aux éclats ou grincer des dents mais plus jamais elles ne laisseront indifférentes comme c'était le cas au début de sa carrière. Ses pièces étaient tellement osées pour l'époque — à se moquer de la petite bourgeoisie parisienne et de l'Eglise — qu'elles flirtaient à chaque fois avec la censure. le travail du dramaturge avait la chance d'être apprécié par Louis XIV en personne. Et c'est sans doute ce qui lui valu de rester en haut de l'affiche alors que ses détracteurs l'attendaient au tournant dans le but d'interdire ses pièces. Ce qui arriva parfois! A l'instar des oeuvres théâtrales de Boulgakov qui furent quasi toutes censurées par le régime communiste.

Le roman de monsieur de Molière est aussi l'occasion de faire connaissance avec les moeurs du XVIIème siècle. Nous y apprenons, entre autre, l'existence de l'orviétan, ce médicament présenté sous forme de remède miracle mais qui était en fait l'oeuvre d'arnaqueurs sans scrupules dont Molière s'est moqué dans sa pièce l'Amour médecin:

“ Les baraques du Pont-Neuf accueillaient des médecins ambulants, des arracheurs de dents, des charlatans apothicaires qui vendaient aux gens des panacées qui guérissaient de tous les maux. Pour attirer l'attention sur leurs boutiques, il s'abouchaient avec des saltimbanques de rue, parfois avec de véritables acteurs qui avaient déjà pris pied sur les planches des théâtres et l'on assistait à de véritables représentations à la gloire des médications miraculeuses. […] Tout Paris parle d'un homme aussi extraordinaire que mystérieux, un certain Christophe Contugi. Il a engagé toute une troupe et donne sur une estrade des spectacles de polichinelles, grâce auxquels il vend une bouillie médicinale qui guérit tous les maux, et qu'il a baptisé Orviétan. ”

En conclusion, le roman de monsieur de Molière est un livre écrit par le passionné de théâtre qu'était Mikhaïl Boulgakov. Il permet aux novices (dont je fais partie) de rentrer dans l'oeuvre du célèbre comédien français et de découvrir des éléments historiques de la vie courante durant le XVIIème siècle. Certes, l'auteur russe n'a pas, encore, le degré d'écriture de son oeuvre phare le Maître et Marguerite mais cette biographie se laisse lire avec un certain plaisir 😉


Lien : https://lespetitesanalyses.c..
Commenter  J’apprécie          371
Tout le monde connait Molière et a au moins lu une de ses nombreuses pièces de théâtre pendant sa scolarité. Je n'ai pas échappé à la règle et je me souviens qu'a chaque fois je prenais beaucoup de plaisir a étudier les écrits de Molière. Malgré ça, je connaissais peu de choses sur sa vie et cette biographie m'a beaucoup plu.
L'auteur l'a rendue très vivante, à mi chemin entre le roman car on n'a vraiment l'impression d'y être et seuls les éléments biographique, historique et les célèbres tirades issus des pièces de théâtre nous rappelle qu'il s'agit bien d'une biographie. Un bel hommage à cet artiste qui a dédié sa vie au théâtre et qui nous laisse de très belles pièces.
Commenter  J’apprécie          340
JBoulgakov a écrit là un livre merveilleux, qui rend si vivant notre Molière, dont nous parlons la langue, dont nous connaissons la « Maison », toujours là au Palais Royal, et dont l'oeuvre, je trouve, s'est malheureusement, empoussiérée au passage dans les manuels scolaires.
D'ailleurs, j'émettrais bien un voeu, ça ne me coûte rien, c'est que ce livre soit au programme de français du Bac, car, bien qu'écrit par un auteur russe, né à Kiev, mort à Moscou, ce qui ne veut pas rien dire, pour parler comme Rimbaud, en ces horribles temps pour l'Ukraine, cette version romanesque est un magnifique hommage au théâtre français. Et en plus, venant d'un génie, qui encore plus que Molière, a connu les obstacles pour que ses pièces soient jouées, ou plutôt pas jouées en ce qui le concerne, car la censure de la dictature soviétique, c'est bien pire que ce qu'a subi Molière.

Dans ce roman, Boulgakov nous raconte, à sa façon pleine de verve et d'imagination, la vie de notre grand auteur, de sa naissance à sa mort.
Le fond est vrai, mais l'auteur y invente, y brode, il ne le cache pas, c'est un roman qu'il écrit. Il nous dit aussi sa perplexité sur certains faits, tel, par exemple, la question non résolue, sur le fait qu'Armande Béjart, sa femme, aurait pu être sa fille (reste il des ossements qui pourraient faire parler l'ADN? je ne crois pas).

