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Critique de Calimero29


Ce roman autobiographique débute le 15 août 2020, avec l'annonce de la mort du père de l'auteure, Kaddour, et se termine le 20 août en Algérie où il est inhumé sans sa famille pour cause de frontières fermées en pleine crise de la COVID. Pendant ces six jours, où Rachida Brakni se retrouve au milieu de ses tantes, oncles, cousins, amis de ses parents, les souvenirs affluent, ceux sur son père et donc ceux sur son enfance.
Dans ce roman, Rachida s'adresse à son père, comme s'il était encore là. Elle lui dit tout son amour et sa fierté pour l'orphelin qu'il fut à 9 ans, à la rue en Algérie les sept années suivantes avant l'arrivée en France en 1955, à 18 ans. Il ne savait ni lire, ni écrire, est devenu chauffeur-livreur et a laissé sa santé dans ce métier épuisant. Rachida lui est infiniment reconnaissante de la fierté qu'il avait pour elle, de la liberté qu'il lui a laissée pour devenir actrice, de l'ouverture d'esprit dont il a fait preuve lorsque Rachida lui a présenté son compagnon non musulman.
On sent le terrible regret de Rachida de ne pas avoir échangé plus avec son père, de ne pas avoir essayé d'en savoir plus sur son passé et de parfois avoir eu honte de lui.
Ce roman est un hommage à tous ces hommes déracinés par l'exil qui n'étaient plus chez eux nulle part. Kaddour a tenu à transmettre à ses enfants, du moins les deux aînés, Rachida et Kader, à travers la langue arabe qui était parlée à la maison, ce qui faisait son identité . Il n'a jamais voulu prendre la nationalité française bien qu'il eût pu garder la nationalité algérienne. Son plus cher désir était de retourner en Algérie, et pas seulement pendant les vacances d'été mais définitivement; ce souhait ne se réalisera qu'à sa mort. Rachida s'était engagée à le réaliser même si cela lui arrachait le coeur de voir partir son père loin d'elle.
Je suis frappée de constater que depuis le début de l'année 2024, j'ai lu trois récits autobiographiques, ayant de nombreux points communs :
* Grand Seigneur de Nina Bouraoui
* Une enfance française de Farida Khelfa
* Kaddour de Rachida Brakni
Tous trois sont écrits par des femmes, ayant un père ou des parents algériens, qui ont ressenti le besoin d'écrire à la mort du père pour Nina Bouraoui et Rachida Brakni ou de la mère pour Farida Khelfa. Toutes trois évoquent le déracinement de l'exil, le rejet par la société française mais aussi par la société algérienne, même si les conditions et les conséquences sont différentes pour chacune d'entre elles. Toutes trois sont des femmes de talent, reconnues dans leur domaine, qui savent le poids des mots et les émotions qu'ils véhiculent, qui ont su me toucher par leur histoire et celle de leurs parents.
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