AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Aelynah


Voici venu le temps d'une lecture un peu différente et sombre que les lectures jeunesse que je lis en ce moment.
Le résumé nous parle ici d'esprit vampire et je l'avoue c'est une créature que j'affectionne particulièrement depuis mon adolescence. du Dracula de Bram Stoker au Radu de Philippe Lemaire en passant par les beaux gosses sexys de l'urban fantasy ou ceux plus sauvages et gores de David Wellington, le mythe a connu bon nombre d'interprétation plus ou moins réussie.

Je voulais donc découvrir ici la vision décalée telle que l'écrit Christelle Bourdon, qui a déjà derrière elle, semble-t-il la réputation de le revisiter à sa propre sauce au grand plaisir de ses fans dans son roman précédent :
Car ici aucune concession n'est faite à la pitié, à la tendresse, à la compassion. le vampire n'est plus un être de chair mais un être d'esprit possédant un hôte.
De plus l'illustration de couverture faite par Alexandra V. Bach dont la réputation n'est plus à faire, me laisse songeuse sur le contenu : sombre comme le marécage, glauque peut-être mais laissant transparaître un peu de lumière et de beauté.

L'histoire va de suite nous mettre dans le ton avec notre rencontre de Dawn, le héros, ou plutôt ici l'anti-héros du récit, le « personnage » principal si l'on peut dire étant plutôt l'esprit vampire qui l'habite, Dam Lay.
L'auteure a su par ses mots donner une consistance quasi palpable à l'esprit, qui semble avoir même une présence et ainsi une place importante du récit.
Par ailleurs malgré une description physique et morale de Dawn qui permet au lecteur de le cerner facilement et aussi de bien imaginer sa déchéance physique, il ne m'a pas convaincu et ne m'a aucunement donné envie de m'attacher à son existence.
Dawn est un paumé en phase terminale de cancer ayant vécu des années de « surplus » parce qu'il était habité par celui qu'il surnomme « l'Autre ». Cet autre, Dam Lay, qui est entré en lui dans les marécages du Vietnam dans les années 70 alors qu'il était sur le point de mourir.
Leur relation est conflictuelle, Dawn, soumis, au bon vouloir de l'Autre mais sans réelle ambition de changer cela. Il n'essaie absolument pas de diriger sa vie ou même d'y participer vraiment. C'est un passif, larmoyant et sans consistance.
Il faudra son arrivée dans le village de Sainte-Cécile où va se dérouler la partie majoritaire du roman pour voir un regain d'intérêt s'allumer en lui mais bien vite éteint par la peur du changement. Il incarne parfaitement l'anti-héros dans son côté énervant. Il n'est que regret pour tout. Regrets d'avoir accéder à la requête de l'esprit, qui l'a pourtant sauvé de la mort, parce que la contrepartie lui pèse et le dégoûte aussi. Ingurgiter des quantités de sang animal ou humain pour ne pas tomber en lambeau, corps pourrissant et gangréné n'est, il est vrai, pas des plus ragoutant.
Regrets ensuite dans le présent pour avoir vu son souhait exaucé et se voir abandonné par l'esprit. Il faut dire que cela l'a laissé dans un état de déchéance tel qu'il a bien failli ne pas y survivre et végète dorénavant dans un hôpital attendant la fin, cette mort qu'il redoute après l'avoir narguée et laissée en arrière dans les marécages du Vietnam.
Du coup, malgré tout cela, je n'ai pas réussi à accrocher du tout au récit, me demandant à chaque instant vers quoi me menait celui-ci et surtout ce que je faisais là à essayer de comprendre.
L'auteure semble vouloir nous diriger quelque part mais au fil des pages le lecteur cherche et ne trouve pas. Parfois pourtant ais-je cru voir des indices, des hypothèses se former mais sans pour autant me plonger dans la curiosité ou l'enthousiasme du lecteur avide d'en connaître plus.
Car nous vivons la vie de Dawn, d'abord sa jeunesse, ce qui l'a amené au Vietnam en compagnie de ces nombreux camarades, puis l'autre passé plus récent avant l'abandon et enfin ce présent, où, seul, décati et moribond il attend la mort dans la peur et les regrets.
De fait, je ne me suis pas sentie emportée par le récit ayant trop l'impression de visionner la vie de Dawn sans y participer, ou ressentir le moindre sentiment pour lui qu'il soit de pitié, de dégoût peut-être ou même d'empathie. J'ai suivi le fil comme j'aurais regardé un vieux film, d'un oeil en faisant autre chose ou surtout en attendant autre chose.
L'arrivée dans le récit de Raphaël va heureusement ajouter un petit plus car elle semble faire réagir notre anti-héros. Quoique réagir semble un peu trop fort. Dawn a alors dans ce village de Sainte-Cécile un moment de réaction, il semble pendant quelques jours tenter de vivre pour lui, malgré la présence constante de l'Autre. Il deviendrait alors presque intéressant car on espère un renouveau, une réaction qui va bouleverser l'état des choses et nous mener alors vers une histoire plus vivante dans sa noirceur, plus glauque même qui sait.
Car Raphaël est un personnage qui a du charisme. Jeune chanteur d'un groupe de rock un peu paumé, il dégage une aura de mystère et son infirmité particulière, les « pouvoirs » qu'elle lui confère nous font réagir enfin à quelqu'un. Il est hélas dommage que l'on n'en apprenne pas plus sur lui, même si son histoire ne reste pas totalement dans l'ombre.
Leur rencontre va être l'élément déclencheur de beaucoup de choses et aurait pu, du plonger le lecteur que je suis dans un sentiment fébrile d'anticipation pour les événements à venir. Ce ne fut hélas pas le cas, peut-être justement à cause de la distance trop grande prise dès le début envers le récit.
Pourtant la plume de l'auteure est agréable, ces phrasés sont fluides et dans un autre contexte j'aurais adoré la lire. Je pense qu'un récit plus classique m'aurait amené à plus d'enthousiasme dans ma lecture. le sujet était tentateur, le mythe revisité amenait la curiosité mais sans hélas pour moi y trouver cet attrait que j'y cherche habituellement.
Je ne reproche cependant rien à la plume de l'auteure, qui malgré mon peu d'attrait pour elle, n'est ni lourde, ni torturée comme aurait pu l'amener le sujet glauque et décalé de son récit. Elle sait créer une ambiance et le format de roman court doit emmener une histoire efficace pour les adeptes de ce style gothique et ténébreux, un tantinet ésotérique par les pouvoirs de Raphaël et la présence de l'Autre.
Ca ne sera hélas pas une lecture qui me marquera par le ressenti qu'elle me laissera mais qui doit pouvoir plaire à ceux qui connaissent déjà son style.
Commenter  J’apprécie          50



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}