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Citations sur L'ami américain (7)

C'est aussi qu'en cette année 1950 les Européens, plan Marshall oblige, n'ont pas grand-chose à refuser à leurs bienfaiteurs d'outre-Atlantique. Dussent-ils, pour les satisfaire, s'autodessaisir de leur identité culturelle.
Ce dernier aspect a constitué, au même titre que le renvoi des ministres communistes du gouvernement Félix Gouin (5 mai 1947), le prologue du plan Marshall, avec les contreparties exorbitantes exigées de la France pour obtenir l'effacement d'une partie de ses dettes d'avant-guerre, un prêt de 650 millions de dollars et l'aide d'urgence de 300 millions qu'elle réclamait dans le cadre des accords Blum-Byrnes de mai 1946. Signés par Léon Blum, mais négociés par Jean Monnet, ces accords ont notamment imposé à la France de projeter sur les écrans une majorité de films américains. A savoir 4 productions françaises pour 9 américaines importées sans droits de douane ! On comprend que ces « screen quotas » aient rendu furieuses les professions du cinéma, jetant un grand nombre d'artistes dans les bras de ce même parti communiste que les États-Unis prétendaient combattre.
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Ce projet porte un nom : l'AMGOT, pour « Allied Military Government of Occupied Territories ». Vous avez bien lu : « territoires occupés ». Ce qui signifie que, dans l'esprit de Roosevelt, il n'y a pas lieu de traiter la France autrement que comme l'Allemagne ou l'Italie quand celles-ci, vaincues, verront arriver l'armée américaine sur leur sol.
Dès Juillet 1942, celle-ci s'est dotée de deux centres de formation à l'administration civile, l'un à New York, au sein de l'université Columbia, l'autre à Charlottesville, en Virginie. Et, à partir de juillet 1943, les Siciliens ont été les premiers à expérimenter le système quand l'AMGOT s'est installé à Palerme, avant d'étendre ses pouvoirs à la péninsule italienne à mesure de l'avancée vers le nord des troupes américaines. Ce « gouvernement militaire allié » doté de six « départements » (lois, police, finances, santé, ravitaillement, « gérance de la propriété privée ») ne s'est pas contenté d'administrer le quotidien : il a démis les maires en exercice et les a remplacés par de nouveaux, chargés de relayer ses instructions. La mafia ayant notoirement aidé l'armée américaine à débarquer en Sicile, on imagine le profil des nouveaux édiles municipaux.
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Contrairement à Roosevelt qui entendait profiter de l'effacement momentané de la France pour empêcher sa renaissance en tant que grande puissance et assimilait toute tentative de sa part pour retrouver son rang à une offense envers les Etats-Unis, Nixon et Kissinger comprennent qu'une France libre dans ses mouvements est le meilleur allié possible de Etats-Unis en Europe...Bref, ils assignent enfin au mot "amitié"---pour autant que celui-ci ait un sens dans l'ordre de la politique internationale--- une acception compatible avec le sens commun . Celles de relations d'où la sujétion est absente .
Ainsi donnent-ils raison à de Gaulle, qui, le janvier 1963, déclarait à Alain Peyrefitte :" Les Américains ont toujours la tentation de s'appuyer sur ce qui est mou plutôt que de s 'appuyer sur ce qui est ferme . Dans tous les pays sous-développés, ils ont la tentation de s'apppuyer sur les planches pourries qui leur sont favorables---et d'autant plus favorables que ce sont eux qui les ont pourries---, plutôt que de s'appuyer sur des régimes durs, issus d'une véritable volonté populaire ; car ces régimes-là, ils les craignent . Pendant la guerre, ils s'appuyaient sur Pétain, ou sur Darlan, ou sur Giraud, contre de Gaulle qui incarnait la volonté de la nation . [... Les Américains ne pourront jamais s'empêcher de favoriser au maximum la carrière d'un Jean Monnet, car ils reconnaissent en lui leur homme , et de s'opposer à de Gaulle, car ils sentent en lui un homme qui leur résiste . Pourtant, ils devraient comprendre que le meilleur allié des Etats-Unis, ce n'est pas celui qui s'aplatit devant eux, c'est celui qui sait leur dire non ."

page 280, chapitre 11, la symphonie inachevée .
