Notre légende dit : qui sollicite le diable Boutifol est sûr d’être entendu. Je l’ai fait. Le diable m’est apparu, j’ai fait un pacte avec lui : ma vengeance contre mon âme. Je voulais anéantir le comte de Marson, responsable de notre malheur. J’étais jeune, naïf et, en ces temps, nous avions nos croyances. J’ai cru à la résurrection de ma sœur. Elle était revenue sur terre pour m’aider à obtenir justice. Nous avons fomenté un plan contre le comte et ses complices. Ce qui me tenait tant à cœur a fonctionné : je me suis vengé.
Plus que jamais, il avait besoin de se confier. Croiser son fils l’aurait aidé. En cet instant, la soif le taraudait. Il pensa que l’alcool lui enverrait quelque vigueur, du courage aussi.
Ceux qui aiment les gens aiment le vin.
C’était un de ses endroits où les palabres s’animaient autour d’un verre, où les rumeurs prenaient vie. Ici, gens du village, chasseurs et intempérants par vocation se croisaient, s’encanaillaient, riaient et se battaient. Les femmes, elles, n’y entraient jamais.
Elle a toujours su que le vin était un plaisir et l’écriture une passion.
Je n’aime ni l’empereur ni les militaires. J’ai toujours su que le fusil d’un soldat pouvait tirer sur des femmes et des enfants. Savez-vous pourquoi votre « Napoléon » a déclaré la guerre à la Prusse ? Pour détourner le peuple de l’envie de se révolter ! Mais vous verrez, monsieur le général, cette guerre va au contraire raffermir les volontés. Et malheureusement, les injustices trouveront leur écho dans le sang des plus faibles !
Ce qu’il remarqua surtout, c’étaient les longs doigts fins et gracieux, le cou effilé, un socle délicat pour une tête aux contours harmonieux. Il admira le visage de porcelaine qu’une bouche aux lèvres fines colorait d’un rose subtil. Mais ce dont il ne pouvait plus se détacher, c’était de cette paire d’yeux au bleu intense que la fatigue ne rendait pas moins beaux.
Sa langue claqua comme les pales d’un moulin ; ses joues firent danser le nectar et expédièrent la lampée frémissante au fond de la gorge. Le goûteur resta immobile, comme pour mieux apprécier l’étonnante sensation que lui procurait ce breuvage, une impression fulgurante. Cette saveur n’avait rien de comparable avec celles qu’il connaissait. C’était une boisson nouvelle, pétillante, rouge rubis et aussi douce qu’un berlingot.