- Je ne sais pas comment la joindre...
Je ne m'attendais pas à ce genre de réponse.
Mona, sa colocataire! Il vit avec elle, pourquoi n'arriverait-il pas à la joindre? En plus, elle était là hier.
- Elle n'a pas de téléphone portable? Je pourrais l'appeler? je demande.
Il sourit, se moque presque. Et son air rieur signifie un "tu ne connais pas Mona."
- Mona! Un portable?
Et puis quoi encore? Elle refuse d'être au service des autres, si elle a besoin d'un téléphone, c'est pour qu'elle téléphone! Elle refuse qu'on l'appelle.
Punk, asociale : voilà comment il me la décrit. Un fantôme! En marge de la société de consommation, altermondialiste, révoltée permanente, effrontée. Libérée. Les substantifs ne manquent pas.
Simon se lâche sans digression, me complète un tableau que j'avais bien deviné, le vernis d'une femme fragile balayée par le trop plein.
Sa sensibilité, ses photos, ses dessins sur le rebord de la fenêtre, comme une composition, la création d'une exposition, d'une galerie de portraits. Elle y brosse la peur, la médiocrité, l'exaltation, la chair...
Ce que l'on est. Pas grand chose en fin de compte. Elle dépeint ce que nous refusons tous de voir.
Cette fille est étonnante.