Hanouna

D'autre part, il suffit de renvoyer les détracteurs de M. Hanouna à l'état de décrépitude de l'espace politique français, et son incapacité à recréer des espaces de discussion et d'élaboration qui intéressent la citoyenneté et au fait que tout un président, depuis des années, entre grands débats et conseils nationaux de la refondation, patauge dans son incapacité à produire, sinon de la pensée, du moins de la discussion et de la délibération, pour estimer le tour de passe-passe réussi par le présentateur.

La position est plus confortable encore pour la bourgeoisie de gauche que pour celle de droite, elle permet de juger M. Hanouna en s'en distinguant, en le considérant comme un ennemi à abattre et ce faisant, de se rehausser moralement en le regardant à double titre : à la fois sur sa capacité à s'en distinguer, et sur la position morale respective que l'un et l'autre sont censés occuper. A quoi bon s'interroger sur les causes de son échec à soi, celui d'un discours méritocratique parfaitement illusoire et instrumental, lorsque l'on peut se contenter de dénoncer celui qui se contente d'en incarner l'échec, et de l'en rendre responsable.

Si l'on prend un peu de champ, on comprend l'équation à laquelle M. Hanouna est confronté, entre deux feux. Immergé au milieu du pouvoir dont il est l'un des valets, il doit faire face à la bourgeoisie de droite, qui voit son émision comme un symptôme : celui de la décadence de la société. Comme un révélateur: celui de la médiocrité des classes populaires. Comme une évidence : celle de sa supériorité.
La bourgeoisie de gauche le voit quant à elle comme un vecteur. Une raison de la distraction des classes populaires [...]

L'avocat est en effet, au regard des systèmes de pouvoir dans lesquels nous sommes enferrés, censé être celui qui incarne la médiation entre l'ordre et la transgression de l'ordre. Dans une République bourgeoise, c'est celui qui va contribuer au rétablissement de la communication, I'échange entre l'autorité et celui qui a violé I'autorité, condition de l'effectivité de peine et d'un édifice judiciaire qui a pour fonction de refaire société sur l'acte qui est censé l'avoir scindée.