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Critique de colka


J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt les aventures de Clovis, Darius, Mr Jeb, Rita-Mae, Rita-Lu et bien d'autres... Quid de ces prénoms bizarres ? Ce sont ceux des chimpanzés dont Hope Clearwater s'est vu confier l'étude depuis qu'elle a accepté de travailler pour le parc national de Grosso Arvore, devenu réserve animale de pointe.
Dans ce roman : Brazaville plage, William Boyd se plaît à brouiller les cartes, à nous faire sourire ou rire, comme lorsqu'au début du récit, il plante le décor en créant dans ses descriptions de personnages, une amusante confusion entre comportement animal et humain, allant même jusqu'à pousser malicieusement le mimétisme entre l'exhibition des attributs virils chez Clovis, chef du clan des chimpanzés et Hauser, chef du laboratoire de Grosso Arvore et collaborateur de Hope.
Mais l'humour facétieux n'est pas toujours de mise et il laisse souvent place, au fil du récit, à une critique beaucoup plus acerbe lorsqu'il évoque le parallélisme qui s'installe entre la violence et la férocité de la guerre chez les chimpanzés et chez les hommes. Là encore, Boyd nous déstabilise et bouscule nos représentations du monde animal et de l'humain. Aux chimps, les stratégies guerrières sophistiquées, l'art du guet- apens et l'ultime férocité qui se traduit par des infanticides et des pratiques cannibales. Aux humains, la guerre d'opérette, dans un Etat africain imaginaire et dont les acteurs ne sont que des fantoches qui détalent à la moindre occasion ou meurent presque par accident, comme ce sera le cas pour Amilcar, le chef des rebelles dans une guerilla africaine complètement décontextualisée.
"Struggle for life" semble donc être le credo qui animent tous les combattants qu'ils soient animaux ou humains, avec pour ces derniers, en prime, un goût exacerbé pour la compétition et une mégalomanie sans frein...
Seuls remèdes face à cette noire conception de l'existence, une lucidité sans faille et un solide sens de l'autodérision. C'est en tout cas, les traits les plus marquants de Hope Clearwater, qui a élu domcile dans une maison au bord de la plage de Brazaville, après les désastres qui ont émaillé son existence à commencer son divorce avec John Clearwater, archétype du savant fou, perdu dans sa mono passion pour les mathématiques et son travail de chercheur. Tout aussi fou est Mallabar, le chef de mission de Grosso Arvore, éthologue de son état et qui va être pris d'un délire meurtrier lorsqu'il va constater que les observations de Hope contredisent ses propres travaux.
La recherche scientifique joue donc un rôle non négligeable dans le fil de l'intrigue, mais ce n'est, de mon point de vue en tout cas, qu'un prétexte pour démontrer que même dans un univers où l'on pourrait penser que rationalité et modestie sont de mise, on se trouve confronté à un monde impitoyable où tous les coups sont permis...
Noir de chez noir le roman de Boyd ? Pas vraiment si l'on en juge par la pirouette finale de l'épilogue qui vient à point pour "consoler" la lectrice ou le lecteur et lui souffler au creux de l'oreille : "Mais non, tout n'est pas aussi noir que tu le penses..."
Au final, un bon William Boyd si l'on accepte de suivre l'auteur dans cette histoire rocambolesque, tantôt féroce, tantôt joyeusement loufoque !
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