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Critique de EvlyneLeraut


Haut les coeurs !
Écoutez voir Emmanuel Brault !
« Je suis né le jour où je me suis opposé au contremaître », répétait-il à l'envi ».
« Tous les hommes »
Un triptyque inouïe. Un socle qui dépasse tous les entendements. L'imaginaire au garde-à-vous, le double cornélien de notre civilisation. Ce roman macrocosme est la galaxie des fraternités.
Les gravités silencieuses et salutaires, les lucidités affranchies, vitales et salvatrices. D'ombre et de lumière, une mappemonde futuriste qui rayonne de symboles forts. Une transposition riche d'inventivités stylistiques si douées, qu'on pressent notre présent et ses alarmes, ses sursauts dans une symbiose de science-fiction à petites touches subtiles.
Trois protagonistes qu'on aime de toutes nos forces. Gouvernails d'une des plus belles histoires d'amour universel.
Vangélis, le maître, Astide son apprenti et narrateur, et Alfred un animal au vu de la loi, un centaure parabolique, la pièce maîtresse de ce récit bleu-nuit, dont l'intelligence aiguë est une gageure.
« Lorsqu'il se préparait le matin, il avait tous les attributs d'un être humain. Il se maquillait et n'omettait jamais de se parfumer ».
Alfred est intuitif, convaincu et éveillé. Il n'est pas libre. Mais chaque matin, acclame la liberté et entonne « tous les hommes naissent libres et égaux en droit ».
Il vit sur Ulysse 31, un vaisseau où il est mécano et sous les ordres de Vangélis le maître. On ressent les paraboles comme des étoiles. Les textes fondateurs sont lois. Astide entre eux deux est un néophyte. Il apprend ce langage et « les humains constituaient le fondement de notre formation. C'est à terre que vous aurez le plus à craindre ». Vangélis est subjugué par Alfred. On ressent une relation ambiguë, une attirance comme une effluve. Ce qui ne se nomme pas, mais se pressent. La volupté des connivences, un viatique.
« Alfred est devenu un astre ». La passion, ici, est une lumière tamisée. L'amour, une étoile filante qui ne s'échappe pas. Alfred vendu et soumis depuis l'enfance, acheté par Vangélis, le côté face de nos sociétés cannibales et dévoratrices de l'autre, l'étrange (er).
« Le centaure avait-il un statut d'être humain, un statut d'animal pensant, relativement autonome ou un statut de meuble…. C'est devenu notre affaire Dreyfus mettant au prise les partisans, les opposants, les indécis. La Fédération est menacée ».
Alfred veut s'émanciper. Devenir le symbole de la liberté. Contrer les diktats politiques. Remettre d'équerre l'égalité entre les centaures et les hommes. Devenir député sur la terre ferme malgré les dangers et la perte de ses amis chers : Vangélis et le jeune Astide. Malgré les douleurs infinies de ne plus les voir, surtout Vange le maître. Il va briser ses chaînes mentales. Et emmener avec lui, le secret des intimités avouées en silence avec Vangélis. Ils seront toujours là pour lui quoiqu'il arrive.
Entre les galaxies, des Ulysses, et Alfred le centaure fronton des républiques du coeur, il y a l'exemplarité de la constance qui est une des plus belles qualités humaines. La valeureuse amitié particulière. « Notre dame des fleurs de Jean Genet, souffla mon maître… La Fédération ne laissera pas faire. Alfred, en as-tu conscience ? Poursuivit-il d'une voix douce, presque peinée. Oui, j'imagine. J'irai jusqu'au bout de mes forces. Comment dites-vous ? Advienne que pourra ».
Ce roman qui rassemble l'épars, dévorant d'intégrité est une fusion entre le désir d'égalité, de justice et d'équité. le charme fou de ce récit construit à mille mille de toutes terres habitées, dans ce hors temps où pourtant règne notre vaste humanité. Sa dimension est la pierre angulaire d'un chef-d'oeuvre né dans le passage d'un récit qui façonne la noblesse et la droiture des vraies loyautés.
Politique, révolutionnaire, ivre d'amour, tant on ressent le charnel et sa sensualité, l'authenticité de la pureté. La constance des sentiments. Engagé, doux, pétri d'humanité, spéculatif, ce livre de salut est fascinant. C'est une révélation, une épopée intime et inter-galactique. Une satire à voix-basse qui engage le changement même de notre planète. le sacre de renom. Un livre qui rend libre et qui vous métamorphosera. Que dire de ces mains soudées en première de couverture, corde à noeuds, masculines et magnétiques, immensément expressives et fidèles. Elles symbolisent la déclaration universelle des droits de l'Homme et ce qui résistera toujours : le combat pour que chacun puisse être frère ou soeur en humanité. La solidité, la force, et l'altérité. Elles expriment à elles seules la grandeur de ce texte immense et cette chance éditoriale hors norme. Un livre d'amour inestimable. Merci Emmanuel Brault ! Publié par les majeures Éditions Mu.
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