Grâce à ce roman, j'ai appris pas mal de détails que je ne savais pas ou que j'avais oubliés, parmi lesquels, je ne peux les citer tous:
- que sa vocation viendrait de ce que son grand-père maternel l'emmenait voir des spectacles de rue et des représentations théâtrales à l'Hôtel de Bourgogne;
- que Jean-Baptiste avait fait des études de droit, mais l'affirmation qu'il avait obtenu la charge d'avocat, que Boulgakov nous présente comme vraie, n'est pas prouvée;
- qu'il a eu avant le succès et la gloire, un temps de « vaches maigres »: échec de l'Illustre Théâtre fondé à Paris grâce à une dot de sa mère, itinérance de sa troupe dans le Sud de la France pendant plus d'une dizaine d'années, avec un modeste succès, lié entre autres, à ce que Molière était un piètre acteur dramatique, du moins pour les goûts de l'époque (Boulgakov nous livre sa petite théorie sur la question, je vous laisse la découvrir);
- que le succès, qui restera constant, vient dès que Molière se met à écrire des comédies;
- que sa critique moqueuse des travers de ses contemporains dans ses pièces de théâtres, lui a valu des ennuis de toutes sortes, comme, lors des représentations, des vociférations des personnages s'étant trouvées raillés par l'auteur, aussi des menaces, des procès, etc…Le pire a été son « Tartuffe »; en effet, son portrait sans concession de ce dévot hypocrite a déclenché les foudres du clergé, la pièce étant considéré comme impie, anticléricale. La première représentation sera repoussée de nombreuses fois suite à des interdictions successives, la dernière étant celle de l'Archevêque de Paris. Finalement, il convaincra Louis XIV d'autoriser la représentation.
- que Molière avait une créativité débordante et travaillait à une vitesse incroyable. En quelques jours, certaines pièces ont été écrites, mises en scène, répétées, et représentées. En cela, il me fait penser à Shakespeare, l'autre Grand du théâtre, dont on se demande comment il a pu faire pour écrire en peu de temps tant de chefs-d'oeuvre.
- que le fait qu'il a eu pour protecteur d'abord le frère de Louis XIV, le prince d'Orléans, puis Sa Majesté, l'a amené à créer des pièces de circonstances, avec des ballets pour un Roi qui adorait la danse, et dansait lui-même très bien;
- que la parodie des Turcs dans le Bourgeois Gentilhomme, lui aurait été suggéré par le Grand Louis qui n'avait pas trop apprécié l'attitude méprisante du Sultan d'Istambul qu'il avait accueilli en grande pompe;
Et puis, et puis, …je m'arrête là.

Un des traits de caractère de Molière, que je connaissais pas, c'est qu'il était dit-on, neurasthénique, sujet à des accès de dépression, bref un clown triste, comme le sont souvent les grands humoristes, et en cela, j'ai tout de suite pensé à Chaplin, qui lui non plus n'était pas follement gai.

Par contre, il était quelqu'un de très agréable, attentif non seulement à ses comédiennes, ça on l'imagine bien, mais aussi à ses comédiens. le genre chef d'équipe, animateur bienveillant, pas hautain pour deux sous, harceleur encore moins.

Boulgakov nous fait vivre « en direct » les péripéties de la création des pièces, c'est vivant et jubilatoire.
Jusqu'à ce célèbre Malade Imaginaire, dans lequel il règle notamment ses comptes avec le corps médical de l'époque, lui qui était atteint de tuberculose, et mal en point lorsqu'il commença à jouer la pièce.
Et qu'il soit pris d'un malaise, doive rentrer chez lui, au 40, rue Richelieu, et y mourir, vraisemblablement d'une hémoptysie massive.
Et sa veuve qui devra supplier le Roi pour que le comédien, dont le métier est « impur » et donc n'a pas le droit aux obsèques religieuses, ni au cimetière des bons chrétiens, puisse avoir une sépulture, et notre Molière sera enterré dans le carré réservé aux suicidés et aux enfants non baptisés.

J'ai trouvé ce roman très réussi. On n'y trouve pas la beauté de construction et la profondeur philosophique du Maître et Marguerite. Mais, c'est, par delà l'hommage à l'immense auteur et comédien, un hommage vibrant, émouvant au théâtre. Et qui donne envie de relire toutes les pièces du grand homme de théatre.

