J'avais adoré
Glaise, j'ai dévoré Né d'aucune femme.
Il y a quelque chose dans l'écriture de
Franck Bouysse qui me touche, un talent rare pour faire ressentir notre condition humaine. Pourquoi on vit, pourquoi on souffre, à quoi bon, quelle trace laisse-t-on ?
Bien sûr c'est plus joliment dit, et exprimé de manière poétique, voire artistique.
Et pourtant, l'histoire de ce livre est sordide.
Un homme miséreux, regrettant d'avoir eu quatre filles et aucun fils, vend son ainée pour tenter de retarder, au moins un peu, l'agonie de sa famille. Il le regrette instantanément, mais il n'y a pas de retour possible. Rose, la jeune fille vendue, va vivre un enfer.
Or il n'y a pas que de la noirceur dans ce récit, comme si toucher le fond permettait de donner le coup de pied salvateur.
La scène d'amour entre Rose et Edmond, dont on se rend compte au final qu'elle a été réelle et non fantasmée, est une des plus belles qui m'ait été donné de lire. Elle apporte de la luminosité au tableau, avec la fin heureuse, bien qu'un poil invraisemblable.
Ce roman est construit autour des ressentis de ses protagonistes, et met en place petit à petit toutes les pièces du puzzle. Les retournements de situation décuplent l'émotion qui était déjà au sommet.
Ce roman est bouleversant, et d'une plume envoûtante.