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Critique de TomRipley


Un petit chef d'oeuvre bien méconnu du roman d'anticipation.
Moins abouti et prémonitoire que 1984 (mais écrit 10 ans avant !) sur la description d'un possible monde futur, il n'en est pas moins une formidable et fine réflexion sur l'utopie d'un monde égalitaire où l'individu n'a de place et d'utilité qu'au service d'un état Monde.

On pourrait se dire qu'à l'heure actuelle du culte de l'individu et de l'individualisme, on a échappé à tout ça. Mais... C'est aussi la force de ce livre, qui finalement garde toute sa modernité, de nous amener à voir le monde contemporain d'un autre... oeil (pas celui qui est dans les murs des habitations du roman).
La grande toile mondiale est elle si différente, ou sera-t-elle si différente de l'état Monde ? Espace de liberté ou gigantesque prison ? Ouverture d'esprit ou pensée superficielle contrôlée et surtout propagée telle quelle "au service de la communauté".
Quant à la Kallocaïne, sérum des vérités intimes et du dévoilement sans retenue, est elle si éloigné des réseaux "sociaux" ?
Sur ce point, l'auteur commet la même erreur d'anticipation que George Orwell : croire que la puissance supérieure aurait besoin de contraindre les gens à dévoiler leur intimité, à se mettre à nu. Ce qui n'est pas le cas, à l'heure ou plusieurs milliards "d'individus" offrent bien volontiers et volontairement leur vie et leurs pensées les plus intimes, chaque jour, à nos amis FB, Igram, G, etc... Donc au vu et au su de la Toute Grande Toile Mondiale.
L'oeil et l'oreille sont bien là, sauf que c'est nous qui les installons dans notre salon, et... dans notre chambre.

Je trouve que ce n'est pas assez dit, mais un autre sujet universel et intemporel occupe une place importante dans le roman de Karin Boye, avec une belle finesse et profondeur psychologique, c'est l'amour et les relations (complexes !) homme / femme. Et cette idée, dostoievskienne : quoi d'autre pour sauver l'homme, même si l'idylle confrontée à la réalité est tellement imparfaite ?

"On a beau considérer l'amour comme une conception romanesque et démodée, je crains bien qu'il ne contienne, dès le début, un élément d'angoisse indescriptible. A chaque pas que font pour se rapprocher un homme et une femme attirés l'un vers l'autre, ils sacrifient quelque chose d'eux-mêmes ; espérant des victoires, ils subissent une série de défaites."
Karin Boye

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