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Critique de Xav93140
Amère déception.
Un "road trip de 3141 km" sur la frontière américano-mexicaine pour "confronter les fantasmes à la réalité", l'idée m'avait séduit.
Ce fil rouge semble n'avoir été qu'un prétexte pour une longue virée de deux potes, accompagnant une équipe de France 24.
L'ensemble est rapidement ennuyeux car superficiel, inabouti, décousu, souvent racoleur, calibré comme pour un reportage télé W9 et leurs fameux "pénétrez avec nous dans le quotidien de" la BAC / pompiers / SAMU... Ici c'est l'incontournable séquence sur la dureté des bizutages pour entrer dans la Border Patrol, ces garde-frontières américains pourchassant les migrants. Bof...
Alors qu'ils annoncent un voyage en forme de sinusoïde de part et d'autre de la frontière USA-Mexique, les auteurs restent bien plus du côté américain et ne s'intéressent presque pas à la situation mexicaine. Ce flagrant manque d'équité est perceptible dès le début et se poursuivra sur ces 272 pages. Les villes mexicaines jumelles ne sont même pas citées (Tijuana, page 104, par exemple).
Globalement, on reste sur sa faim. Pas un mot sur le récent basculement du Mexique à gauche en 2018. La transition des présidents Nieto à AMLO n'est évoquée qu'à la page 219, sans aucun approfondissement. Pourtant le salaire minimal avait aussitôt été passé de 80 à 102 pesos par jour, plus forte augmentation depuis 25 ans. Et dans la nouvelle zone franche de la frontière nord, sujet de ce livre, le salaire minimum avait été doublé pour atteindre 8 euros. Par jour, hein ! Soit un euro par heure, 7 fois moins qu'aux USA. Les auteurs n'ont pas cru bon d'évoquer ce facteur 7, déséquilibre cardinal pour comprendre ces migrations.
Ces presque 300 pages transpirent aussi une désagréable fascination pour Trump et "ses talents de conteur" (page 257), des relents colonialistes, machistes (page 105 "les abus sexuels" des jeunes américains venant chaque week-end se saouler côté mexicain...).
J'aurais aimé en savoir bien plus sur les politiques pro mur de Clinton et d'Obama, sur l'ALENA et le rôle de cet accord commercial, dévastateur pour l'économie mexicaine.
Pour vraiment comprendre, préférez de loin lire et relire "Les veines ouvertes de l'Amérique latine" du regretté Eduardo Galeano, "un excelente trabajo" !
Je remercie sincèrement Babelio et l'éditeur Autrement pour ce livre, choisi dans la masse critique de février 2020.
Un "road trip de 3141 km" sur la frontière américano-mexicaine pour "confronter les fantasmes à la réalité", l'idée m'avait séduit.
Ce fil rouge semble n'avoir été qu'un prétexte pour une longue virée de deux potes, accompagnant une équipe de France 24.
L'ensemble est rapidement ennuyeux car superficiel, inabouti, décousu, souvent racoleur, calibré comme pour un reportage télé W9 et leurs fameux "pénétrez avec nous dans le quotidien de" la BAC / pompiers / SAMU... Ici c'est l'incontournable séquence sur la dureté des bizutages pour entrer dans la Border Patrol, ces garde-frontières américains pourchassant les migrants. Bof...
Alors qu'ils annoncent un voyage en forme de sinusoïde de part et d'autre de la frontière USA-Mexique, les auteurs restent bien plus du côté américain et ne s'intéressent presque pas à la situation mexicaine. Ce flagrant manque d'équité est perceptible dès le début et se poursuivra sur ces 272 pages. Les villes mexicaines jumelles ne sont même pas citées (Tijuana, page 104, par exemple).
Globalement, on reste sur sa faim. Pas un mot sur le récent basculement du Mexique à gauche en 2018. La transition des présidents Nieto à AMLO n'est évoquée qu'à la page 219, sans aucun approfondissement. Pourtant le salaire minimal avait aussitôt été passé de 80 à 102 pesos par jour, plus forte augmentation depuis 25 ans. Et dans la nouvelle zone franche de la frontière nord, sujet de ce livre, le salaire minimum avait été doublé pour atteindre 8 euros. Par jour, hein ! Soit un euro par heure, 7 fois moins qu'aux USA. Les auteurs n'ont pas cru bon d'évoquer ce facteur 7, déséquilibre cardinal pour comprendre ces migrations.
Ces presque 300 pages transpirent aussi une désagréable fascination pour Trump et "ses talents de conteur" (page 257), des relents colonialistes, machistes (page 105 "les abus sexuels" des jeunes américains venant chaque week-end se saouler côté mexicain...).
J'aurais aimé en savoir bien plus sur les politiques pro mur de Clinton et d'Obama, sur l'ALENA et le rôle de cet accord commercial, dévastateur pour l'économie mexicaine.
Pour vraiment comprendre, préférez de loin lire et relire "Les veines ouvertes de l'Amérique latine" du regretté Eduardo Galeano, "un excelente trabajo" !
Je remercie sincèrement Babelio et l'éditeur Autrement pour ce livre, choisi dans la masse critique de février 2020.
