Au fond, j'ai un faible pour les dingues. Les barjots, les cinglés, les mal-cuits, les cinoques, les névrosés, les psychotiques, les fous. C'est peut-être comme ça qu'on devient un bon psy. Ou bien le contraire.
Au début, j'observais mes patients à distance confortable, sans m'investir, comme on dit. J'étais une psy très comme il faut, à part ce vide dans ma poitrine. Aujourd'hui les choses ont un peu évolué. Je travaille sans filet. Quelque part sur l'autoroute du nord, alors que mes yeux scrutent anxieusement les panneaux qui défilent dans la lumière des phares, je me demande ce qu'il est advenu de ce vide minuscule.