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Critique de Chrisland


Une fois tous les deux ou trois ans - maximum ! - je croise le chemin d'un livre consacré à l'histoire récente d'une qualité exceptionnelle. Eh bien, pour cette année, j'ai trouvé !

L'essai d'Eric Branca est vraiment un livre remarquable, absolument bourré d'informations étonnantes dont je n'avais pas connaissance. Pourtant, je possède une bonne maîtrise générale des relations entre les Etats-Unis et la France durant la période 1940/1970, mais là... chapeau. Quel travail d'historien formidable ! Il suffit de parcourir les quelques 70 pages de notes, de bibliographie et d'index qui clôturent le livre pour s'en convaincre.

Les 150 premières pages, consacrées à la seconde guerre mondiale, restituent avec précision les relations plus que tendues entre Roosevelt et De Gaulle. de manière incompréhensible, le grand président américain haïssait littéralement De Gaulle, ce que confirment les mémoires de guerre respectives de Winston Churchill et de Charles de Gaulle, dont je parle par ailleurs sur ce site.

Il aura fallu à tout l'entourage de Roosevelt une persévérance incroyable, jusqu'à sa mort, juste avant la fin de la guerre, pour le persuader des qualités du leader de la France libre.

Le deuxième tiers de l'essai livre des informations surprenantes (ahurissantes devrais-je dire !) sur la manière dont l'administration américaine a aidé, supporté l'O.A.S. durant la guerre d'Algérie, au risque de "casser" la mécanique de désengagement progressif programmée par De Gaulle.

On (re)découvre aussi dans ces pages la doctrine américaine - non déclarée ! - d'après-guerre, consistant à jouer sur les divisions des grands pays européens pour empêcher la formation d'une "vraie" Europe.

Les Etats-Unis utiliseront tous les moyens pour "soudoyer" certaines figures politiques françaises majeures de l'après-guerre (Pinay, Jean Monet, entre autres) afin qu'ils poussent à la promotion d'une France atlantiste, dépendante financièrement, politiquement et militairement des Etats-Unis.

Au cours du troisième tiers, Eric Branca raconte notamment - une vraie révélation ! - comment un rapprochement entre Nixon et De Gaulle s'est effectué avec le temps, nourri par un immense respect mutuel.

On découvre aussi l'admiration sans borne que portait Henry Kissinger (8 ans à la tête des affaires étrangères des Etats-Unis et prix Nobel de la paix, mort récemment à l'âge de 100 ans) à Charles de Gaulle, qu'il considérait comme la plus grande intelligence politique analytique du XX° siècle !

Le seul point sur lequel on peut émettre quelques réserves, dans cet ouvrage exceptionnel, c'est lorsque Branca parle de "l'après De Gaulle", avec une analyse anti atlantiste très extrême de la politique française extérieure de ces cinquante dernières années.

A ses yeux, aucun président français, de Giscard d'Estaing jusqu'à Hollande, ne mérite le moindre éloge dans leur manière de mener le pays sur la scène internationale.

Les deux dernières années qui viennent de s'écouler montrent à quel point, l'illusion d'une France totalement indépendante, à distance des deux grandes puissances russes et américaines, est non seulement une illusion, mais une erreur fondamentale. le monde a bien évolué depuis la mort du Général...

Un livre référence indispensable, dans ma bibliothèque historique idéale.
Lien : https://www.letournepage.com..
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