Mon avis :
En lecteur attentif que vous êtes, vous l'aurez deviné, ce roman est à l'image de sa quatrième de couverture que j'ai recopiée telle quelle : bavard, en non exempt de coquilles et autres acrobaties syntaxiques… Mais entre le moment où l'auteur m'a confié son ouvrage et aujourd'hui, d'autres que moi ont soulevé ce problème, et à l'heure où j'écris ses lignes, ce livre a été retiré de la vente. Je suppose que
Max Axel Bounda a tenu compte des retours et s'emploie à le corriger. Je ne m'étendrai donc pas là-dessus, pas plus que sur la quantité impressionnante de répétitions, qu'elles soient de mots ou d'idées. Il est vrai que certains passages sont assez redondants.
J'espère que sa relecture ne s'arrêtera pas aux problèmes d'orthographe ou de grammaire, car, outre ses défauts, j'ai relevé quelques incohérences, la plupart causées, il me semble, par une méconnaissance du sujet. Pour exemple, je parlerais de cet hélicoptère qui continue à planer alors que ses rotors se sont arrêtés… Un appareil de ce type ne plane pas ! Si les rotors ne font plus leur travail, il tombe. D'autre part, on a du mal à croire que des pilotes expérimentés puissent décoller sans avoir fait tous les contrôles nécessaires. Une panne de carburant est tout à fait improbable, et c'est pourtant ainsi qu'on nous présente les causes de l'arrêt du moteur. Même si on apprend, beaucoup plus loin, qu'il ne s'agit pas de cela. Contradiction qui ajoute d'ailleurs une nouvelle erreur : « Les registres et les compteurs sont formels. le Nkusu One avait une semaine de carburant à son bord lors du décollage. » Aucun hélicoptère n'est capable d'embarquer assez de carburant pour rester en vol aussi longtemps !
Soit, l'auteur ne connaît rien aux hélicoptères et il existe certainement des milliers de gens dans son cas… mais un auteur, justement, se doit de savoir de quoi il parle, et aujourd'hui, avec internet, on n'a aucune excuse à ne pas se renseigner.
Des incohérences, il y en a d'autres, et pas toujours dues à un manque de connaissance ; comme ce cadavre coupé en morceaux et brûlé au fond du jardin, dont on retrouve un bout de doigt calciné dans la poubelle de la cuisine… On regrettera également la fin, qui omet de revenir sur des choses importantes… mais je ne vais pas spolier !
Je ne ferai pas ici la liste de tout ce qui m'a interpellé, j'en ai plus de deux pages, et je n'ai pas tout noté !
Cette
Opération Forêt des Abeilles est donc un roman raté ! Et c'est bien dommage, parce que malgré tous ces défauts, il porte un vrai potentiel.
D'abord parce qu'il nous propose un vrai polar africain qui ne cherche pas à ressembler à ce qui se fait ailleurs (ce qui n'empêche pas les nombreuses références à certaines séries américaines).
Ensuite parce que
Max Axel Bounda sait construire une histoire, à défaut de maîtriser tous les rouages du métier. S'il y a des détails à rectifier, l'ossature est solide et tout est à sa place !
Enfin, parce qu'il est un auteur engagé ! À travers un roman qu'on classe d'office dans la littérature populaire, il fait une peinture sans concession de la société gabonaise. La politique, l'armée, les ingérences étrangères dans les affaires du pays… Tout est abordé avec finesse et souvent un certain humour, sans tomber dans un excès revendicatif ou défensif, mais en témoin précis et méticuleux.
Et ça, c'est le début du talent… le reste n'est que travail ! Alors souhaitons que le prochaine version, corrigée, de ce roman mérite son plein de compliments.