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Antoine Pinay passé à l'arrière-plan des écrans radar américains, c'est peu dire que la Maison-Blanche a l'embarras du choix pour lui trouver un successeur selon son cœur : François Mitterand, Georges Pompidou, ou même Alain Poher quand, en 1969, celui-ci fait jeu égal dans les sondages avec l'ancien Premier ministre du général de Gaulle...
Mais, en cette seconde moitié des années 1960, la priorité du Département d'Etat n'est plus seulement de favoriser l'accession au pouvoir d'un président français plus accommodant. Elle est d'influer directement sur la formation de nos élites politiques en les acculturant au modèle américain afin de leur faire partager, le plus naturellement du monde, sa hiérarchie de valeurs et, par voie de conséquence, ses priorités stratégiques mondiales. Ce travail à long terme qui, un demi-siècle plus tard, a encore pris de l'ampleur via notamment des fondations comme les Young Leaders, un homme l'a initié depuis l'ambassade américaine : William A. Weingarten.
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Témoin lui aussi de ces journées tragiques qui décidèrent de son envol définitif pour Londres, de Gaulle résumera : " A partir du jour où le gouvernement avait quitté Paris, l'exercice du pouvoir n'était plus qu'une sorte d'agonie, déroulée le long des routes dans la dislocation des services et des consciences...Pour ressaisir les rênes,il eût fallu s'arracher au tourbillon, passer en Afrique, tout reprendre à partir de là . Monsieur Paul Reynaud le voyait . Mais cela impliquait des mesures extrêmes : changer le haut commandement, renvoyer le Maréchal et la moitié des ministres, briser avec certaines influences, se résigner à l'occupation totale de la métropole, bref, dans une situation sans précédent, sortir à tous risques du cadre et du processus ordinaires .M. Paul Reynaud ne crut pas devoir prendre sur lui des décisions aussi exorbitantes de la normale et du calcul [...] En définitive, cet anéantissement de l'Etat était au fond du drame national . A la lueur de la foudre, le régime apparaissait, dans son affreuse infirmité, sans nulle mesure, et sans nul rapport avec la défense, l'honneur, l'indépendance de la France ."
Quand, en septembre 1944, de Gaulle,devenu président du gouvernement provisoire d'une République qu'il avait dû, disait-il, "ramasser dans la boue" recevra la visite de l'ancien président Albert Lebrun, resté désespérément inerte à l'heure du plus grand danger, il ne prendra même pas la peine de lui en faire le reproche, tant il savait l'homme inadéquat à l'action . Mais il écrira dans ses MEMOIRES DE GUERRE : "Au fond, comme chef de l'Etat,deux choses lui avaient manqué: qu'il fût un chef, qu'il y eût un Etat ."
De ce collapsus intégral, l'historien américain William Langer, qui, pendant la guerre, fit partie de la branche Recherche et analyse del'OSS (devenu en 1947 la CIA ), tirera la même conclusion :" L'histoire moderne n'a enregistré que peu d'évènements aussi catastrophiques que la défaite de la République française en juin 1940 . Depuis la campagne éclair de Napoléon contre la Prusse en 1806, aucune grande puissance militaire n'avait été frappée aussi brutalement et aussi inexorablement par le destin ."
Aux yeux de de Gaulle comme à ceux des Américains, la France a bel et bien "roulé du haut de l'Histoire, jusqu'au fond de l'abîme .", la différence est que le premier va mettre toute son énergie à lui faire remonter la pente, tandis que les seconds n'en verront pas, c'est le moins qu'on puisse dire, la nécessité .
in Prologue, pages 28 et 29
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Sans l’audace de De Gaulle, sans l’héroïsme de Leclerc et de De Lattre, sans le fair-play d’Eisenhower, la France aurait-elle reçu, le 7 mai à Reims et le 8 à Berlin, la capitulation allemande ? Cette présence sur laquelle nul n’aurait parié quelques mois plus tôt, aura une première conséquence majeure : le 24 octobre 1945, notre pays intégrera le nouveau Conseil de sécurité de l’ONU, qualité réservée… aux cinq vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale !
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Dussent-ils, pour les satisfaire, s'auto dessaisir de leur identité culturelle...
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