AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Foxfire


Je ne m'interdis absolument pas la lecture d'oeuvres écrites par des auteurs considérés comme problématiques. Par exemple, j'aime Lovecraft. Son racisme ne m'empêche nullement de prendre plaisir à lire ses textes. Tout d'abord, parce si on recontextualise, son racisme est plutôt ordinaire pour l'époque et est partagé par la plupart des gens. Je n'irai pas lui reprocher de ne pas être une meilleure personne que le commun des mortels. Ensuite, le type avait un talent incroyable. Alors, même lorsque ses textes sont émaillés de propos limites, j'avoue que ça ne me pose pas de problème moral. J'en fais abstraction et je prends plaisir à savourer ses récits de maître de l'angoisse sans même chercher à les lire sous un prisme analytique et critique à la lumière de ses opinions. le cas de Marion Zimmer Bradley est un peu différent. La célèbre auteure a été accusée par sa propre fille de pédophilie à son encontre mais également à l'encontre d'autres jeunes filles. Même si ces accusations sont intervenues après la mort de l'auteure, qui n'a donc pas pu s'en défendre, on peut légitimement penser que ces accusations sont justifiées. En effet, indice fort, Zimmer Bradley a tout de même épousé un pédophile notoire et revendiqué (il a écrit des bouquins sur le sujet). Là où le cas Zimmer Bradley est un peu différent du cas Lovecraft, c'est que là où le racisme de Lovecraft était commun à l'époque, la pédophilie était déjà considérée comme un crime par le grand public à l'époque de Zimmer Bradley. La recontextualisation est donc rendue impossible. Mais comme je l'ai dit, je ne m'interdis jamais de lire des oeuvres d'auteurs problématiques. Alors, me voici à lire mon 1er livre de Zimmer Bradley. Ne sachant pas si j'adhèrerai au style de l'auteur, plutôt que de me lancer dans une de ses sagas au long cours, j'ai opté pour un petit one-shot, « la gladiatrice ». Je ressors de cette lecture avec des sentiments contradictoires.

Il faut reconnaitre que le récit est efficace. C'est très bien mené de bout en bout. Pas de temps mort, un rythme soutenu sans être frénétique, Marion Zimmer Bradley sait incontestablement raconter une histoire. J'ai été happée du début à la fin. En revanche, les personnages manquent un peu d'épaisseur et me sont apparus comme caractérisés de façon un peu grossière. Si ça n'empêche pas le plaisir de lecture, ça nuit à l'identification ou même simplement à l'implication du lecteur. J'avais envie de connaitre la suite, de savoir ce qui allait arriver aux personnages mais sans que cela ne me procure d'émotions.
Mais mon plus gros bémol ne vient pas de là mais bien de la personnalité problématique de l'auteure. Dans « la gladiatrice », Zimmer Bradley propose un propos très féministe. Tout à fait le genre de propos qui pourraient me séduire… venant de quelqu'un d'autre. Car, je n'ai pas pu m'empêcher, tout au long de ma lecture, de repenser aux accusations terribles dont elle est l'objet. Une personne ayant abusé de jeunes filles prônant un discours féministe émancipateur, cette contradiction n'a cessé de me venir à l'esprit. Son propos féministe m'apparaissait alors comme une posture hypocrite. A titre de comparaison, Lovecraft ne s'est jamais prétendu humaniste ou progressiste.

Alors que je rejette l'idée de censurer les auteurs idéologiquement contestables, j'avoue que j'ai été gênée dans ma lecture par le côté problématique de l'auteure. Sans doute que si l'oeuvre en elle-même m'avait plus emballée, j'aurais été moins dérangée. du coup, avant de me lancer dans une saga au long cours, je pense que j'essaierai d'abord d'autres one-shot de l'auteure, histoire de me faire une idée plus définitive.
Commenter  J’apprécie          2510



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}