Citations sur Le Cimetière du diable (43)
- Au fait, tu les as trouvées où, ces fringues ? demanda-t-il.
- Sur un mec qui se trouvait dans le hall de réception. - Et qu'est-ce qu'il a sur le dos, lui, maintenant ?
- Probablement un sac de la morgue.
- Charmant. Je porte donc les sapes d'un mort. Encore chaudes. Depuis le temps que j'en rêvais. »
Laissez-moi résumer un peu, dit-il d'une voix tremblant presque sous le coup de la colère.
Vous tuez n'importe qui, sans distinction d'âge, d'origine ou de sexe, mais quand il s'agit soudain de Dorothy du Magicien d'Oz, subitement vous avez une conscience, c'est ça ?
- C'est à peu près ça, ouais. Ça vous pose un problème?
- Bien sûr que ça me pose un putain de problème !
Tandis que la cabine de l’ascenseur descendait au rez-de-chaussée, Sanchez priait pour qu'Elvis trouve un moyen de les sortir de la fâcheuse posture dans laquelle ils se trouvaient. Elvis devait forcément savoir comment se débarrasser d'un cadavre et se disculper d'un homicide. Après tout, ça faisait partie de son boulot. Il devait bien exister une méthode éprouvée pour régler ce genre de problème.
Jacko renfila ses lunettes noires. "Tu sais, c'est vrai, Emily : il arrive que les rêves se réalisent, dit-il en se levant. Mais il y a toujours un prix à payer".
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Sanchez réfléchit à cet aspect de l’affaire. De ce qu’il en savait, la fausse Judy Garland n’avait rien fait de mal. Et, un peu plus tôt, elle lui avait souri en lui disant bonjour. Aucun de ses sales cons imbus d’eux-mêmes ne s’était abaissé à en faire autant. Bande de ratés, pensa-t-il. S’prennent pour le nombril du monde, alors qu’ils en sont que le trou du cul.
– ’S’appelait Gabriel. Un homme de Dieu, si on veut.
– Un homme de Dieu ? Mais qu’est-ce qui aurait pu pousser un homme de Dieu à me menacer de mort ? C’est complètement fou.
– Les voies du Seigneur sont impénétrables.
« Sérieusement, t’as un plan, non ?
– Quelque chose va arriver, mec.
– Et comment tu le sais ?
– Il finit toujours par arriver quelque chose.
– C’est tout ? Il finit toujours par arriver quelque chose ? C’est ça, ton plan ?
– T’en as un meilleur à proposer ?
– Pas encore.
– Alors arrête de grogner.
– C’est toi qui arrêtes de grogner. »
« Vous l’avez tué, dit le type, au risque d’enfoncer des portes ouvertes.
– Tu crois ?
– Pourquoi est-ce que vous avez fait ça ? Joe est un type bien.
– Était.
– Hein ?
– Était un type bien. Maintenant, c’est un type bien, et mort.
La Dame Mystique n’avait pas l’air franchement convaincue. Moins de dix minutes après sa première gorgée de cuvée spéciale de Sanchez, elle alla s’enfermer dans les toilettes exiguës de l’autocar. En dépit de son supposé talent de prémonition, elle n’avait pas prévu que Sanchez lui ferait boire d’une flasque remplie de sa propre pisse.
Elle était grise, flanquée d’une petite plaque où se profilait un petit bonhomme noir, indiquant l’entrée de toilettes pour hommes. Comme à son habitude, Sanchez fut incapable de deviner le plan qu’Elvis avait en tête.
« Qu’est-ce qu’il y a ? T’as envie de pisser ? demanda-t-il.
– Non, Sanchez, répondit son ami d’un ton las. On va le planquer dans une des chiottes. Il leur faudra des heures pour le retrouver.
– Ah ! d’accord. Super plan. En plus, comme il pue la merde, ça passera complètement inaperçu. »