Et les dernières phrases du livre sont particulièrement touchantes: « …il quitta un jour le morceau de terre où restèrent les suicidés et les enfants non baptisés pour s'installer au dessus de la vasque d'une fontaine asséchée (N.B. La belle fontaine Molière, située devant son domicile, a été enfin rénovée en 2022). le voilà! Il est là, le comédien royal, avec des noeuds de bronze à ses souliers! Et moi, qui n'ai jamais eu l'occasion de le voir, je le salue et lui dis adieu. »

Commenter  J’apprécie          327
Assis face à une feuille de papier dans sa maison russe, Mikhaïl Boulgakov imagine en 1932 la naissance de Jean-Baptiste Poquelin et donne des conseils à l'accoucheuse pour qu'elle mette au monde sans maux cet enfant qui sera un génie. L'auteur russe, amateur de théâtre et adorateur de Molière, nous raconte l'enfance du comédien, ses journées passées dans les théâtres parisiens avec son grand-père, ses disputes avec son père tapissier du roi et son envol hors de la maison lorsqu'il décide de monter sa troupe de comédiens au grand désespoir de son père. Les ennuis débutent alors pour Molière qui forme un couple passionné par le théâtre avec Béjart et prêt à tout pour se faire un nom sur les planches. Les honneurs, la protection de Louis XIV, la gloire et les haines des hommes d'Eglise, des médecins, des Précieuses, des auteurs et comédiens jalousant son succès inspirées par ses oeuvres Tartuffe, Les Précieuses ridicules et Dom Juan.

Mikhaïl Boulgakov retrace la vie du comédien avec passion et brio. L'auteur russe aime profondément le dramaturge français et cet attachement rend ce livre très touchant. Ce n'est pas une biographie froide et neutre mais une ode au théâtre et une déclaration d'amour à Molière. le roman de Monsieur Molière est passionnant. J'ai eu envie de le lire parce que j'aime cet auteur mais je pense que des lecteurs n'appréciant pas forcément ses pièces peuvent lire avec plaisir ce roman. Au collège, je n'aimais pas particulièrement Molière lorsqu'on l'étudiait en classe mais en le lisant en prépa et à la fac j'ai appris à aimer Molière et à comprendre son immense génie et sa modernité. Boulgakov ne raconte pas que la vie de Molière mais il narre également les aventures et déboires des comédiens et auteurs de l'époque et la vie à Versailles. J'ai beaucoup aimé l'écriture de Mikhaïl Boulgakov empreinte d'ironie et qui écorche les médecins de l'époque, les catholiques et leurs représentants et les ennemis de la culture et du rire. le roman de monsieur Molière est un monument à la gloire du comédien érigé avec amour et admiration.
Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
Commenter  J’apprécie          190
Presque rien n'a changé depuis ce 17eme siècle, courir le cachet et les faveurs des "grands" pour les artistes en tout genre. Une plongée dans ce siècle qui a vu tant de nos classiques scolaires éclore et se débattre dans les affres de la survie artistique, mais aussi alimentaire.
L'amour des comédiens et des "saltimbanques", a du inspirer et motiver Mikhaïl Boulgakov pour entreprendre les recherches nécessaires pour nous restituer la vie de Molière et de ses contemporains. L'amour du théâtre pour nous rendre si vivants les affres de l'auteur et du comédien.
Je ne sais si ce roman à inspiré la série des années 80, il me semble, avec Philippe Caubére, sur la vie de Molière, mais en tous les cas, les images et l'intensité du jeu, m'ont accompagné tout le long de la lecture de ce roman, qui bien "qu'historique" semblait contemporain par bien des aspects.
Jean Baptiste, un génie, qui comme tous les génies, était "décalé" par rapport à son époque.
Intemporel donc immortel.
Commenter  J’apprécie          160
Sous la forme d'un roman, Boulgakov fait revivre, « à la lueur des bougies », Jean-Baptiste Poquelin dit Molière né en 1622 à Paris. Son statut d'aîné de la famille le destine à reprendre le commerce de son père, tapissier pour la Cour. Mais l'appel des arts de la scène l'emporte sur tout : renié par les siens, il se lance sur les routes avec sa troupe de comédiens et rapidement, il se met à écrire ses propres pièces de théâtre. Ses tragédies ne plaisent guère mais ses farces et comédies le propulsent à l'avant-plan du milieu théâtral. Protégé par le roi Louis XIV lui-même, son avenir est assuré malgré quelques accrocs à sa réputation et les critiques constantes de ses rivaux.
Fin observateur de ses contemporains, Molière a transposé leurs travers dans ses écrits et peu de types et de professions ont échappé à ses railleries au fil des années.
J'ai apprécié cet ouvrage hautement évocateur, bien écrit et traversé d'un humour fin. Et j'ai fortement envie de relire deux romans de Mikhaïl Boulgakov que j'avais lus il y a fort longtemps, soit La Garde blanche et le Maître et Marguerite, contenus dans le présent volume emprunté à la Bibliothèque municipale.

