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Citations sur Poèmes choisis (21)

I. JARDINS D'AGRÉMENT, PRUSSE
(1960-1989)


DERNIÈRE RÉSIDENCE SUR TERRE
(pour Pablo Neruda)

À son enclos de feuillage dans l'obscurité
Des pieuvres se cramponnent, dégringolant des tanks
Accroupies sur ses marches, suant de bêtise
Les blattes secrètes de l'ordre public
Aux câbles du téléphone, comme morve qui prolifère
Les oreillards de la milice, sous ses arbres
Les fusils pointés, attendent les cadavres
Immortels dans leur infamie, dans la peur hispanique :
Mais dans sa chambre encerclée le poète
Dit, plus sûrement que jamais, sa vie
En ses feux ultimes, la meurtrière vérité.

p.37
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Me domine un être singulier
Qui me réjouit et me gourmande
Impossible de m'en délivrer
Depuis l'enfance il me commande
Ma liberté, mon étroitesse
Sous le pesant harnais s'agitent
Et j'accomplis donc ma détresse
En subissant ma réussite.
(Démons)
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II. LE MASSACRE DES ILLUSIONS
(1990-2000)


LA POÉSIE

Elle danse sur les tombes, avec grâce
Avec sa mémoire sauvage.
AH ! NOUS NE POUVONS RIEN RETENIR. À mon appel
Se lèvent les crevés, les oubliés
Avec leurs couteaux, leurs exigences. Amour
Éteint, colère froide, temps gâchés. Qu'est-ce
Que penser : nous sommes mortels
En face du GRAND INUTILE. Elle ose le penser
Souterrainement, là où tout vit.
Comment est-ce possible ? Pour faire danser l'état de choses

p.124
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II. LE MASSACRE DES ILLUSIONS
(1990-2000)


EN BOHÈME ET EN MORAVIE

J'y logeais en poèmes et mots ravis
Des blindés m'en chassèrent sans préavis
Me voici au sec, dans le gris de l'offre
Serrant dans mes mains le blindage des coffres.

(1968/1992)

p.102
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I. JARDINS D'AGRÉMENT, PRUSSE
(1960-1989)


TIRÉ DU SOMMEIL DOGMATIQUE

Qu'as-tu fait de ta nuit ? – Je me suis exercé
À l'attente. – De quoi ? – La connais-tu aussi
Cette souffrance, aimer l'inconnue ? –
L'action inconnue ? – Comment ? – De quoi parles-tu ? –
Les veines de ma chair étaient près d'exploser.
Comme je suis las de traverser la place Saint-Marc. –
Tu rêves, n'est-ce pas, tu rêves avec conséquence. –
Et dans les rues souffle la transparence.

p.65
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THÉÂTRE DE VERDURE EN AUTOMNE


L'art est parti. La nature qui prend froid
Boucle la saison. Et tous les décors
Lui appartiennent, élimés de surcroît.
La brume entre en scène. Elle recourt encore
Aux vieux procédés du drame classique.
Vols de corneilles : des divas par douzaines.
Soleil fauve pour l'éclairage scénique.
Non qu'il rechigne aux ultimes travaux :
Le feuillage flamboie de toutes ses veines
Puis le premier givre réclame des bravos.
                            (Rheinsberg)

p.143
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ULTIMATUM À L'ÎLOT PERSIL


Quelques phrases dictées
À cet îlot sans défense... C'est quoi, ces traces ?
Du sel et des pieds indéfinis
Taillis, respiration impénétrable.
Falaises, ne relevant d'aucune puissance.
Et bancs de poissons tournant casaque.
Qu'y a-t-il à l'intérieur ? Déserts ? Mugissements
Traces de vie (les inspecteurs les trouveront).
Ces gestes nus et dissimulés, du pétrole en sommeil
Le désordre. Personne pour diriger la mer :
Saleté et entêtement, le séparatisme des sentiments.
Les patrouilles interceptent les bateaux qui coulent.
Que chuchote-t-on, un secret, YAKUZA, JACUZZI
Cela appelle des représailles.
Ces pensées, si mobiles, qui visent au plus simple
Un rivage à personne... Comment d'ailleurs
Peut-il rester là, étendu dans la mer remontée
Un blanc indépendant. Rends-toi, petite île
Laisse tomber tes réfugiés, tes chèvres chétives
Accepte l'ordre
Arrache ton persil
Et accueille les cavaliers blindés

p.131
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WALTER BENJAMIN DANS LES PYRÉNÉES


Extrait 4

À Port-Bou on ne passe pas. Mais nous les apatrides
Avons la dose mortelle
Voudriez-vous garder la sacoche — sur nous.


Sans doute pensa-t-il ne pas pouvoir faire une nouvelle
ascension. Au matin les douaniers ont trouvé le cadavre dans
mon texte. La construction suppose la destruction. La lourde
sacoche de cuir, échappée à la Gestapo, UNOS PAPELES MAS
DE CONTENIDO DESCONOCIDO, a été perdue. Trop rapide,
le trait final, monsieur, à votre vie. La vie, si je puis dire, porte
l'œuvre sur cette pente abrupte.
Dans chaque œuvre on trouve cet endroit où le vent frais nous
souffle au visage, comme l'aube qui vient.

p.62
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WALTER BENJAMIN DANS LES PYRÉNÉES


Extrait 3

Lutte, le moment critique :
Quand le statu quo risque de durer.
Squelette sous moi au-dessus de moi les vautours.
Plus courtes enjambées, pauses plus longues.
Ma patience me rend indépassable.
Hisser les voiles des concepts. Chère Madame,
Puis-je me servir ? Au sommet
Soudain comme prévu la violence

Du coup d'œil. Bleu profond des mers :
D'un seul coup j'en vois deux. Côtes de cinabre.
Sous les falaises, la liberté

...

p.62
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WALTER BENJAMIN DANS LES PYRÉNÉES


Extrait 2

Des champs où ne pousse que la folie.
Progressant, hache plantée en tête
Je n'ai rien à dire. À montrer seulement.
Dans le plus petit segment précisément découpé.
Sans regarder à gauche ou à droite vers
L'horreur

J'y arriverai en suivant la méthode.
La vigne ruisselle, dévale à la verticale
Pleine de grappes sombres sucrées presque mûres.
Le plus important, c'est la sacoche ! Le corps entre les ceps
Respiration difficile, le cœur


p.61
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