(…) un règlement par la violence ne fait que provoquer d'autres violences pour la contrer. Et rien n'est jamais réglé définitivement jusqu'à ce que ce soit bien réglé.
La vraie philosophie, c'est de faire aux autres ce qu'on voudrait qu'on nous fasse à nous-mêmes.
- Tu paierais un tel prix pour mon corps, même donné à contrecœur ?
- Donné avec ou sans plaisir ne fait aucune différence pour un homme, beauté.
Je m'exhorte : le pire que puisse me faire le rétiaire, c'est de me tuer ; la lâcheté dans l'arène est récompensée par la torture.
(…) même entre hommes et femmes, l'amitié est meilleure que le sexe.
- Certains hommes ne veulent pas entraîner les femmes.
- Pourquoi ?
- Pour la même raison que la plupart des maîtres ne prennent pas le risque d'apprendre à lire et à écrire aux esclaves ; trop d'hommes savent que leurs femmes ont tant de raisons de les haïr que, si elles savaient se battre ou tuer, elles tourneraient leur nouvelle science contre leurs maîtres.
(…) je ressens une grande pitié pour ma maîtresse, sachant qu'en un sens, elle est à ma merci ; je suis l'esclave et elle est la maîtresse, mais c'est moi qui détiens tout le pouvoir. Et je ne le comprends ni ne le désire.
- En évitant un coup, me conseilla-t-elle, ne donne jamais, au grand jamais, l'impression d'avoir peur ; ces manœuvres te donnent l'apparence de chercher à plaire et amuser, au lieu d'esquiver un coup. Et si tu amuses toujours la foule, tu peux tromper la mort beaucoup plus longtemps.
Je suis contente de ne pas être morte, c’est vrai, mais pas fière. Je ne m’enorgueillis pas d’un tel massacre. Je suis prête à déployer mon art devant un être intelligent décidé à me tuer ; mais, tout à l’heure, il s’agissait simplement de ne pas me faire piétiner jusqu’à ce que j’aie trouvé les points vulnérables de ce gros éléphant. Si j’avais eu à tuer cette créature pour nourrir ma famille affamée, je serais peut-être fière. Ou peut-être encore si j’avais dû la traquer et la chasser dans sa jungle natale. Mais là, je n’avais qu’à enfoncer mon épée et ma lance dans le corps de ce gros animal poussé dans un lieu inconnu, sans aucun endroit où se cacher. Non, il ne s’agissait pas de l’art du gladiateur ou du chasseur, mais celui de l’abattoir. Si j’avais voulu apprendre la boucherie, je serais devenue apprentie bouchère !
Ayant le statut de gladiatrice, des lois me protègent. Je ne peux pas être utilisée comme putain, ni être vendue comme telle. Je ne peux être tuée que dans l'arène; tuer un gladiateur entraîne des pénalités terribles, excepté dans l'arène et avec les armes autorisées. SI je n'avais pas été prête à mourir, je n'aurais jamais osé combattre l'homme qui m'a touché le premier jour; seul le hasard m'a poussé à saisir l'épée et à lui fendre le crâne. Parce que j'ai pris, instinctivement, l'épée, j'ai gagné le droit d'un essai dans l'arène. SI, par exemple, je lui avais fendu le crâne avec mes menottes, j'aurais été torturée, ou brûlée, ou livrée aux hommes jusqu'à ce que mort s'ensuive, puis mon corps aurait été jeté dans la pâtée des cochons pour qu'ils me dévorent.