Commenter  J’apprécie          150
J'avais adoré le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov et j'adore Molière et ses pièces. Alors quand j'ai découvert que l'auteur russe avait écrit un roman sur la vie de l'auteur de théâtre français, je l'ai aussitôt ajouté dans ma liste de livre à acheter et quand ce fut fait, il n'est pas resté très longtemps dans ma PAL. Mais j'avais de très haute attente sur ce roman et je savais que je pouvais être déçue. Heureusement, cela n'a pas été le cas. Même si ce roman n'est pas à la hauteur de l'excellent le Maître et Marguerite, j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la narration fantasque et l'humour de Mikhaïl Boulgakov. A sa manière de s'adresser aux personnages et de commenter les événements à la lumière de l'histoire on ressent toute l'admiration que l'auteur porte à “son héros” comme il l'appelle régulièrement.

De sa naissance à sa mort, Mikhaïl Boulgakov retrace toute l'histoire de la vie de Molière. Si j'en connaissais déjà certains aspects comme son itinérance de comédien ambulant avant ses succès à Paris, j'ai beaucoup apprécié de pouvoir découvrir les épisodes les plus marquants de son enfance, comme la passion du théâtre transmise par son grand-père et l'éducation reçue dans un des plus grands collèges de France.

La partie la plus importante du livre est consacrée au récit de l'écriture, de la mise en scène, des représentations et de l'accueil du public vis-à-vis des pièces de Molière. Là encore, les grandes lignes m'étaient connues mais d'autres événements ont été une complète découverte. J'ai aimé découvrir l'accueil enthousiaste que certaines pièces méconnues de nos jours ont reçu à l'époque tandis que d'autres étudiées par les collégiens à l'heure actuelle n'ont fait que très peu de représentations au XVIIème siècle.

La vie privée plutôt malheureuse de Molière et ses états d'âme sont racontés en filigrane tout au long du roman et permettent de mieux appréhender le choix des thèmes abordés et les critiques faites dans ses différentes pièces par Molière. Car il était un auteur qui se servait principalement de son vécu et de ce qu'il voyait autour de lui pour écrire.

Très bien documenté et romancé à la sauce Boulgakov, cette biographie qui ne prétend pas en être une m'a offert une agréable plongée dans le monde du théâtre et de la cour du XVIIème siècle. Et bien sûr cela m'a donné envie de relire l'intégralité des pièces de Molière à la lumière de ce que j'ai appris avec ce roman.
Lien : https://aubonheurdemadame.wo..
Commenter  J’apprécie          140
Mickaël Boulgakov, auteur de romans, de nouvelles, de livrets d'opéra et de pièces de théâtre, persécuté par Staline et censuré, ayant connu les affres de la création et la difficile relation avec le pouvoir, ne pouvait qu'être le seul à rendre un si vibrant hommage à Molière. Certes un temps le protégé du roi Louis XIV, Molière connut aussi la censure et les rebuffades que son impétuosité et sa liberté de penser provoquaient. Boulgakov nous montre ici un Molière que les délicates relations avec la cour et ses sbires, les amours malheureuses, le travail acharné, les nuits blanches, la dépression puis la maladie ont fini par faire sombrer. le dernier acte de la vie de Molière est écrit par Boulgakov d'une façon extrêmement belle et tragique, très cinématographique ; ainsi, nous le voyons le regard perdu, sa femme infidèle enfin touchée, les valets courant en tout sens pour essayer en vain de trouver un médecin, la mort qui s'approche inexorablement et enfin le cortège funèbre, improvisé par ses quelques amis fidèles admirateurs (dont La Fontaine, le peintre Mignard ou encore Boileau) pour l'emmener en terre , cheminer le soir tombé, flambeaux à la main, sous le regard désabusé de quelques badauds qui ne savent pas alors quel génie disparait.
Ne vous attendez pas, en ouvrant ce livre, à une biographie linéaire , il est surtout là question de la création et de ses doutes. Cela donne envie de relire Molière et , pour ma part, de découvrir Boulgakov.
Commenter  J’apprécie          122




Lecteurs (740) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1270 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..